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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°22, 6 juin 2011  >  Union de transfert: un «Versailles» financier sans guerre [Imprimer]

Union de transfert: un «Versailles» financier sans guerre

On a renoncé au droit démocratique fondamental de souveraineté financière

par Eberhard Hamer, Mittelstandsinstitut Niedersachsen

Actuellement, le parti libéral allemand (FDP) se trouve au plus mal, après avoir connu des moments d’euphorie. Les causes se trouvent dans le choix des personnes, mais sont aussi factuelles. Comment se fait-il que le président de ce parti – qui avait obtenu le plus grand succès que ce parti n’ait jamais eu, ayant donc réussi à convaincre les électeurs – se trouve discrédité au bout d’à peine deux ans, tant auprès de la population que de son propre parti?
Ce président, Westerwelle, fut, lors des dernières élections, le seul à avoir promis une diminution des charges bureaucratiques et des impôts – tous les autres partis voulaient augmenter ces charges. C’est pourquoi Westerwelle avait réussi à mobiliser avant tout les PME indépendantes, attirant même des électeurs de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Mais ces promesses de diminution d’impôts ne furent suivies que de faibles actions (impôts sur les successions, impôts sur le chiffre d’affaires des hôtels), suivies malheureusement d’une nouvelle augmentation des impôts. Westerwelle fut freiné dans la plupart de ses promesses de diminution des impôts par le ministre des Finances Schäuble.
Mais avant tout, Westerwelle et le FDP ne se sont en rien opposés à la malheureuse orgie d’endettement de l’Allemagne en faveur des pays européens endettés – mais finalement en faveur des banques internationales – et ils se sont fait avoir par Angela Merkel et sont ainsi co-responsable du plus grand endettement allemand de tous les temps, ce qui porte à longue échéance atteinte à la prospérité de l’Allemagne. La direction du FDP s’est ainsi pliée aux ordres de l’élite financière internationale, a trompé ses électeurs et causé plus de dommages à la population que jamais. Avoir ignoré cela fut la plus grande erreur commise jusqu’alors. Plus la richesse de l’Allemagne se déplacera vers les autres pays européens endettés et plus la population en ressentira les effets dans son porte-monnaie, plus cet appauvrissement de l’Allemagne sera imputé au fautif. La CDU en subira aussi les conséquences.
Nos enfants nous poseront des questions, comme nous-mêmes en avions posés à nos parents: «Pourquoi avez-vous laissé faire?» Nos parents n’ont pas été plus en mesure d’empêcher la venue d’Hitler que nous ne pouvons nous opposer au pillage de l’Allemagne par les banques internationales et les Etats en faillite. Dans le premier cas, les fauteurs durent répondre de leurs actes, dans le cas actuel, les générations futures devront payer le pillage consenti du pays, il ne leur restera qu’à maudire les complices politiques.
Le fait de s’engager dans un endettement effréné et de participer à une union de transfert est pour l’Allemagne une catastrophe qui dépasse celle de Fukushima. Mais la presse n’a parlé que de cette dernière pour mieux cacher la première. C’est uniquement grâce à ce manœuvre de diversion que la population n’a pas réalisé que la reprise volontaire des dettes des banques internationales et de toute l’Union européenne détruisait nos moyens de subsistance, mais qu’avec cette union de transfert, on nous prive du droit démocra­tique fondamental de souveraineté financière. Sous la pression de la France et de Bruxelles, Angela Merkel a accepté que l’UE se transforme d’une confédération d’Etats en Etat fédéral – en renforçant ainsi le centralisme – ce qui représente pratiquement la fin de notre souveraineté nationale.
On peut dès à présent être certain que la population présentera la facture aux partis responsables de ce «Versailles» financier sans guerre, du fait qu’ils ont servi d’autres intérêts que ceux de la population. Le FDP devrait pour le moins s’opposer à des augmentations des fonds euro, au besoin quitter le Gouvernement afin de ne pas augmenter sa culpabilité. C’est la condition pour qu’il ait une chance de survie à longue échéance.
En remplaçant Westerwelle par Rösler, le FDP s’est sans doute rendu un mauvais service. Westerwelle défendait tout de même des idées économiques: il était favorable à une baisse des impôts et des charges sociales et aux PME. Rösler en revanche mène une politique sociale, il manque de personnalité et n’est pas un tribun capable de mobiliser les masses. En tant que ministre de Basse-Saxe, il avait la réputation de ne pas trop se faire remarquer et de ne pas commettre d’erreur. Ce changement de personnes à la tête du FDP n’a en tout cas pas déclenché un élan de sympathie et n’a pas apporté de nouvelles compétences, bien au contraire.
Reiner Brüderle est dorénavant le seul représentant du FDP possédant une compétence économique et étant capable de s’engager pour les PME, pour des allègements d’impôts et pour une croissance économique.
Les jeunes députés du FDP, réunis autour du secrétaire général Lindner, ont reconnu que le parti avait failli en matière d’idées depuis les élections parlementaires fédé­rales. Non seulement il n’a pas réussi à imposer ses promesses – notamment de diminution des impôts – au gouvernement, se heurtant à Schäuble, mais en plus n’a pu offrir, depuis près de deux ans, de nouvelles visions, ni fournir de nouvelles propositions politiques qui se seraient adressées sinon à l’ensemble de la population, du moins aux cercles de personnes qui pourraient leurs êtres favorables.
Jusqu’à présent le FDP s’était avant tout engagé en faveur de la liberté individuelle des citoyennes et citoyens. Il s’y est tenu avec plus de conséquence que d’autres partis qui ne voient dans les citoyens qu’un «potentiel d’assistés» (des subordonnés sociaux), attendant leur bonheur de l’Etat, ce qui est vrai pour les partis socialistes, et particulièrement pour les Verts.
Le FDP passait toujours comme le gardien de la responsabilité personnelle du citoyen, notamment des PME indépendantes. Il s’était battu contre la bureaucratie et pour l’égalité des chances dans le domaine de l’économie, contre les discriminations par les multinationales et la bureaucratie. De ce fait, les PME indépendantes ont été pendant de longues années le principal réservoir électoral des libéraux. Tout compte fait, les 4 millions de ménages d’entrepreneurs représentent au moins 7 millions de voix électorales et ont une influence directe sur 21 millions de collaborateurs. Le parti qui sait garder ce potentiel comme futurs électeurs et électrices, s’assure uniquement avec cette partie de la population un pourcentage du corps électoral s’élevant à plus de 20%.

