L'espace alpin suisse, un champ de manœuvres interantionalLa chute d’un hélicoptère de l’armée allemande soulève quelques questionsVendredi 28 novembre, un hélicoptère de l’armée allemande s’écrasait dans la région du Titlis, lors d’un atterrissage sur roues. L’un des six passagers fut blessé et amené à l’hôpital par la Rega. Cet accident rappelle furieusement la chute d’un Tornado en avril 2007 dans la vallée de Lauterbrunnen. Là aussi, un avion de combat allemand s’était écrasé lors d’un vol d’entraînement dans les Alpes et il n’y a pas, jusqu’à aujourd’hui, de réponses aux questions qui se posèrent alors. La Suisse reste donc un terrain favori pour les ébats de pays en guerre qui mènent dans notre pays leurs entraînements pour leurs engagements dans les quatre coins du monde. Une fois de plus, notre peuple doit, dans la mesure où il est au courant, s’interroger sur ce qui se passe sur son territoire. Place d’entraînement internationaleLa liste des pays en guerre qui s’entraînent en Suisse est longue. Déjà en été 2002, des hélicoptères britanniques s’entraînaient dans les Alpes suisses; ils atterrissaient dans la neige qui présente une consistance semblable au sable dans le désert d’Irak. Des unités d’élites américaines se trouvèrent aussi dans l’Oberland bernois pour un certain temps. On peut douter que les unités de combat britanniques se soient trouvées en vacances à Verbier, l’année dernière où elles se firent remarquer de manière assez désagréable. Sans parler de l’armée israélienne qui entraînait ses unités de montagne à Andermatt pour pouvoir ensuite les mener sur le plateau du Golan. Le fait que la Suisse soit devenue un terrain d’entraînement pour des armées étrangères est incompatible avec la neutralité du pays. Mais ce n’est pas tout. «Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es»; c’est ainsi qu’on perd sa crédibilité. Ainsi, notre neutralité, appréciée et respectée partout dans le monde, est supprimée petit à petit, à l’encontre de ce que nos politiciens cherchent à nous faire croire. Toujours sans nouvelles quant au drame de la JungfrauPersonne n’a jamais dit au peuple suisse que des pays en guerre mèneraient des entraînements dans notre pays pour leurs guerres d’agression, lesquelles sont en contradiction avec le droit international et que, de plus, ils bénéficieraient de l’appui de l’armée suisse. On a aussi caché au peuple que des soldats de chez nous pourraient être tués, comme l’a démontré brutalement la catastrophe de la Jungfrau en été 2007. Grâce aux recherches de la presse, on a appris que les spécialistes suisses de la montagne seraient engagés en haute montagne, après leur instruction pour des cours avec des troupes étrangères, entre autres américaines et anglaises qui viennent régulièrement pour leurs entraînements à Andermatt. L’accident de la Jungfrau n’est toujours pas éclairci et les familles ne savent toujours pas qui dans l’armée en porte la responsabilité. De toute façon, Samuel Schmid a pris le large. Ne pas se cacher la réalitéNotre armée n’est plus en mesure de remplir la mission fondamentale de défense du pays. Contre qui d’ailleurs? Des douzaines d’armées s’entraînent chez nous et connaissent donc parfaitement le pays. Nous entretenons littéralement les «jours de porte ouverte» pour les soldats étrangers. L’argument que nous ne sommes entourés que de pays amis correspondait aux vœux de certains il y a dix ans, mais ignore les développements que nous observons depuis quelques années, notamment chez nos grands voisins. Qui imaginait en l’an 2000 que les Etats-Unis mettraient à la tête du pays un président qui se lancerait dans une guerre de 30 ans contre le terrorisme, alors qu’il est apparu lui-même comme le pire terroriste? Qui avait imaginé que l’Allemagne, après sa réunification, se lancerait dans une guerre, contraire au droit international, contre la Yougoslavie et s’affirmerait une nouvelle fois comme une puissance guerrière? Ignorer l’histoire, et la réalité, n’est pas sérieux avec une telle argumentation. Il est indéniable que le nouveau chef du DDPS va se trouver devant de grands défis, mais cela concerne aussi le Parlement et nous citoyennes et citoyens. Il s’agit de notre pays, de notre armée, de notre avenir. Nous devons clairement dire à nos parlementaires si nous voulons une armée et si oui, comment nous la voulons. Cela dépend de nous, de notre volonté et de notre engagement. C’est à nous d’exiger des parlementaires de tous les partis un débat honnête et ouvert. Souvenons-nous des paroles de Gottfried Keller dans «Das Fähnlein der sieben Aufrechten» (le fanion des sept braves), mises dans la bouche du maître tailleur Hediger: «Aucun gouvernement, ni aucun bataillon ne peuvent protéger le droit et la liberté là où le citoyen n’est pas capable de sortir devant sa maison pour savoir ce qui se passe.» • |