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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°8, 27 février 2012  >  «Nous sommes un pays menacé» [Imprimer]

«Nous sommes un pays menacé»

Impressions fragmentaires d’un voyage en Iran

ev. Encore une fois on a l’audace d’envisager de faire la guerre – cette fois contre l’Iran: un peuple avec une culture riche et ancienne, avec une tradition et une histoire impressionnantes, qui – au contraire de toutes les puissances coloniales de l’Ouest et les porte-paroles actuels de «démocratie» et de «liberté» – n’ont jusqu’à présent pas encore mené de guerre d’agression. Et les gens sont tout à fait conscients de leur culture, elle est soignée et appréciée. Celui qui visite par exemple dans la ville des roses de Chiraz le mausolée du très estimé poète perse Hâfez (XIVe siècle, connu pour «Le Divân», déjà beaucoup apprécié de Goethe), y rencontre d’innombrables gens, surtout des jeunes – même des classes d’école enfantine qui vont être familiarisées avec le bien culturel. Le marchand de tapis, qui attend le jour de notre visite à Ispahan l’arrivée de son amie de Suisse, nous parle avec une fierté visible de l’histoire de 6000 ans de son pays.
On prend évidemment aussi grand soin de la cohésion familiale – toujours et partout on voit des familles qui entreprennent ensemble des excursions, partout – pas seulement dans les sites des mosquées d’Ispahan – elles piqueniquent ensemble et sont toujours en conversation – tout autant que les nombreux groupes de jeunes gens qu’on rencontre souvent.
Tout aussi frappante est la grande franchise – partout on entre aisément en conversation, souvent l’initiative vient aussi des jeunes Iraniens et Iraniennes eux-mêmes. De plus il est frappant que parmi la jeunesse académique, une grande partie soient des femmes – en effet, 60 pourcent des diplômés d’université sont des femmes, comme nous l’a confirmé l’ambassadeur suisse d’alors à Téhéran. On rencontre constamment des groupes de jeunes gens, femmes et hommes, qui s’adonnent naturellement, amicalement et sérieusement à leurs tâches et en discutent. Quelques-uns défendent leurs opinions religieuses de manière convaincue, mais extrêmement amicalement et sans préjugés face aux touristes de l’Ouest – en Iran des communautés religieuses juives, chrétiennes et autres peuvent vivre librement leur foi.
D’autres interlocuteurs critiquent le régime, mais de manière différenciée. Au-delà de la critique, ils sont avant tout Iraniens et, malgré leurs avis divergents, ils sont unis sur un point: l’Iran, leur peuple, a exactement les mêmes droits que tous les autres pays. Ils ne veulent pas de bombes, ils sont un peuple pacifique – mais sur la question nucléaire, ils revendiquent l’utilisation de l’énergie nucléaire tout comme le reste du monde. Sur ce point précis, les opposants du gouvernement se sont déclarés aussi d’accord avec leur politique.
L’assertion constamment colportée par les médias occidentaux, que tous les jeunes Iraniens n’auraient pas de plus grand but que celui d’adopter le style de vie occidental, est également taxé de mensonge par ces jeunes gens. Il est clair qu’ils connaissent aussi le téléphone mobile et l’Internet – comme tous les jeunes gens du monde entier. L’étudiant, que nous rencontrons avec un membre de l’armée au mausolée de Hâfez, nous parle spontanément de la musique iranienne traditionnelle qu’il aime, et qu’il conseille de manière enthousiaste à ses interlocuteurs. Les gens sont attachés à leur culture, leur histoire et leur pays – et même ceux qui parlent de façon critique du gouvernement n’ont pas oublié que les Américains ont travaillé déjà une fois à un changement de régime contre un Premier ministre élu de manière démocratique – Mohammad Mossadegh – cela uniquement pour imposer leurs propres intérêts.
Ainsi un étudiant a résumé sa prise de position par ces paroles: «Nous sommes un pays menacé. Nous n’attaquons personne; nous sommes attaqués et nous voulons nous défendre.»