Trop peu de politique en faveur des classes moyennes

Les défaites électorales du FDP sont dues au fait que les classes moyennes étaient mécontentes des activités politiques de ce parti.
Le Mittelstandsinstitut Niedersachsen [Institut des PME de Basse-Saxe] s’est intéressé à analyser cette défection des indépendants à l’aide d’un sondage téléphonique qui lui a indiqué qu’il s’agissait certes de questions de personnes, mais surtout de l’absence de politique en faveur des PME. Autrement dit: La classe moyenne indépendante n’arrive plus à s’identifier suffisamment à la direction du FDP, et cela malgré Rainer Brüderle et Franz Schäffler. Elles ne voient plus en lui le combattant en faveur de la classe moyenne et de ses égalités des chances. Le FDP a déçu ses plus fidèles soutiens, ce qui est apparu lors des élections parlementaires régionales.
Mais par ailleurs, le FDP a trouvé un soutien auprès des entrepreneurs du fait que
•    Brüderle a mené une politique correcte, par exemple lors des aides à Opel,
•    Le député Schäffler a voté contre le pillage de l’Allemagne, par la reprise des dettes des pays européens en faillite. Il a été désavoué par le parti lui-même, mais ce fut apprécié par la classe moyenne et cela jouera un rôle encore plus important à l’avenir. Un groupe important d’entrepreneurs s’attendait à une résistance du FDP contre les tenta­tives de sauvetage des banques internationales qui ont pris des risques excessifs et des Etats en faillite sur le dos de la population allemande et notamment des générations fu­tures, ce qui ex­plique leur déception.
•    Un grand nombre de membres des classes moyennes avait pris pour argent comptant les promesses de baisse des impôts faites lors des dernières élections au Bundestag. Dans ce domaine, le FDP s’est non seulement soumis à Schäuble et aux chrétiens-démocrates, mais a soutenu le plus fort endettement de l’Allemagne (un «fonds de sauvetage financier» de 750 milliards d’euros). Les enquêteurs ont été à maintes reprises confrontés à l’incompréhension des entrepreneurs qu’un parti puisse lutter contre une augmentation des prestations sociales de 5 euros, et en même temps, sans aucune discussion, accepter des dépenses étatiques de 750 milliards d’euros. Les entrepreneurs ne sont pas stupides, ils savent calculer: En nous menant dans une union de transfert on «harmonise» – ou fait cadeau – de la prospérité allemande aux banques internationales et aux pays européens en faillite, ce qui provoque immanquablement des hausses d’impôts, servant non pas au propre pays, mais à l’étranger.

