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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°42, 20 octobre 2008  >  Sri Lanka: il faut respecter les droits humains [Imprimer]

Sri Lanka: il faut respecter les droits humains

par Stewart Sloan, militant des droits de l’homme, Hongkong

hd. La situation des droits de l’homme au Sri Lanka s’est considérablement détériorée au cours des derniers mois, ce qui a suscité les critiques de l’ONU. C’est surtout la population tamoule qui en souffre. En effet, elle est constamment exposée aux menaces d’opérations de l’armée sri lankaise. Depuis que le gouvernement a chassé du pays les observateurs internationaux et les organisations humanitaires, rares sont les informations sur l’épouvantable situation des Tamouls qui parviennent à l’étranger. A l’abri de l’opinion mondiale qui s’est tue trop longtemps, on cherche à anéantir la résistance tamoule, au mépris du droit international et des conventions internationales. Selon diverses sources, il s’agit depuis longtemps d’un véritable génocide. Le gouvernement pousse la population tamoule à quitter les territoires tamouls et à se rendre dans les territoires contrôlés par le gouvernement mais ce qui les attend là-bas, c’est l’arbitraire, les mauvais traitements et dans bien des cas la torture.

Actuellement, le citoyen sri lankais ordinaire s’expose au risque d’être arrêté illégalement, maintenu en détention au-delà des 24 heures légales et d’être torturé brutalement afin d’avouer un ou des crimes dont il n’a pas connaissance.
Il existe une longue liste de cas que n’importe quel occidental considérerait comme peu probables, voire impossibles. Dans tous les pays civilisés, la police n’arrête un individu qu’après enquête. Il n’est ni torturé ni victime de pressions visant à obtenir de lui des aveux et il passe ensuite en jugement. S’il veut passer aux aveux, il le fait en présence d’un avocat. S’il est blessé au cours de l’arrestation, il reçoit des soins médicaux avant d’être interrogé.
Il en va tout autrement au Sri Lanka. La police arrête quelqu’un dans la rue, le roue souvent de coups puis l’emmène au commissariat et le torture jusqu’à ce qu’il passe aux aveux. Cela est-il possible dans un Etat civilisé? Au Sri Lanka, il s’agit d’une pratique quotidienne.
Récemment, un jeune homme a reçu de l’acide au visage. L’agresseur avait des liens avec la police locale et c’est la victime qui a été arrêtée et gardée à vue pendant plus d’une semaine sans recevoir de soins. Sous la pression d’associations de défense des droits de l’homme locales et internationales, la police a finalement accepté de le faire soigner mais il avait déjà perdu un œil.
Un autre cas est celui d’un homme qui a été arrêté en présence de sa famille, gardé à vue pendant 12 jours et torturé sous prétexte qu’il avait volé des objets en or. Durant son incarcération illégale, il a reçu la visite de deux avocats et de cinq membres de sa famille. Il est finalement passé en jugement sous l’accusation de détention d’une grande quantité d’héroïne, délit «non susceptible de caution» et passible de la peine de mort. La police avait commis une seule faute: l’acte d’accusation indiquait qu’il avait été arrêté en possession d’héroïne à un moment où il se trouvait déjà en détention, fait confirmé par les déclarations sous serment des cinq membres de sa famille. Cependant les plus hautes autorités policières du pays, c’est-à-dire l’Inspecteur général de la Police, la Commission nationale de police et même le Bureau du Procureur général n’ont rien fait pour enquêter et vérifier la validité des déclarations sous serment.
Récemment, cependant, la Police sri lankaise a montré un aspect remarquable de sa compétence. Un groupe de policiers de rang supérieur du commissariat de Ratnapura a arrêté deux policiers du commissariat d’Angunukolapelessa (district de Tangalle). Ces derniers ont été battus, emmenés au commissariat de Ratnapura et à nouveau battus. Ils ont été «traités» par un médecin militaire non agréé qui a déclaré dans son rapport qu’ils étaient ivres au moment de leur arrestation. La raison de leur mise en détention et des tortures infligées était qu’ils avaient eu la témérité de doubler un véhicule où avaient pris place des policiers de Ratnapurna.
Ces faits choquants, qui ne sont qu’un exemple de plus des brutalités commises par la police sri lankaise, ont pourtant un côté réjouissant: quand les policiers se tabassent entre eux, ils n’ont guère le temps de brutaliser des innocents. Que les policiers de Tangalle n’aient commis aucun délit n’est pas la question ici. Quand ils reprendront leur service – pour autant qu’ils le fassent – ils y réfléchiront à deux fois avant de brutaliser des citoyens innocents.     •

Source: Asia Sentinel du 28/9/2008 www.asiasentinel.com/index.php?option=com_content&task=view&id=1456&Itemid=31
(Traduction Horizons et débats)