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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°45, 10 novembre 2008  >  Les Suédois opposent une résistance à l’oppression de l’UE [Imprimer]

Les Suédois opposent une résistance à l’oppression de l’UE

Le 18 décembre 2007, la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) rendit un jugement négatif dans le procès concernant le blocage d’un chantier à Vaxholm, dans les environs de Stockholm. On y menait des travaux de rénovation dans une école. Une firme lettone, participant à ces travaux, sous-payait ses ouvriers et refusait de conclure un accord tarifaire avec le syndicat suédois du bâtiment. Du coup, le syndicat entreprit le blocage du chantier. Selon le jugement de la Cour de justice, la Suède avait contrevenu au principe de liberté de services du marché de l’UE.

Cette décision de la Cour de justice dans le cas Vaxholm (cf. Horizons et débats n° 25 du 23 juin 2008), fut un coup porté à tout le mouvement syndical, mais aussi aux chefs des syndicats et aux responsables de partis social-démocrates, qui s’étaient engagés, depuis 1994, à faire accepter en Suède le projet néolibéral de l’Union européenne.
Ce jugement Vaxholm est une agression contre les droits des salariés non-suédois et contre le modèle suédois de réglementation du monde du travail. Ce jugement ouvre la voie au dumping salarial et à l’exploitation des ouvriers sous-payés venant d’autres pays de l’UE. En fait, c’est aussi les droits des salariés suédois qui sont remis en cause. Ce n’est pas un hasard si l’association suédoise de l’économie se déclare très satisfaite de ce jugement.
Lors de la votation de l994 pour l’adhésion à l’Union européenne, les partisans de cette adhésion avaient prétendu qu’ils avaient reçu la garantie que le fait d’être membre de l’UE ne serait en rien une menace pour le modèle suédois du marché du travail. Mais cette déclaration suédoise unilatérale, utilisée avant la votation aussi bien par le syndicat que par l’association suédoise de l’économie, n’avait aucune valeur. Cela ressort très clairement du jugement de la Cour de justice dans l’affaire Vaxholm, ce qui devrait donner à réfléchir à toutes celles et tous ceux qui s’imaginent que le traité de Lisbonne, avec ses directives, pourrait protéger le modèle suédois dans le domaine du marché du travail.
Tant le jugement dans l’affaire Vaxholm que le traité de Lisbonne sont la preuve que l’UE reste un projet néolibéral, donnant la priorité aux objectifs économiques qui sont un grand marché économique, libéré de toute ingérence étatique, de toutes règles politiques et d’ententes syndicales.
De ce fait, il apparaît en Suède la volonté de faire remettre en question le traité de Lisbonne par le mouvement syndical et la social-démocratie. De toute façon il faut exiger une nouvelle négociation permettant d’assurer à la Suède, dans le traité et par une décision de droit, que les salariés étrangers, travaillant en Suède, jouissent de la même protection de la convention collective de travail que leurs collègues suédois. Donc la garantie même que les partisans de l’UE, notamment ceux avec le carnet du parti social-démocrate, ou mieux bénéficiant d’un emploi dans les syndicats, prétendent être incluse dans les accords signés avec l’UE.
Le journal suédois «Kritiska EU-Fakta» du 10 septembre estima que: «Dans tous les cas, il faut que celles et ceux, qui veulent protéger le système suédois du marché du travail et le droit national de décision, interviennent pour exiger que le Gouvernement et le Parlement s’opposent à l’UE et agissent ouvertement à l’encontre du jugement Vaxholm, en refusant de modifier la législation suédoise dans le sens de cette Cour de justice de Luxembourg qui affiche son esprit réactionnaire et arrogant.
Nous, les opposants à l’UE, soutenons toutes les actions d’opposition à l’UE et estimons que seul un retrait hors de l’Union européenne peut sauver le modèle suédois du marché du travail et la politique sociale; c’est bien ce que vient de prouver le jugement Vaxholm.
Nous partageons entièrement, dans cette affaire, l’opinion d’alors du vice-président du syndicat des travailleurs, Erland Olausson, qui avait estimé, il y a quelques années, dans le journal du syndicat, que si le jugement de la Cour de justice concernant le cas Vaxholm devait être en défaveur des travailleurs ‹alors les conditions mêmes de l’adhésion à l’UE seraient caduques, car, à mon avis, nous n’aurons plus de raison d’en faire partie.›»    •

Source: Kritiska EU-Fakta, N° 110, septembre 2008
(Traduction Horizons et débats)