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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°26, 5 juillet 2010  >  Un mouvement d’humanité [Imprimer]

Un mouvement d’humanité

Le bénévole de la Croix-Rouge Dietrich Holle voudrait faire rayonner l’esprit d’Henry Dunant

Il n’y a guère de mouvement qui jouisse d’un tel prestige et donne autant d’espoir dans le monde comme le mouvement de la Croix-Rouge, fondé en 1863 par le Suisse Henry Dunant. Dans chaque pays, on connaît la Croix-Rouge ou le Croissant-Rouge, comme on appelle l’organisation créée en 1918 par les Etats arabes: on pense tout de suite à l’humanité et à l’amour du prochain. Et ce sont justement ces valeurs éthiques qui sont le secret de l’œuvre d’Henry Dunant, qui a développé une organisation mondialement garante de ces valeurs et qui s’investit depuis presque 150 ans pour tous les humains en état de détresse.

thk. L’année dernière, des dizaines de milliers de collaborateurs de la Croix-Rouge ont commémoré dans le monde entier la bataille de Solferino (juin 1859), dont naquit l’idée de la Croix-Rouge et de l’organisation humanitaire mondialement active. L’humanisme profondément ressenti du Suisse exceptionnel Henry Dunant avait déjà alors touché les hommes et avait mené à leur collaboration spontanée pour soigner les soldats blessés et traumatisés, qu’ils fussent amis ou ennemis, soulageant ainsi leurs souffrances. Les pa­roles souvent citées «tutti fratelli» (tous frères) devinrent le symbole d’un mouvement qui s’engageait totalement pour l’humanisme et rayonnait dans le monde entier.
Non seulement l’action spontanée d’Henry Dunant s’engageant comme commerçant étranger pour les soldats souffrants, mais aussi son attitude intérieure envers la vie humaine, ne laissaient pas les gens impassibles et les motivait à le soutenir dans son travail exigeant. L’humanité, noyau de chaque être humain, relie et met en branle jusqu’à ce jour les hommes à travers les continents, créant une solidarité dans la plus grande détresse, qui s’avère bienfaisante pour les concernés.

Symbole du maintien de la vie humaine

Cette année, à l’occasion du centenaire de la mort d’Henry Dunant, beaucoup de manifestations et cérémonies officielles sont prévues. Surtout dans la commune suisse de Heiden dans le canton d’Appenzell Rhodes-Exté­rieures (cf. Horizons et débats no 28 du 20 juillet 2009), le dernier domicile du fondateur de la Croix-Rouge, où une exposition est aménagée dans sa maison, et encadrée de diverses manifestations.
Au début du mois de juin, Swissmint, la fabrique fédérale de monnaie, a lancé une médaille commémorative avec le portrait d’Henry Dunant. Elle rappelle aussi la mort du fondateur il y a cent ans et son œuvre exceptionnelle.
Ce rayonnement qu’Henry Dunant et son mouvement de la Croix-Rouge ont jusqu’à nos jours, se montre dans beaucoup de pays. La Croix-Rouge est devenue le sym­bole du maintien de la vie humaine et bénéficie d’une grande confiance dans le pays et à l’étranger. Si aucune organisation humanitaire n’ose plus entrer dans une région de crise, ce sont les collaborateurs de la Croix-Rouge qui aident les hommes en péril dans des conditions très difficiles. A côté du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui est surtout connu pour son aide dans les guerres et les catastrophes naturelles de grande dimension, presque tous les Etats ont aussi des sections nationales de la Croix-Rouge, qui sont devenues indispensables dans la vie com­mune. Justement, pour les jeunes, l’engagement dans la Croix-Rouge est une expérience marquante et une formation de vie. S’intéresser au sort d’autrui, peu importe son âge, est la plupart du temps une expérience décisive et fortifiante. Les personnes qui se laissent toucher par le destin d’autrui et apportent de l’aide, auront une vie comblée. Pour un jeune, un engagement à la Croix-Rouge peut jouer un rôle important dans sa recherche d’un sens à la vie.

L’humanisme comme modèle

Dietrich Holle, de Lich en Hesse en Alle­magne, infirmier communal de 60 ans, ne peut que le confirmer. Son amour pour la Croix-Rouge commença dans un cours de premiers soins qu’il suivait à 14 ans. Depuis il est resté en relation avec la Croix-Rouge. «L’idée d’aider les autres me plaît aujourd’hui comme jadis.» Sa vocation est devenue sa profession, car depuis plus de 40 ans il s’engage dans la Croix-Rouge allemande comme infirmier volon­taire. Il recommande vraiment cette organisation comme grand admirateur d’Henry Dunant et de son humanité. «J’ai déjà fait la connaissance de Dunant comme adolescent.» Holle était membre du YMCA (CVJM). Il y rencontrait le nom de Dunant, qui est le fondateur du CVJM. «C’est l’aide sans exception que Dunant a vécue à Solferino qui m’a fasciné le plus. On doit aider celui qui est blessé ou touché, qu’il soit Autrichien ou Français. Cette grande philanthropie m’a beaucoup interpellé.»

