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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°52, 17 décembre 2012  >  Livres à lire ou à offrir [Imprimer]

Livres à lire ou à offrir

Les journaux, la radio, la télé et Internet: même si chacun de nous utilise au moins l’un ou l’autre de ces médias régulièrement – rien au monde ne remplace la lecture d’un bon livre. Un bon livre m’ouvre un nouvel aspect vis-à-vis du monde, me transmet une vision compréhensible d’un sujet, explique, justifie, me laisse du temps à relire une réflexion, une description, d’y revenir, il active ma propre pensée, me fait réfléchir moi-même, me défie de m’embarquer dans une discussion avec l’auteur, d’affirmer, de contredire, de mener une réflexion plus approfondie. Aucun autre média n’offre à l’auteur la possibilité de mettre son «vis-à-vis» au courant de ses expériences, pensées, analyses et idées de façon aussi étendue qu’un livre. En plus, le livre représente un moyen efficace contre les effets décrits par Manfred Spitzer dans son analyse d’une consommation prématurée et excessive des médias électroniques suite à laquelle nous effaçons notre cerveau chaque fois que l’on clique sur la souris, un phénomène que Spitzer qualifie de «démence digitalisée». Donc contre le phénomène que malgré une consommation médiatique intensive, la propre pensée, la réflexion, la structure du savoir et de la raison, la compréhension de la relation intérieure des différentes connaissances font défaut, que l’on peut discuter sur tout en ne comprenant rien véritablement. Car la compréhension présuppose une vraie réflexion et la volonté de se plonger dans un sujet.
Les livres présentés ci-dessous méritent un tel approfondissement: les auteurs sont tous des personnalités qui ont traité de manière approfondie et engagée un sujet spécifique. Ils nous présentent leurs expériences et leur importance pour notre vivre-ensemble sur ce globe de façon particulièrement objective et qui – chacun dans son domaine individuel – encouragent des solutions constructives dans le sens de la démocratie et du droit, en cherchant une vie commune en liberté et dignité pour chacun. Bref: suggestion, lecture et plaisir que l’on aimerait accorder aussi aux autres et leur offrir avec plaisir.

Erika Vögeli

«Le défi asiatique»

par Kishore Mahbubani

ISBN 978-2-213-63752-5

L’auteur fait le point sur l’ascension économique vertigineuse des pays de l’Asie. Ayant intégré les pratiques de l’Occident (économie de marché, méritocratie, Etat de droit, développement de l’éducation, etc.), l’Asie n’a selon l’auteur aucune intention de dominer l’Occident, mais il met en garde: l’Occident doit renoncer à sa domination notamment sur les institutions internationales.

 Après trois siècles de domination occidentale, où Londres, Paris, Berlin et Washington ont décidé du sort de la planète, les 5,6 milliards d’individus qui ne vivent pas à l’Ouest aujourd’hui ont cessé d’être des objets de l’histoire mondiale pour en devenir des sujets. Le rêve occidental est enfin à leur portée, la marche asiatique vers la modernité a commencé.
Or, plutôt que de se réjouir de cette démocratisation de l’esprit humain, les pays de l’Ouest craignent de perdre leur sacro-saint pouvoir.
Ainsi, l’objectif premier de cet ouvrage est d’expliquer le monde à travers le regard des non-Occidentaux, afin que les 12% d’individus vivant en Occident comprennent enfin comment les autres 88% conçoivent le monde. Enfin observateur des relations entre l’Asie et l’Occident, Kishore Mahbubani appelle l’Occident à prendre conscience des nouvelles réalités qui émergent dans ce «nouvel hémisphère asiatique». Ce livre nous incite à regarder l’Asie autrement, et par un étonnant phénomène de retour sur soi, à se questionner sur nous-mêmes, sur les mentalités occidentales et la menace, réelle ou fantasmée, d’un «basculement du pouvoir mondial vers l’Est».

«Avec courage contre le harcèlement moral au jardin d’enfants et à l’école»

par Françoise D. Alsaker

ISBN 978-3-456-84913-3
De nos jours, le harcèlement moral est un problème qui entrave lourdement le bien-être de beaucoup de gens et ébranle les bases d’une vie en commun digne dans une société démocratique. Cela nous fait réfléchir sur le fait que déjà chez des enfants, dans les jardins d’enfants et à l’école, les processus du harcèlement moral entravent – souvent de façon inaperçue – la vie en commun et le mûrissement psychique de tous les participants. Un tel développement endommage la substance même de la vie démocratique et ouvre la voie aux actions contre la communauté aussi à l’âge adulte.
Françoise D. Alsaker, qui fait partie des pionniers de la recherche sur le harcèlement moral, apporte avec son livre une contribution importante pour arrêter ce développement. Dans ce livre, la recherche et la pratique se rejoignent, comme l’auteur l’écrit dans sa préface. L’auteur réussit de manière convaincante à renforcer les possibilités d’agir des enseignants et à montrer, comme elle l’appelle, que «le comportement vis-à-vis du harcèlement moral ne relève pas de la magie mais qu’il faut peut-être une petite portion de courage pour, par exemple, réfléchir à ses idées et pour changer ses façons d’agir et discuter ensemble des thèmes désagréables». (p. 12)
Dans ce livre, le lecteur reçoit beaucoup d’idées pour sa propre activité en famille, à l’école ou dans les associations de loisirs. C’est un livre modèle et une lecture obligatoire pour tous ceux qui ont à faire avec des enfants, des adolescents et des êtres humains en général. Il est indispensable que ce livre fondamental soit traduit en français et en d’autres langues.

