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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°38, 22 septembre 2008  >  Attaques verbales déchaînées des médias occidentaux envers la Russie [Imprimer]

Attaques verbales déchaînées des médias occidentaux envers la Russie

Il faut en finir avec la manipulation des populations par de fausses informations

thk. La campagne des médias contre la Russie ne connaît plus de bornes. En ouvrant son journal, on trouve à coup sûr un article qui est dirigé contre la Russie, bannissant ce pays dans le «royaume du Mal». La machine des médias soumis aux Américains fonctionne parfaitement. Une enquête menée auprès d’étudiants et demandant qui avait commencé la guerre dans le Caucase, a donné une image désolante: plus du 90% d’entre eux pensaient que c’était la Russie qui avait commencé la guerre puisqu’on le lisait partout.
Le fait qu’un des plus grands quotidiens suisses ait, dans son édition de fin de semaine du 13/14 septembre, publié une page entière sur le pacte de Varsovie – créé il y a plus de 50 ans et obsolète depuis bientôt 20  ans et dont les anciens pays-membres se trouvent tous, sauf la Russie, dans les griffes de l’OTAN – en mettant en avant sa velléité de déclencher une guerre atomique contre l’Europe, correspond parfaitement à cette campagne de diffamation. Rajoutons à cela que les deux auteurs allemands de cet article insinuent de même qu’il serait préfé­rable pour notre pays de se joindre à l’OTAN – un aspect supplémentaire faisant partie de la campagne contre la Suisse menée depuis l’Allemagne (cf. Horizons et débats n° 33 du 18 août 2008).
Tout ceci n’étonnera pas qui a lu le livre «Operation Balkan» de Jörg Becker et Mira Beham (présentation de l’ouvrage dans Horizons et débats no 9 du 10 mars 2007). Les médias dépendent pour une bonne part des agences de relations publiques américaines. De plus, entretenir un correspondant sur place revient trop cher, ce qui fait que les journaux reprennent sans vérification les nouvelles uniformisées. Pendant le conflit des Balkans, on assista à une stratégie de propagande bien orchestrée: il s’agissait de diaboliser les Serbes et de les rendre responsables de tout. La vérité n’était plus de mise, c’était la stratégie qui déterminait la réalité.
La Russie se trouve depuis quelque temps déjà sur la liste des stratèges des médias. Depuis environ un an, on peut lire de plus en plus souvent des critiques dans les médias allemands et anglais qui dénoncent la Russie comme étant un pays «antidémocratique», «non fiable» et «menaçant» – les vieux clichés qui datent du temps de la guerre froide et qui sont repris maintenant par la plupart des médias. On en appelle aux vieux ressentiments pour les présenter aux lecteurs comme des vérités. C’est dans cette stratégie qu’on peut placer l’article évoqué ci-dessus.
Cependant, la réalité du conflit du Caucase est toute autre: dans la nuit du 7 au 8 août 2008, l’armée géorgienne a attaqué tant les troupes de paix russes, tuant 19 de leurs soldats, que la ville de Tskhinvali, capitale de l’Ossétie du Sud, la bombardant massivement et la réduisant pratiquement en cendres. C’est au vu de cette agression militaire que la Russie a réagi et entrepris une contre-offensive. Toutefois, ce qui fut au début évident pour tous – que la Géorgie avait déclenché la guerre contre l’Ossétie et contre les troupes de paix russes qui y étaient stationnées – ne correspondait pas à la conception de désinformation préparée. Du coup, on déclara la réaction de la Russie, entièrement conforme au droit international, comme étant disproportionnée. Cela permit aux médias de déformer la vérité. La victime devint l’agresseur et on mit la Russie au pilori. Les médias présentèrent des photos d’une ville saccagée, prétendant qu’il s’agissait de la ville géorgienne de Gori après les bombardements russes. En vérité, ces photos représentaient la capitale de l’Ossétie du Sud, Tskhinvali, dévastée par les Géorgiens. Voilà ce qu’il en est de la liberté et de l’honnêteté de la presse.
