La politique est la première responsable de la crise financièreLe ministre allemand des Finances Steinbrück est depuis longtemps la cible de critiquespar Karl MüllerLa Hypo Real Estate (HRE) est une banque d’investissements (immobilier et financements de l’Etat) qui a plongé dans la spéculation en milliards et se retrouve maintenant, selon un rapport récent, avec des papiers sans valeur d’un montant de 235 milliards d’euros portés dans son bilan officiel, soit 60% de ce dernier. Pour l’instant, cette banque a obtenu des garanties de l’Etat dont les montants atteignent des dizaines de milliards, pris naturellement dans l’argent du contribuable. Le SPD reporte les travaux de la commission d’enquête concernant Hypo Real EstateLe comportement du SPD va à l’encontre de la loi sur les commissions d’enquête («Lorsque la demande de mise en place est fournie par un quart des membres, le Parlement a le devoir d’en décider immédiatement cette mise en place.»). Les membres du FDP ne se sont pas fait faute de dénoncer cette tactique de retardement. Que savaient le gouvernement et Peer Steinbrück?En fait: la commission d’enquête doit établir, entre autre, «dans quelle mesure et depuis quand le Gouvernement, et notamment le ministre des Finances Steinbrück, était au courant des problèmes de liquidité de la HRE, mais aussi depuis quand et à quel point le ministère des Finances avait été informé par l’Office fédéral de contrôle des finances (BaFin) quant au nécessaire refinancement de la HRE ou de ses filiales, ce qui avait été constaté par le BaFin dans la mesure où il avait procédé lui-même à des contrôles ou qu’ils avaient été menés par la Banque nationale. […] Mais aussi, depuis quand le Gouvernement, et notamment le ministère des Finances, était au courant que les exigences, venues de la séparation de la HRE [de la banque HypoVereinsbank ], […] étaient prescrites depuis le 28/9/08.» Les faits ne devaient être révélés qu’après les élections nationalesLe ministre des Finances Peer Steinbrück prétend toutefois n’avoir été mis au courant que le 22 septembre 2008, concernant les difficultés financières de la HRE. Il est intéressant de savoir que le 25 septembre 2008 Steinbrück avait pointé du doigt les politiciens socialistes estimant que: «la crise du marché financier est essentiellement un problème américain.» C’était quelques jours avant les élections en Bavière, moment où la vérité concernant la politique du parti socialiste et de son ministre des Finances ne devait jouer aucun rôle. Tactique d’occultation et autosatisfaction gênanteEn fait, en lisant la réponse du ministère des Finances à la question du groupe parlementaire FDP, on se heurte à une autosatisfaction gênante («Avec les mesures de soutien, le système financier allemand a été stabilisé.»). A part ça, rien de concret. Décisions erronées, négligences, échappatoires – Steinbrück fait payer cher les contribuablesOn ne peut guère prétendre que les partis d’opposition se trompent. Il faut se rappeler que ce même Steinbrück avait été l’objet de forts reproches au sujet de la surveillance de la Westdeutsche Landesbank et de la Deutsche Industriebank IKB, cette dernière étant en fait une banque pour fournir des crédits aux classes moyennes. Dans ces deux cas, les contribuables durent et doivent encore débourser des milliards du fait de décisions erronées. Deux citations vont soutenir cette thèse. En novembre 2007 déjà, Steinbrück avait annoncé que le sauvetage de l’IKB ne coûterait rien aux contribuables («Handelsblatt» du 29/11/07). Un mensonge effronté. Le 21 février 2008, le professeur d’économie de gestion d’entreprise, mais aussi d’économie bancaire et de crédit de l’Université de Würzburg, Ekkehard Wenger, avait reproché, lors d’une interview à la radio N24, au ministre des Finances, concernant l’IKB, une fausse ingénuité et avait exigé sa démission immédiate en tant que membre du conseil d’administration de la banque d’Etat Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW), le principal actionnaire de l’IKB. A son avis, Steinbrück aurait eu une responsabilité déterminante dans les désastreuses spéculations de l’IKB. De son côté, le chef du groupe parlementaire «Die Linke», Ulrich Maurer, estima le 4 avril 2008, que «la tentative de Peer Steinbrück de se blanchir dans l’affaire IKB était une tromperie éhontée de la population.» […] «Le gouvernement avait mis en œuvre la KfW pour encourager les affaires de crédit par garantie. Et on peut affirmer qu’il a utilisé sa position de force au sein de l’IKB pour atteindre ce but.» La KfW fut le levier, l’IKB la pointe de la lance et Jörg Asmussen le responsable du projet au ministère.» On ne souhaite pas que l’enquête aboutisseEntre-temps, 90% des actions IKB furent vendues, à prix bradé, à Lone Star, la firme américaine d’investissement. Selon la chaîne de télévision ARD du 26 mars, Lone Star a interrompu les examens destinés à enquêter sur les origines et les responsables du désastre de l’IKB, alors que cette enquête était en passe de fournir des informations définitives. Cette décision d’interruption se fit grâce à la majorité des voix de l’investisseur, lors de l’assemblée générale, et cela à l’encontre des petits actionnaires. Libre circulation des capitaux jusqu’à l’excèsCe qui n’étonne pas vu l’idéologie en vogue et la pratique qui en découle: Le secrétaire d’Etat au ministère des Finances, Jörg Asmussen, (l’éminence grise de Steinbrück) a exprimé dans un article paru en octobre 2006 qu’il était favorable aux spéculations financières. Il écrivit dans la revue «Zeitschrift für das gesamte Kreditwesen» que le marché pour les Asset Backed Securities (ABS) se développait très positivement en Allemagne. Il fallait que le ministre des Finances veille à ce que «les instituts ne soient pas soumis à des obligations de surveillance et de documentation inutiles lorsqu’ils investissent dans des produits ABS usuels et bien notés». Les Asset Backed Securities, ce sont avant tout des produits du marché financier hautement spéculatifs qui ont grandement contribué au désastre actuel. Le SPD suit les traces d’Obama – dans quelle direction?Le SPD se montre particulièrement prêt à s’adapter au nouveau gouvernement américain. Son secrétaire général Heil veut mener le parti vers les prochaines élections avec le fameux, mais creux slogan d’Obama «Yes, we can». Quand au candidat socialiste à la chancellerie allemande, l’actuel ministre des Affaires étrangères Steinmeier, il a écrit une lettre, début janvier, au nouveau président américain, en lui passant la brosse à reluire: «Vous avez redonné un élan au rêve américain, objet de l’admiration depuis plus de 200 ans d’une multitude de gens dans le monde. […]. J’ai maintenant 53 ans et jamais tout au long de ma vie je n’ai vécu autant d’espoir lors de l’intronisation d’un président américain. […] Vous avez enthousiasmé les gens aux Etats-Unis, et bien au-delà, pour un nouveau départ vers un avenir commun. […]. Nous pouvons ensemble redessiner le monde du XXIe siècle. […] Accordez-nous de préparer un ‹nouvel agenda transatlantique› et de lui donner vie.» |