Une salle pour la Croix-Rouge

Dans son appartement à Lich, il a dédié une salle de 16 mètres carrés à la Croix-Rouge et à son fondateur, Henry Dunant. La salle ressemble à un musée et le peu de place est décoré avec beaucoup de sujets de la Croix-Rouge. Dietrich Holle collectionne tous les objets qui sont en relation avec la Croix-Rouge et son fondateur. Il possède un grand nombre de biographies sur Dunant: sa bibliothèque en­tière de la Croix-Rouge contient plus de 150 œuvres. La plus ancienne remonte à 1900 et il continue de manière inlassable à compléter sa collection. Tout cela, il le fait sans un franc ou bien sans un cent de soutien, mais il le fait par «conviction inté­rieure». «Je vais dans les librairies d’occasion et sur les marchés aux puces pour voir si je peux trouver quelque chose d’extraordi­naire.» Il communique aussi avec le monde entier et il cherche des emblèmes, des aiguilles et d’autres bagatelles qui ont un rapport avec Henry Dunant ou la Croix-Rouge. En plaisantant, il dit: «Le port postal est le plus cher de mon hobby.» Il est également fier de ses nombreux objets d’exposition sur le don du sang. A côté d’un grand nombre d’aiguilles d’honneur, qu’il a collectionné dans le monde entier, il y a aussi une affiche de la Croix-Rouge suisse qui appelle au don de sang lors du Championnat européen de foot en 2008 en Suisse. Fièrement, Dietrich Holle raconte qu’il est en contact avec le Service de don de sang suisse et qu’il a des contacts étroits avec Berne et Genève. Il communique également avec un instituteur samaritain suisse qui lui a déjà donné beaucoup d’objets précieux relatifs à la Croix-Rouge. Pour Dietrich Holle le 14 juin est une date particulière, car en 2004, on a déclaré ce jour Journée mondiale du don de sang. «Ce jour, partout dans le monde, on donne du sang.»

Importance de la Croix-Rouge pour la jeunesse

Holle désire montrer l’importance de la Croix-Rouge aux jeunes et maintenir le souvenir de son fondateur. L’engagement humanitaire de personnalités importantes y joue un grand rôle. Il sollicite toujours le public en faisant des expositions sur la Croix-Rouge ou sur l’aide humanitaire et ainsi il sensibi­lise les gens sur ce sujet. Dans le «Licher Heimat­museum», il a installé une exposition sur Florence Nightingale, qu’on a ouverte juste le 12 mai, le jour des soins. Florence Nightingale est la femme pionnière des soins modernes. Son engagement dévoué lors de la Guerre de Krim lui a valu une grande adoration et elle est le modèle de beaucoup de gens. Henry Dunant dit aussi: «Elle fut mon modèle dans la bataille de Solferino où je devenais une grande aide.» Comme Henry Dunant, Florence Nightingale décéda en 1910.
L’année passée, Holle a organisé une grande exposition au sujet de «150 ans – la bataille de Solferino» et on lui a mis à disposition le drapeau italien de la Croix-Rouge. En novembre, Holle veut faire une exposition au sujet du «centenaire de la mort d’Henry Dunant». Le bureau communal de la Croix-Rouge à Wiesbaden lui a demandé d’orga­niser une exposition pour l’Assemblée des délégués qui y aura lieu. La Croix-Rouge des jeunes lui tient particulièrement à cœur et il relève la grande signification du sens de la vie qu’y trouvent les jeunes. En 1925 déjà, on a fondé une section de la Croix-Rouge des jeunes en Allemagne qui fut défendue sous Hitler et réactivée après la guerre. «Nous, les vieux, avons besoin des jeunes afin qu’ils continuent notre héritage. Nos jeunes en retirent également un sens de la vie, quand ils aident les autres et les plus faibles. Cela commence avec l’aide de proximité dans le voisinage. J’espère que nous, êtres humains, réussirons un jour à vivre ensemble en paix.»
L’exemple du bénévole, Dietrich Holle, impressionne. Ce serait une bénédiction si beaucoup de gens adoptaient le sens et l’esprit de la Croix-Rouge comme mesure de leurs actions. Notre monde serait différent!•