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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°49, 12 décembre 2011  >  Retour douloureux aux nobles intentions [Imprimer]

Retour douloureux aux nobles intentions

par Richard Sulík, président du parti slovaque «Liberté et Solidarité»

L’Union européenne a été créée sur la base de la liberté et elle représente le projet de paix le plus couronné de succès dans toute l’histoire du continent européen. La libre circulation des personnes, des capitaux, des marchandises et des services est considérée depuis toujours comme un bon et noble objectif. Le commerce entre les pays augmente la prospérité et réduit le risque de guerre.
Toutefois, la centralisation toujours plus croissante et un Etat supranational dé­signé par «les Etats unis d’Europe» n’était pas l’idée de l’UE. Tout au contraire. L’UE a été fondée sur la base de la diversité, de la liberté, de la compétitivité et sur le principe de la subsidiarité, ce qui signifie que l’Union n’a qu’à s’occuper des questions qui ne peuvent pas être réglées par les Etats individuels eux-mêmes. En outre, l’exemple des USA nous montre que la centralisation ne protège pas contre la crise et n’est pas un substitut à la responsabilité.
Malheureusement, nous devons aujourd’hui constater que l’UE s’est non seulement éloignée des principes sur lesquels elle reposait, mais aussi de ses citoyens. A Bruxelles, il existe une armée de 50'000 fonctionnaires qui aspirent à justifier leur existence en inventant de plus en plus de directives, ce qui explique que la compétitivité en Europe soit réduite et en fin de compte également le niveau de vie des Européens.
Pour cette raison, je me demande pourquoi les règles n’ont pas été respectées pendant des années et pourquoi des sanctions n’ont pas été prononcées pour leur non-respect. Les problèmes ne résultent pas du fait que les règles étaient fausses, mais du fait qu’elles n’ont pas été respectées. La raison de l’aspiration actuelle à la modification des règles au sein de l’UE n’est pas leur inaptitude, mais l’incapacité des politiciens européens de haut rang à s’y conformer.
Actuellement, il est déjà évident que la bouée de sauvetage pour l’UE n’est pas la solution. L’augmentation du fonds de sauvetage a été décidée exactement comme Bruxelles l’avait souhaité. Toutefois, le résultat espéré n’est pas survenu. Les intérêts pour le financement des dettes européennes ne cessent d’augmenter, car les politiciens européens de haut rang ne jouissent pas de la confiance au sein des marchés financiers. C’est un problème qu’il faut prendre au sérieux. Après deux ans de lutte contre la crise et 19 sommets, les politiciens européens de haut rang ont seulement réussi à perdre la confiance des créanciers. On n’a pas surmonté la crise, au contraire, elles s’est aggravée parce que la crise des dettes ne peut pas être résolue par de nouvelles dettes.
Les propositions de solutions ci-dessous sont certes douloureuses, toutefois, elles sont honnêtes et également praticables avec une volonté politique. Je crains qu’elles soient aussi à long terme les seules mesures, qui aident vraiment.

1. L’UE aussi doit commencer à faire des économies importantes

Tout le monde parle d’économies dans les divers pays, c’est certainement un pas dans la bonne direction, cependant, cela vaut également pour les institutions de l’UE. Le budget de l’UE s’élève à 150 millions d’euros et on gaspille encore de l’argent comme s’il n’y avait pas de crise. En commençant par la navette régulière et insensée du Parlement européen entre Bruxelles et Strasbourg jusqu’à toutes sortes de subventions. L’UE ne peut pas faire comme si elle n’était pas du tout touchée par la crise. Au contraire, elle devrait être un modèle. Chaque année, 100 milliards d’euros coulent dans les fonds européens, les subventions agricoles et les versements compensatoires pour les différences régionales. Tout ça est peut-être bien, mais en ce moment une crise règne et l’on doit prendre des mesures extraordinaires. Les postes mentionnés devraient être supprimés pour quelques années et l’argent économisé devrait être employé pour le renforcement du capital de base de la Banque centrale européenne. Contrairement à la bouée de sauvetage européenne, ici il s’agirait de véritable argent et non pas de dettes supplémentaires.

