Horizons et debats > archives > 2010 > N°44, 15 novembre 2010 > Donner de l’espoir à une personne | [Imprimer] |
Environ 30 séniors – et quelques personnes qui le seront bientôt – aident à construire une étable à St. Antönien.
Werner Bardill est paysan corps et âme. C’est une condition indispensable si l’on veut faire marcher une exploitation. Or les petites étables anciennes sont inadaptées. En outre, elles ne répondent souvent pas aux directives en matière de protection des animaux. Si bien que les paysans de montagne où seul l’élevage est possible doivent choisir entre abandonner ou construire de nouvelles étables.
Werner Bardill a opté pour la seconde solution et, pour réduire les coûts, il a décidé de mettre sérieusement la main à la pâte. Malheureusement, les oppositions ont retardé le début de la construction, réduisant son maigre budget et entamant son courage. C’est pourquoi des artisans de Stäfa et des bénévoles lui sont venus en aide.
30 habitants de Stäfa ont répondu à l’appel du pasteur Roland Brendle afin de redonner espoir à Werner Bardill. Certains sont des artisans à la retraite tandis que d’autres sont encore pleinement engagés dans la vie professionnelle. Du 16 au 23 août, ces artisans – couvreurs, électriciens, menuisiers, charpentiers, carreleurs, serruriers, mécaniciens… et cuisinière – ont travaillé sur le chantier ou dans un entrepôt avec d’autres bénévoles. Ces derniers ont découvert peu à peu leurs aptitudes artisanales. Tout ce petit monde était motivé, d’autant plus que la fondation de la Caisse d’épargne de Stäfa, les fondations Linsi et Geschwister-Gut, de même que la ZKB (Banque cantonale de Zurich) de Stäfa et d’Hombrechtikon ont apporté leur aide financière.
Après quelque 150 journées de travail où l’on a mesuré, cloué, scié, raboté, vissé, fait des trous, aiguisé, tiré des fils et mis de l’ordre, Werner Bardill voit se dessiner la fin des travaux. Mais jusqu’à ce que les bêtes puissent occuper l’étable, il faudra encore installer le système d’abreuvoirs, construire les silos et réaliser l’enclos.
Cela représente encore beaucoup de travail pour le paysan mais le bout du tunnel est en vue. C’est pourquoi le paysan a manifestement retrouvé courage au cours de la semaine.
Le paysan de St. Antönien n’est pas un cas isolé. Depuis 2000 environ, 1250 exploitations agricoles ont disparu chaque année. De nombreux paysans doivent prendre une décision: abandonner ou construire du neuf. Ils ne peuvent pas être tous aidés par des bénévoles et pourtant les gens de Stäfa n’en ont pas conclu qu’ils n’étaient qu’une goutte d’eau dans la mer. Ils adoptent plutôt l’attitude d’Albert Schweitzer qui disait: «Tu ne peux pas changer le monde entier, mais tu peux donner de l’espoir à une personne.»
Source: Zürichsee-Zeitung du 31/8/10
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ds. La crise économique n’est pas encore maîtrisée. De nombreux spécialistes nous mettent en garde: les conséquences de la débâcle financière vont encore nous préoccuper longtemps. La reprise économique concerne surtout la Bourse et les marchés financiers qui reviennent, comme si rien ne s’était passé, à leurs opérations spéculatives risquées, lesquelles ont pourtant été à l’origine de la crise.
Il est donc d’autant plus nécessaire que nous nous demandions ce qui constitue la vie, que nous réfléchissions aux valeurs de fidélité et de foi qui restent ancrées dans la population, aux bonnes relations de voisinage, à l’entraide, comme nous le montre parfaitement l’exemple ci-dessus. Ce sont ces valeurs auxquelles il convient de redonner la priorité.
C’est le travail honnête des hommes qui crée des valeurs et maintient la vie et non pas les spéculations boursières. Ce sont les paysans, les ouvriers et les artisans qui assurent notre alimentation, construisent et entretiennent nos routes et nos maisons et non pas les spéculateurs qui écument des millions. On n’a pas besoin de ces derniers.
Notre société souffre d’une perte de sens et de cohésion. La croissance économique et la recherche du profit ne produisent pas de sens. Dans chaque village, on rencontre des jeunes gens qui ne savent que faire une fois leur scolarité achevée et qui, par ennui et absence de but dans la vie, succombent à des idées destructrices et sombrent dans la violence. Ce qui leur manque, c’est des perspectives.
Pourquoi les communes ne s’inspireraient-elles pas de l’exemple évoqué ci-dessus et ne développeraient-elles pas des concepts visant à les éloigner de la rue et à leur donner des perspectives et de l’espoir en leur proposant des activités utiles? Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de cabinets de conseil étrangers qui vantent les communes dans de coûteuses brochures sur papier glacé mais de citoyens qui ont les pieds sur terre et le cœur à la bonne place. •
(Traduction Horizons et débats)
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