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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°28, 14 juillet 2008  >  Sarkozy entre en scène [Imprimer]

Sarkozy entre en scène

fg. Depuis le 14 novembre 2001, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’efforce de libéraliser encore davantage le commerce mondial dans le cadre de ce que l’on appelle le cycle de Doha, en réduisant les barrières douanières opposées aux produits industriels et, surtout, les barrières opposées aux produits agricoles. La phase finale de ces négociations doit commencer le 21 juillet. Dès le 8 juin, le commissaire britannique au commerce extérieur de l’UE, Peter Mandelson, a mis en garde contre un échec: «En tant que bons multilatéralistes, nous donnons priorité, dans notre programme de mondialisation, à la conclusion ambitieuse et réussie du cycle de Doha. L’absence d’accord ébranlerait la confiance de l’opinion publique dans notre capacité à assurer une répartition équitable des avantages de la mondialisation. Elle pourrait renforcer le protectionnisme.»
Certes, on peut se demander si le paysan de la plaine du Pô ou de la Charente n’aurait pas tendance à se féliciter d’un tel échec, qui maintiendrait les barrières douanières protégeant son existence. Quoi qu’il en soit, les propos de Mandelson ne surprennent guère, puisqu’ils émanent d’un ancien collaborateur de Tony Blair, connu pour n’avoir pas traité les agriculteurs britanniques avec des gants. (On se rappelle l’abattage de milliers de bœufs prétendument contaminés qu’avait ordonné le gouvernement Blair.) Que le directeur général de l’OMC, le Français Pascal Lamy, lui fasse écho, ne surprend pas particulièrement.
D’autant plus intéressante est la prise de position de Sarkozy, qui accuse Lamy et, surtout, Mandelson, de «sacrifier l’agriculture européenne sur l’autel du libéralisme mondial». Selon lui, la conclusion du cycle de Doha réduirait la production agricole et les exportations agricoles de l’UE de respectivement 20 et 10% et diminuerait l’emploi agricole de 100 000 postes. A une époque où la famine s’exacerbe dans le monde, une telle perspective serait insupportable.
Jusqu’à maintenant, Sarkozy ne passait pas pour l’ennemi n°1 du libre-échange ni pour un partisan acharné du protectionnisme. Bien au contraire, il apparaît régulièrement, avec ses amis politiques Merkel et Bush, comme un des plus beaux fleurons du néo-libéralisme. Il faut donc considérer son engouement subit pour le protectionnisme agricole à la lumière de sondages défavorables et du Non des Irlandais au traité de Lisbonne. Dans ces circonstances, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE semblent avoir un intérêt à se profiler aux yeux de la population au détriment de la commission de l’UE. La nouvelle ennemie ainsi désignée pourrait envisager avec impatience la fin de la présidence française de l’UE, qui vient de débuter. Quant au protectionnisme agricole de Sarkozy et à ses soucis concernant la famine dans le monde, ils pourraient, par la suite, s’effacer aussi vite qu’ils ont pris corps.    •