Le FDP doit à nouveau remplir son rôle

Un groupe de travail de l’Institut des PME de Basse-Saxe a analysé les questions suivantes:
•    Peut-on se passer du FDP et n’a-t-il donc plus d'avenir politique et
•    si l’on ne peut pas s’en passer, par quels moyens pourrait-il retrouver, au niveau des personnes et des thèmes, des groupes d’électeurs fidèles.
Si le FDP, sous la direction de Rösler, devient un parti social, il n’aura plus de propre identité par rapport aux autres partis. Tous les autres partis luttent pour l’augmentation des prestations sociales et des salaires et pour la réduction du temps de travail. Dans le grand chœur de tous ceux qui luttent du côté des professions sociales, pour l’augmentation des prestations sociales, des prestations maladie, des allocations familiales, des indemnités de soins, le FDP ne pourra pas s’imposer. Ceci, tous les autres partis populaires le font plus fort, de façon plus complète et plus crédible. Tout de même, ils s’adressent ainsi à deux tiers de la population. L’Institut des PME de Basse-Saxe a fait le calcul suivant, sur la base des récentes statistiques fédérales: on n’a, en Allemagne, plus que 34,4% d’actifs, c’est-à-dire de personnes qui reçoivent un salaire ou un traitement. 34,9% de la population et leurs familles et 23 millions de retraités vivent des impôts et des charges sociales, que les actifs ont versé au trésor public. Ces contributions vont alors sous forme de traitements, de prestations sociales ou de dépenses de santé aux deux tiers des bénéficiaires de revenus de transfert. Celui qui veut donc s’adresser à la majorité de la population ne peut que se prononcer en faveur de plus de prestations sociales, de dépenses de santé et de traitements plus élevés. Les deux tiers de la population bénéficiant de revenus de transfert parmi nos électeurs vote les partis qui prônent la redistribution de la CDU à la Gauche et aux Verts. Là, le FDP n’a plus rien à gagner.
Autrefois les actifs, dont notamment les PME et leurs salariés, étaient également représentés par la CDU. Angela Merkel ayant inculqué la «justice sociale» à son parti – peu importe ce que cela veut dire –, cette classe moyenne n’y joue plus de rôle important. Lors des dernières élections, elle a donc voté FDP et maintenant elle est déçue de ce parti.
Cependant, la classe moyenne – tout comme le FDP – n’ont en réalité pas d’autre choix: si tous les partis prônant la redistribution luttent pour l’augmentation des sa­laires publics, des prestations sociales, des revenus sociaux et pour plus de fonctionnaires sociaux, toutes ces actions charitables ne peuvent être financées que par l’augmentation des impôts et des charges sociales pour les classes moyennes.
On ne peut pas lutter pour une augmentation des prestations sociales et en même temps promettre au dernier tiers de la population qui les finance à travers ses impôts et ses charges sociales de lui réduire ses charges. Donc, tous les autres partis se sont prononcés en faveur de la représentation politique de la majorité des bénéficiaires de revenus de transfert et ont opté contre les membres de la classe moyenne qui est la plus performante. A la suite des élections au Bundestag, le FDP a malheureusement lui aussi, choisi cette majorité au lieu de s’engager, comme autrefois, systématiquement en faveur de la classe moyenne dont dépendent 80% des emplois et plus de 80% des impôts et des charges sociales. Le FDP aurait du savoir qu’on ne peut pas représenter de façon crédible en même temps les intérêts des bénéficiaires et des actifs. En effet, celui qui promet des réductions d’impôts ou de charges sociales aux deux tiers de la population vivant directement ou indirectement de revenus de transfert agit contre leurs intérêts et est donc leur ennemi. Leur revenu de transfert ne peut augmenter que si l’on augmente les impôts et les charges sociales des actifs. Par conséquent, tous les partis prônant la redistribution optent en même temps pour plus d’impôts et de