2. L’UE doit commencer à appliquer les règles en vigeur

Dans une période de crise, aucun document fondamental ne devrait être modifié, mais l’on devrait s’en tenir à ceux qui existent. Les raisons principales pour lesquelles la confiance dans l’UE se trouve presque à zéro, sont le non-respect des règles, les tromperies et les mensonges. L’UE doit en finir avec cela. Il faut donc arrêter de fermer les yeux devant les chiffres un peu trop «créatifs» et exiger conséquemment le respect des critères de Maastricht. De la sorte qu’un tiers des pays enfreignant le plus les critères de Maastricht perdent leurs droits de vote et que le deuxième tiers voie ses droits de vote réduits de moitié.

3. Les problèmes ne peuvent pas être réglés par une plus ample centralisation

Sans parler du fait que les électeurs n’aient attribué aucun mandat à personne, ce n’est pas non plus la bonne voie. Toutefois, l’UE n’est pas capable de décider effectivement sur les questions qui lui ont été confiées et il est à supposer que l’UE, si elle possédait plus de compétences, ne déciderait pas forcément de manière plus effective et correcte. On devrait nourrir encore davantage de fonctionnaires bien rémunérés. Par exemple, l’harmonisation des impôts directs ne nuirait pas seulement à la Slovaquie mais aussi à l’ensemble de l’UE.

4. L’UE doit cesser de réaliser des objectifs à long terme

C’est bien, quand les fonctionnaires de Bruxelles protégés contre la crise déclarent que l’UE devrait devenir le leader en matière d’énergies renouvelables et en matière de protection sociale ou bien de protection de l’environnement. Ce sont des objectifs superbes, qui ne s’avouerait être favorable à ceux-ci? Cependant, on doit se rendre compte que la réalisation de ces objectifs requiert une bonne part du PIB. Le fait de s’y obstiner en période de crise, a des effets destructifs sur l’UE. Pour la simple raison que les entreprises européennes perdent leur compétitivité. C’est un fait. C’est pourquoi, il est nécessaire de geler pour quelques années la validité des objectifs à long terme (non pas de l’annuler) et de réfléchir en même temps sur ce que nous pouvons faire pour faciliter la vie des entreprises. Parce qu’en fait, ce ne sont qu’elles qui créent des emplois. Par exemple, le bon sens pourrait nous faire réfléchir sur le nombre de pages vraiment nécessaires parmi les 100 000 pages de directives européennes.

5. L’UE doit organiser ses structures de manière plus réaliste

On se trouve en période de crise, on doit prendre des décisions sérieuses. Ces décisions ne sont pas prises par la Commission, le Parlement, le Conseil ou une autre institution habilitée de l’UE. Dans une période de crise, ce sont Merkel et Sarkozy qui décident. Barroso, le Président de la Commission et van Rompuy, le Président du Conseil européen sont plus ou moins des figurants et les députés européens sont des bestioles protégées, qu’on entretient pour beaucoup d’argent, afin que l’on puisse faire semblant que l’UE est démocratique.
Pourquoi en est-il ainsi? Pourquoi Merkel ou Sarkozy ne se présentent-ils pas eux-mêmes aux postes de haut rang de l’UE? Pourquoi les différents pays envoient-ils des politiciens à Bruxelles? Pour récom­penser des bons services ou pour s’en débarrasser? Rien à objecter contre Madame Merkel, elle peut prendre des décisions pour l’UE. Mais pas en tant que Chancelière allemande. Nous, habitants d’un autre pays de l’UE que l’Allemagne ou la France, nous nous posons la question tout à fait justifiée de savoir si toutes ses décisions sont toujours aussi au profit de la Slovaquie.
La Slovaquie appartient à l’UE et nous accordons beaucoup d’importance à cette communauté. C’est justement pour cela que nous ne fermerons pas les yeux devant les problèmes et nous ne ferons pas comme si tout ce qui vient de Bruxelles était intangible. Nous poserons des questions et nous proposerons des solutions, qui sont utiles à l’ensemble de l’UE. Nous considérons le fait d’accuser dans ce contexte mon parti, la SaS, d’être sceptique face à l’UE comme un alibi gratuit et primitif. Et avant tout – ce n’est pas la solution aux problèmes existants.
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hd. «Horizons et débats» publiera dans le prochain numéro des contributions à la discussion relatives aux propositions de Richard Sulík.    •
(Traduction Horizons et débats)