Est-ce qu’on crée un nouvel incident Tonkin?

Iran – USA

Selon des rapports du Pentagone il y a eu une confrontation dans la matinée du 6 janvier entre cinq vedettes rapides appartenant aux Gardiens de la révolution iraniens et trois navires de guerre de la marine des USA dans le détroit d’Ormuz. Les analyses de ces informations, faites par des spécialistes, montrent que cet incident aurait pu se développer en ­fusillade – un incident dont les partis de guerre à Washington ont besoin en ce moment pour réaliser les plans d’une guerre préventive contre l’Iran avant que Bush et Cheney ne quittent la Maison Blanche. L’armée américaine et les experts du service secret préviennent depuis longtemps que le danger d’une confrontation entre l’Iran et les Etats-Unis ne vient pas du programme nucléaire de l’Iran mais d’un éventuel incident – réel ou irréel – à l’entrée du golfe Persique dans le détroit d’Ormuz. Un ancien officier de haut rang du Centcom (c’est le commandement régional des Etats-Unis pour le Proche-Orient, l’Afrique de l’Est et l’Asie centrale) a parlé de la possibilité d’un nouvel «incident Tonkin» en faisant allusion aux fausses accusations contre le Nord-Vietnam à la fin des années 60, prétendant que le Nord-Vietnam aurait attaqué des navires de guerre des Etats-Unis dans le golfe de Tonkin. Le Congrès américain avait accepté par la suite une forte extension de l’engagement militaire dans l’Asie du Sud-Est. Des années plus tard, il s’est avéré que l’incident n’avait jamais eu lieu.
L’incident actuel a servi à George W. Bush de prétexte pour faire passer l’Iran une fois de plus comme «instigateur dirigeant derrière le terrorisme mondial» dont les «actions menacent partout la sécurité des nations» – ainsi a-t-il dit lors de sa visite à Abou Dabi. Mais, le 12 janvier, encore pendant la tirade de Bush, le haut commandement de la 5e flotte à Bahreïn a dû admettre que les informations concernant l’incident ne devaient pas être vraies. Des spécialistes d’interception ont confirmé plus tard que les menaces contre les Etats-Unis que les navires de guerre américains avaient écoutées par radio ne pouvaient provenir des vedettes rapides iraniennes. Le «Washington Post» a cité ­Karim Sadjapour, un Américain d’origine iranienne et spécialiste de la langue ­perse (Farsi): «L’accent semblait être celui d’un Pakistanais, d’un Asiatique du Sud-Est ou d’un Américain essayant de se faire passer pour un Iranien. La voix ne ressemblait pas du tout à celle d’un Iranien.» Un rapport dans le Navy Times du 11 janvier a cité la porte-parole de la 5e flotte en disant qu’on ne savait pas d’où les voix venaient, mais qu’elles étaient diffusées du sol plutôt que d’une vedette rapide iranienne. Un spécialiste s’est prononcé concernant l’incident en disant que s’il y a eu un tel incident cela aurait pu être le travail d’une unité spéciale essayant de provoquer un incident, d’après le mot d’ordre: «Les attentats terroristes dont nous avons politiquement besoin pour faire passer nos exigences, nous les mettons en scène nous-mêmes par manque de terroristes».     •

Source: Internationaler Hintergrundinformationsdienst für Politik, Wirtschaft und Wehrwesen.
Février 2008.
(Traduction Horizons et débats)

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