charges sociales versés par les actifs. La classe moyenne, minorité exploitée, a absolument besoin d’une représentation politique défendant ses intérêts contre la majorité des bénéficiaires des revenus de transfert. Si le FDP se rangeait à nouveau du côté des actifs et luttait de façon crédible et résolue en leur faveur, il gagnerait l’important potentiel d’électeurs que tous les autres partis prônant la redistribution veulent exploiter, donc combattre. Pour le FDP, ce serait donc profitable d’abandonner l’idée d’un parti majoritaire et populaire et de se décider résolument à devenir un parti minoritaire en faveur de la classe moyenne.
Si ce parti luttait résolument en faveur de la classe moyenne il aurait de nouveau une existence politique assurée puisqu’il défendrait plus de la moitié des électeurs. Cela profiterait à tout le monde, même à ceux qui en fin de compte vivent directement ou indirectement du potentiel économique des actifs.
L’Institut des PME de Basse-Saxe fait depuis des années des sondages auprès des entrepreneurs, afin de connaître leurs revendications principales face à la politique. Les deux points qui reviennent régulièrement dans les réponses sont les suivants:
1.     se débarrasser de la bureaucratie et
2.     obtenir des allègements d’impôts et de charges sociales.
Dès le début des années 80, l’Institut des PME de Basse-Saxe a démontré, que les excès de bureaucratie alourdissent d’autant plus les budgets des entreprises qu’elles sont petites, ce qui porte préjudice aux PME. Il y a eu aussi beaucoup de volonté poli­tique pour diminuer ce fardeau pesant sur la classe moyenne. Mais cela a toujours été bloqué par les fonctionnaires publics, les institutions sociales, les chambres et les associations parce que ceux-ci vivent entre autre des statistiques publiques et des charges sociales. Le fait de se débarrasser de la bureaucratie ne coûte rien au contribuable, cela peut donc aussi être fait en temps de crise; il faut uniquement affronter les fonctionnaires. Ce qu’il faut, c’est du courage politique, rien d’autre.
Depuis vingt ans déjà, parmi les diverses propositions d’allégements fiscaux, l’Institut des PME de Basse-Saxe propose de modifier la notion de «bénéfice» – éventuellement au niveau de l’UE. Cela simplifierait considérablement non seulement le système fiscal mais rendrait de nouveau disponibles les produits d’exploitation au profit d’investissements et de création d’emplois au lieu de les redistribuer ou de les verser aux banques internationales et aux pays européens endettés. C’est Ludwig Erhard qui, jusqu’en 1956, a tiré du néant les PME allemandes en les exonérant des impôts sur les bénéfices réinvestis dans les entreprises, et a ainsi créé le miracle économique. Ce moyen s’est donc avéré efficace. Il faudrait uniquement rompre la résistance des banques et des institutions de crédit, qui, déjà à l’époque, en 1956, a réussi à imposer une modification du droit. Si le FDP défendait cette idée, il serait utile à toutes les entreprises allemandes et rendrait notre économie plus solide face aux crises et pourrait compter sur le soutien politique des 4 millions d’entrepreneurs allemands.
C’était une vieille tradition du FDP de lutter en faveur des droits du citoyen face à l’Etat et aux associations. Là aussi – s’il en a le courage – le FDP devrait lutter essentiellement contre la folie de la centralisation et de la dé-démocratisation des eurocrates et contre la mise sur écoute et le contrôle total des citoyens (en faveur de la prétendue lutte antiterroriste) par les services secrets qui s’activent partout en Allemagne.
De toute façon, il y a assez de domaines politiques qui préoccupent sérieusement les PME, mais qui ne sont traités de façon crédible par aucun des autres partis allemands. Cela ne représente pas seulement une chance pour le FDP mais c’est pour lui un devoir absolu. Il pourrait devenir ainsi une force politique indispensable pour la classe moyenne.    •

(Traduction Horizons et débats)