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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°3, 25 janvier 2010  >  La Fed et le dollar [Imprimer]

La Fed et le dollar

par William A. M. Buckler

L’explication «officielle» des fluctuations du dollar pendant la période qui a commencé lors de la grande reprise du marché boursier mondial de mars 2009 est que la force de la devise américaine est inversement proportionnelle au «goût du risque» dans le monde. Quand ce goût augmente, les investisseurs sont enclins à courir après les profits dans des domaines comme les marchés boursiers, les matières premières, les monnaies autres que le dollar et les créances libellées en dollars. Quand il diminue, les investisseurs se replient sur des valeurs ultra-sûres comme le dollar et les créances libellées en dollars. Il s’agit là d’une reprise de la raison avancée pour expliquer le grand bond du dollar à la fin de 2008 et au début de 2009. La cause officielle était que les investisseurs abandonnaient les «marchés» pour la «sécurité».
En réalité, comme c’est généralement le cas des explications officielles, c’est l’in­verse qui est juste. Ce qui a provoqué le rebond du dollar qui a atteint son sommet au moment où les marchés boursiers atteignaient leur niveau le plus bas était une «fuite vers la sécurité», mais pour réduire le plus possible les créances libellées en dollars. La ruée sur le dollar visait à réaliser des appels de marge et à réduire les créances libellées en dollars. Comme The Privateer l’a signalé à l’époque et l’a répété à plusieurs reprises depuis lors, c’était une considérable reprise de désendettement, en partie imposée mais essentiellement volontaire. Ce qui empêcha la reprise du dollar et déclencha le rebond du marché boursier mondial fut la décision de la Banque d’Angleterre et de la Fed de monétiser leur dette nationale. Officiellement, cela sauva les banques et les gouvernements. Nous vivons depuis 9 mois la phase ultime des «prêteurs de dernier recours».

On nous «arnaque»

The Privateer s’enorgueillit notamment d’être un antidote aux imbécillités officielles émises par les gouvernements et reprises fidèlement par les flagorneurs du système financier et des médias financiers. Naturellement, nous ne sommes pas les seuls à dénoncer ces sottises. Un de nos héros est un homme du nom de John Williams dont le site Internet est shadowstats.com. L’intertitre ci-dessus condense d’une manière un peu familière mais exacte l’opinion de John Williams concernant l’avenir financier des Etats-Unis telles qu’elle a été rapportée dans une interview publiée par un journal américain. La mé­thode de John William est simple. Il recalcule les princi­pales statistiques du gouvernement sur le PIB, l’IPC, les dettes de l’Etat, l’emploi, la croissance de la masse monétaire, etc. en utilisant les formules officielles en usage il y a deux ou trois décennies avant qu’elles ne soient modifiées pour donner une image de plus en plus fausse de l’économie améri­caine. Ses résultats montrent à l’évidence que les Etats-Unis se trouvent plongés dans une énorme dépression, avec des dettes insupportables à tous les niveaux et un gouvernement en totale faillite.
Citons-le: «Le gouvernement fait généralement des déclarations d’ordre financier au mois de décembre en ayant recours à des règles comptables généralement acceptées dans lesquelles des dettes non consolidées comme celles de Medicare et de la Sécurité sociale sont comptabilisées de la même manière que les engagements de retraite des sociétés. Le déficit de l’année 2008 était d’un billion de dollars au lieu des 450 milliards annoncés».
Si le gouvernement américain déclarait son bilan sous la forme qu’il exige de n’importe quelle autre entité économique américaine, son déficit aurait été 11,33 fois plus élevé que les chiffres officiels. Nous ne connaissons pas encore ceux de 2009. Tout ce que nous savons, c’est que le déficit officiel annoncé par le Trésor pour 2009 est plus de trois fois plus élevé que le déficit officiel de 2008.
Au cours de l’année 2010, plus le gouvernement américain (et tous les autres gouvernements importants du monde) parleront de réduire les programmes de relance, de plafonner les déficits budgétaires et même de commencer à augmenter les taux d’intérêts, plus ils emprunteront et dépenseront pour donner à leur population devenue nerveuse une impression de «normalité».

La plus importante «bonne résolution de début d’année» jamais prise

Si ce n’est pas déjà fait, la résolution la plus importante que vous puissiez prendre en tant qu’individus en vue de cette année et des suivantes est de ne pas vivre au-dessus de vos moyens. Répétons l’idée déjà exprimée que la dernière décennie a été pour les Etats-Unis et de nombreux autres pays une «décennie perdue». Qui ont été les perdants pendant cette période? De toute évidence ceux qui ont vécu au-dessus de leurs moyens. En revanche, la dernière décennie a été facile à vivre pour ceux qui n’ont pas succombé à l’engouement pour l’endettement et ont continué à dépenser moins qu’ils ne gagnaient et ont investi la différence dans des secteurs qui n’étaient pas totalement dépendants de la dévaluation monétaire qui leur donnait un air de «prospérité».
Voici un exemple. Le prix de l’or est monté en près de quatre ans (de mars 2002 à décembre 2005) de 300 à 500 dollars. Tous ceux qui en ont acheté pendant cette période s’en sont bien tirés et continuent de le faire malgré la plus grande crise financière globale que le monde ait connue depuis les années 1930, qui a éclaté en 2007.
Ceux qui possèdent une maison libre d’hypothèque peuvent en assumer les frais d’entretien et payer les taxes ont des années-lumière d’avance sur la grande majorité de leurs voisins. Ceux qui n’ont pas de dettes ou des dettes minimes et quelques économies n’ont pas à craindre la perspective immédiate de l’indigence. Ceux qui ont accepté le fait évident qu’on ne saurait dépenser impunément plus que ce qu’on a produit peuvent envisager l’avenir avec sérénité: leurs actions futures seront soumises à un minimum de contraintes.
Si vous n’avez pas déjà agi ainsi, efforcez-vous de réduire ou d’éliminer vos dettes en 2010. La récompense sous forme de tranquillité d’esprit en vaut bien la peine, quelque important que l’effort puisse paraître. La solvabilité est toujours la meilleure politique.    •

Source: The Privateer no 645, mi-janvier 2010, pp. 2–3
(Traduction Horizons et débats)