«L’Europe dans la fièvre du pétrole. Les conséquences d'une dangereuse dépendance»

par Daniele Ganser

ISBN 978-3-280-05474-1

Le spécialiste du «Peak Oil» et chercheur dans le domaine de la paix donne une première vue d’ensemble de la dépendance du pétrole de l’Europe. Il décrit le début de l’industrie pétrolière, la croissance économique activée par l’énergie bon marché, les crises pétrolières des années 70, les dessous de la lutte permanente et sanglante pour le pétrole et ses liens avec les récentes guerres en Irak et en Libye. Son analyse sur la dépendance de notre époque face au pétrole transmet aussi au lecteur expert en géopolitique encore une fois de nouveaux aperçus informatifs sur l’histoire du XXe siècle – aperçus présentés au lecteur avec des sources détaillées et dans un langage facile à lire.
Comme un fil conducteur, le livre présente aussi une histoire de la Suisse du XXe siècle spécialement recherchée et ceci pas seulement concernant la question des ressources. Les documents dépouillés par Ganser sur l’approvisionnement du pays pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, les protocoles parlementaires sur les diverses crises énergétiques et guerres au sujet du pétrole des années 90 et de la première décennie du XXIe siècle mettent une chose en évidence: comme pays sans accès à la mer et pauvre en matières premières, la Suisse était et est toujours dépendante de son habileté diplomatique dans les relations avec ses pays voisins. Sans l’importation de charbon pendant la Première et Seconde Guerre mondiale, sans l’importation de pétrole à partir des années 60, aujourd’hui sans l’importation de gaz, les salons en Suisse seraient restés froids, rien n’aurait plus fonctionné aussi au niveau de l’industrie. Sans mentionner d’un mot le rapport Bergier, Ganser met en évidence que la Suisse n’avait pas d’autre choix que de négocier, aussi bien avec les Alliés pendant la Première Guerre mondiale (qui ont honteusement exploité leur pouvoir pour retirer la souveraineté économique à la Suisse) qu’avec les Etats-Unis et les Anglais d’un côté et les Allemands de l’autre, pour ne pas devoir capituler pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans son passionnant ouvrage, Ganser présente aussi des perspectives pleines d’espoir sur la manière dont on pourrait mettre fin aux funestes guerres pour les ressources: abandon des sources d’énergie fossile, développement des énergies renouvelables, jusqu’à atteindre un tournant énergétique, où les hommes s’approvisionnent eux-mêmes en renonçant aux guerres lors d’activités transfrontalières et où ils font ce qui, en fait, leur est propre: rechercher la discussion et le commerce, en paix et en amitié.
Un livre, qui, en ces temps méditatifs de fin d’année peut être pris en main avec grand profit. Espérons qu’il sera rapidement traduit en français et en d’autres langues.
Daniele Ganser est historien spécialisé dans l’histoire contemporaine et les relations internationales depuis 1945. Il est aussi auteur de l’ouvrage «Les armées secrètes de l’OTAN», paru en français en 2011.

«Qui est Henry Dunant? Deux enfants découvrent l’histoire d’Henry Dunant et de la Croix-Rouge»

par Lisette Bors

ISBN 978-3-909234-09-7
Le livre d’images instructifs raconte de manière adaptée aux enfants comment, partant de l’idée d’un seul homme, l’organisation humanitaire de la Croix-Rouge, unique en son genre et opérant à l’échelle mondiale, a pu se développer. Le livre se prête particulièrement bien à la lecture à haute voix et incite à des discussions en famille, à l’école enfantine, à l’école et dans des groupes de jeunes.
Les informations historiques ont été examinées soigneusement avec des experts de la Croix-Rouge suisse, du CICR et de la Société Henry Dunant – il s’agit d’informations bien lisibles et d’un grand intérêt aussi pour les lecteurs adultes.
Le livre est également disponible en langue allemande, italienne, espagnole et anglaise.

«Bergers et transhumances»

par Anne-Marie Brisebarre

ISBN 978-2-84494-628-7

Chaque année, depuis des millénaires, des éleveurs partent de nombreuses régions de France avec leurs troupeaux vers des pâturages plus gras. Fuyant la chaleur et la sécheresse de l’été, ou le froid et la neige de l’hiver, ils empruntent encore des chemins ancestraux tracés bien avant notre ère.
Malgré la modernisation de l’élevage, la transhumance repose encore sur l’expérience des anciens, elle est régie par des coutumes, des rituels et des décorations d’animaux dont cloches ou sonnailles rythment la marche. Partout, ces déplacements sont des moments de liesse que partagent aujourd’hui touristes et éleveurs dans les fêtes de villages et sur les drailles de la montagne.
Sur les pâturages d’altitude, où leurs ancêtres se battaient contre les fauves, les éleveurs d’aujourd’hui doivent faire face à de nouveaux ennemis, aux loups, lynx et ours réintroduits et protégés, mais aussi aux chiens errants. Près des parcs, on revoit ces énormes «patous», les chiens de garde qui avaient disparu des estives depuis des décennies.
Un magnifique livre sur les transhumances de moutons, de vaches, de chèvres, de chevaux ou d’abeilles.