En Mongolie, la Direction du développement et de la coopération (DDC) soutient les alliances volontaires des bergers

Entretien avec Andreas Stauffer, porte-parole du Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE)

Horizons et débats: Vous parlez d’une mission suisse «d’exploration» en Mongolie. De quoi s’agit-il en fait?

DDC: En Mongolie, suite à cet hiver particulièrement froid et neigeux, appelé «Dzud» par les Mongols, 1,7 millions de bêtes ont péri. Dans certaines régions, de nombreuses familles se trouvent dans une situation de détresse considérable à cause de la dureté de l’hiver. Pour mieux comprendre la situation qui prévaut dans les régions où la DDC est active, notre bureau de coordination DDC à Oulan-Bator y a envoyé un petit groupe de collaborateurs locaux. Cette mission a duré quatre jours.

Quel a été le but de cette mission?

On a constaté que les informations des différentes sources (gouvernement, organisations de l’ONU, autres donateurs de fonds) variaient assez, c’est pourquoi l’on a organisé cette mission dans les régions où sont situés nos projets. C’était le seul moyen de vérifier comment la situation se présentait en fait, spécialement dans ces régions.

Et quels en sont les résultats concrets?

La situation n’était pas la même dans les différentes familles. Certaines familles de bergers viennent d’ores et déjà (en Mongolie l’hiver durera au moins jusqu’à la mi-avril) de perdre la majorité de leurs bêtes. Or, pour beaucoup de familles, ces bêtes constituent la seule fortune dont elles disposent et le seul moyen de toucher un revenu. Si ces familles-là perdent leurs bêtes, elles se voient exposées à la détresse existentielle.

Quelles sont les conséquences pour l’aide de la DDC?

Depuis 2004 la DDC s’engage en Mongolie, avec des projets de développement. Il entre dans nos buts principaux de donner du soutien aux bergers afin qu’ils exploitent leur pâturages d’une manière plus durable et qu’ils sachent se préparer mieux à de tels hivers extrêmes. Il importe également de créer des possibilités alternatives de revenus, en vue d’une stabilisation du nombre total du bétail en Mongolie ou, mieux encore, d’une baisse de ce nombre. Concrètement, comme réaction à la détresse des bergers face à l’hiver en cours, la DDC est en train d’élaborer un projet qui vise à donner du soutien aux familles concernées.

Comment se présente l’aide concrète fournie aux bergers ovins en Mongolie?

Quant aux réactions générales, plusieurs pays, notamment les états limitrophes et ceux ayant des rapports économiques étroits, ont promis de l’aide à la Mongolie comme par exemple la Chine qui lui fournit des générateurs de courant électrique, des couvertures et des denrées alimentaires tandis que la Russie lui met à disposition des aliments pour bétail, des combustibles, des vêtements chauds et des médicaments. A part cela, plusieurs organisations internationales ont également promis de l’aide, tandis que l’ONU a diffusé un appel d’urgence (Flash Appeal) en élaborant différents projets d’aide directe aux bergers et susceptibles d’éviter de telles situations d’urgence dans l’avenir.
En ce qui concerne la réaction de la DDC, elle promeut le projet d’aide présenté ci-dessus, qui est en voie de réalisation et qui vise d’abord à donner aux familles de bergers qui se trouvent dans une situation d’urgence selon le cas des vêtements, du logement, de la nourriture ou de l’alimentation pour bétail. Ensuite, nous encourageons les mesures susceptibles d’améliorer la disponibilité de réserves en vue de l’hiver prochain, comme par exemple les pâturages de réserve et le foin.

Quels projets la DDC mène-t-elle actuellement en Mongolie?

La DDC soutient des projets en vue d’une amélioration du management des pâturages et de l’élevage (notamment par une amélioration des services de vétérinaires), des projets qui sont susceptibles de combattre l’avance du désert et qui sont à la base de la création d’un système national de semences de pomme de terre et d’une meilleure production et commercialisation de celles-ci, qui encouragent les petites et moyennes entreprises (par exemple par le biais d’un service de conseil au commerce ou par un accès plus facile à des crédits), qui améliorent la situation des familles vivant de petite exploitation montagnarde et finalement qui vont en direction d’un meilleur service des fonctionnaires face aux citoyens. Avec le projet «Green Gold», la DDC soutient l’association volontaires des bergers. Ces groupes qui réunissent l’en­semble des bergers d’une région élaborent des plans d’exploitation des pâturages qui per­mettent d’en profiter d’une manière durable. Les plans de rotation garantissent le ménagement de certains pâturages pendant l’été pour qu’ils puissent fournir l’alimentation du bétail pendant l’hiver. En plus, on désigne des territoires réservés à l’obtention du foin, tandis que certains groupes ont reconstruit d’anciens systèmes d’irrigations qui, après l’effondrement de l’Union soviétique, avaient été  délaissés.    •
(Traduction Horizons et débats)