Un accord d’armistice, élaboré entre l’UE, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et la Russie, fut accepté par cette dernière et mis en œuvre dans les temps et selon le développement de la situation. Mais dès le premier jour, les médias déclarèrent presque uniformément que la Russie ne respectait pas ce qui était convenu, sans toutefois donner de précisions. On ne se donna pas la peine d’évoquer le rôle de la Géorgie et de son plus proche allié, les Etats-Unis. On évita soigneusement de préciser que cette agression n’aurait pu avoir lieu sans les armes fournies par les Etats-Unis. On n’aborda pas non plus le fait que l’«aide humanitaire» des Américains pour la Géorgie fut apportée par des navires de guerre, ce qui était une façon de provoquer ouvertement la Russie. A part ça, il faut savoir que le budget militaire de la Géorgie a augmenté de 3000% depuis l’année 2003.
Il est tout de même curieux qu’il y a sept ans le monde entier ait soutenu les Etats-Unis dans leur guerre contre l’Afghanistan, une violation flagrante du droit international, – «Aujourd’hui nous sommes tous Américains» fut la devise stupide d’alors – et qu’il n’y eut aucune critique un tant soit peu sérieuse contre cette guerre ayant pour cible un des pays les plus pauvres du monde, avec les armes les plus sophistiquées, et en bombardant de préférence les populations civiles. Ni à l’époque ni aujourd’hui on ne s’est aventuré à parler de disproportion lorsque des bombes à l’uranium sont lâchées de 10 000 mètres d’altitude sur des innocents. Depuis plusieurs jours, les Etats-Unis attaquent le Pakistan avec des missiles, tuant des civils – on n’entend aucune protestation. Quand on en parle dans nos médias, c’est pour évoquer ce phénomène comme étant parfaitement normal.
Il paraît que l’«ours russe» s’est réveillé. C’est ce que les médias et les gens qui les influencent voudraient faire croire aux populations. Mais là aussi les faits sont manifestes. Car ce sont bien les Etats-Unis et leurs alliés qui déclenchent des guerres de par le monde depuis 1990: en 1991 contre l’Irak, en 1993 contre la Somalie, en 1994 et 1999 contre la Bosnie et la Serbie, en 2001 contre l’Afghanistan, en 2003 contre l’Irak, en 2008 contre le Pakistan et en 2009 contre …? ou en 2010 contre …?
Le budget militaire américain engloutit 600 milliards de dollars par an, sans compter le coût des guerres en Irak et en Afghanistan. Le budget russe se contente de 34 milliards, ce qui est, en comparaison, plutôt modeste. Lorsqu’on dépense autant d’argent pour les armements, il ne s’agit pas d’en remplir les musées, mais bien de préparer d’autres guerres. Ce qui exige de nous, Européens, de garder la tête froide et de nous opposer à la politique américaine de domination. Si les Etats-Unis devaient prévoir avec leurs vassaux une guerre contre la Russie, cela se terminerait en désastre pour tous les pays. Ce n’est tout de même pas cela que nous voulons!    •

Images au service de la guerre
go. Sous le titre «Impressions du Caucase», le «Neue Zürcher Zeitung» du 25 août 2008 a commenté les images publiées dans «Le Monde» par le journaliste Bernard-Henri Lévy. Images qui proviennent de sa visite en Géorgie pendant deux jours et demi. Le journal Web Rue89 a interrogé ses compagnons de voyage et d’autres observateurs sur place. Le témoignage qui a été présenté par Lévy n’est pas la réplique exacte des lieux et actes. Lévy exagère: 30 véhicules russes deviennent «un long convoi d’au moins 100 véhicules». Ou il invente tout simplement: «Ils [les Russes] ont brûlé et pillé la ville. Ils l’ont transformée en ville fantôme.» La députée de l’Union européenne et accompagnatrice du voyage, Marie-Anne Isler-Béguin, a déclaré au contraire que les voitures avaient dû s’arrêter à 1,5 kilomètres de Gori. Personne n’a pu constater quelle était la situation dans la ville.