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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2015  >  N° 8, 23 mars 2015  >  Prix Nobel de la paix pour Merkel? [Imprimer]

Prix Nobel de la paix pour Merkel?

par Eberhard Hamer

Le signataire a critiqué avec véhémence Angela Merkel lors de la crise financière parce qu’elle avait assumé, au détriment de ses électeurs allemands et des contribuables, la responsabilité pour des centaines de milliards d’euros dans le but de sauver des banques internationales ayant flambé d’énormes sommes d’argent et leurs pays débiteurs européens – cela pour obéir aux exigences de la haute finance internationale et en réponse à un appel téléphonique désagréable d’Obama. Ce qu’elle avait déclaré être à l’époque «la seule alternative possible» et ce que Schäuble n’avait pas compris («les garanties de prêts ne sont pas des paiements») se transforme actuellement, dans le cas de la Grèce, en dettes allemandes auxquelles plusieurs générations devront faire face.
Cependant, ce qu’Angela Merkel a entrepris concernant la crise ukrainienne force le respect. La chancelière sait parfaitement que le Maïdan tout comme la révolution orange auparavant et la crise ukrainienne sont actuellement les conséquences des activités des Etats-Unis et de leurs aspirations militaires de soustraire l’Ukraine à la sphère d’influence de la Russie afin de l’intégrer dans son propre empire. Le butin est déjà en train d’être distribué:
L’industrie alimentaire américaine (Mon­santo, Syngenta, Dupont) ont déjà pris possession de la moitié des zones fertiles de terres noires du pays. L’industrie pétrolière de l’Ukraine est dirigée par le fils du vice-président américain Joe Biden, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk et la ministre des Finances sont citoyens américains. Trois autres ministres, installés par l’étranger, sont des agents de la CIA et tout ce beau monde est aux ordres de la responsable américaine pour l’Europe orientale Victoria Nuland.
L’industrie américaine de l’armement et de nombreux leaders républicains exigent depuis longtemps que les Etats-Unis livrent directement des armes à l’Ukraine pour ensuite pouvoir intervenir, car l’industrie de l’armement des Etats-Unis possède des capacités inexploitées et 70% de l’économie productive du pays sont en lien avec des activités importantes pour l’armement.
Le fait que Merkel ait réussi à arracher au président Obama – lors d’un entretien de quatre heures et malgré cette politique, ces activités et ces intérêts américains – son consentement pour une mission de paix, est à lui seul un chef-d’œuvre. Le fait qu’elle ait par la suite encore impliqué le président français et conclut un accord qui, au moins dans un premier temps, empêche la guerre en Europe souhaitée par divers cercles américains doit être apprécié à sa juste valeur. Cela mérite le prix Nobel de la paix. Elle a en tout cas rendu plus difficile la tentative aux deux puissances mondiales de s’emparer de l’Ukraine et a, de manière crédible, représenté la volonté de paix des peuples européens.
Son courage est d’autant plus grand lorsqu’on prend en compte non seulement les oligarques corrompus de l’Ukraine mais aussi les séparatistes et avant tout l’armée américaine et l’industrie financière (Soros) souhaitant vivement une guerre. Ces forces ont tenté d’empêcher un succès de ces négociations, en transmettant leurs directives à leur homme de confiance Petro Porochenko.
Si l’Accord de Minsk tient plus ou moins, Merkel aura cependant empêché, pour le moment, une guerre en Europe grâce à sa démarche pacifique et courageuse.
Le fait que l’Allemagne et l’Europe doivent, outre la Grèce, également financer la nouvelle province américaine de l’Ukraine est probablement le prix à payer pour la paix.     •