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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°35, 7 septembre 2009  >  «Aider à s’aider soi-même» [Imprimer]

«Aider à s’aider soi-même»

Projet en Roumanie sous l’égide de la Famille Kolping de Weinfelden

par Karl Müller

km. Sans que cela soit connu d’un large public, il existe partout dans le monde des hommes et des institutions qui n’ont pas seulement formulé une éthique sociale et humaine mais l’ont mise en pratique dans de nombreux projets précieux tout à fait concrets.
A ce sujet, il convient de mentionner le l’Œuvre Kolping internationale ainsi que les 5800 familles Kolping de 60 pays. Ces deux pages de notre journal ne donnent pas seulement un aperçu de l’histoire, de l’organisation et des principes de cette institution mais présentent un exemple tout à fait concret, celui du Projet Roumanie de la famille Kolping de Weinfelden, en Suisse, pour montrer ce qu’on peut faire et ce qu’on fait réellement.


A l’automne 2009 ce sera parti: environ 50 Roumains arrivent en Suisse, en Thurgovie avec l’aide de la Famille Kolping de Weinfelden en Thurgovie. Ils y travailleront pendant 4 à 6 mois dans des exploitations agricoles pour y apprendre comment dans leur pays aussi remettre à flot une agriculture actuellement encore largement en jachère – et très accessoirement contribuer financièrement à cette tâche en transférant une partie de leurs revenus dans leur très pauvre pays.
Participent à cette initiative de la Famille Kolping de Weinfelden outre cette dernière le Centre de formation professionnelle et générale (Berufs- und Bildungszentrum, BBZ) d’Arenenberg, l’Union paysanne de Thurgovie (Verband Thurgauer Landwirtschaft, VTL), la Coopérative d’utilisation de machines et matériel agricoles de Thurgovie (Maschinen- und Betriebshelferring, MBR) ainsi que les organisations professionnelles des cultures fruitières, maraîchères et viticoles (Fachorganisationen Obst-, Gemüse-, Beeren- und Weinbau.)
En Roumanie l’Œuvre Kolping ainsi que la Mission pour les Eglises orientales de Roumanie, dont le siège est à Cluj, sont aussi de la partie.
Le Président bénévole de la Famille Kolping, Eric Reischmann, nous expose la genèse de ce projet dans une interview détaillée.
L’un des points forts des activités des Kolping est depuis longtemps la coopération internationale.
D’une part avec les voisins immédiats. Les Kolping ont par exemple une Conférence internationale du lac de Constance (Internationale Bodensee Konferenz, IBK). Depuis environ 50 ans des représentants des Familles Kolping du pourtour du lac, soit à l’heure actuelle entre 150 et 200 Suisses, Autrichiens et Allemands appartenant à 70 familles, se rencontrent dans ce cadre 3 à 4 fois par an à l’occasion de manifestations religieuses et sportives, mais aussi pour se former ensemble.
D’autre part il existe des partenariats avec des pays où les conditions économiques et sociales sont beaucoup plus difficiles et où l’Œuvre Kolping joue surtout le rôle de pays donateur en direction des pays d’Europe centrale. Mais là aussi le principe de base c’est: aider à s’aider soi-même.
Les partenaires Kolping de la Suisse sont la Bolivie, en Amérique du Sud, la Tanzanie, en Afrique et l’Inde, en Asie.
Parallèlement Erich Reischmann s’est avisé il y a plusieurs années déjà qu’en Europe aussi il existe encore des pays plongés dans la misère économique et sociale et de surcroît plus faciles à toucher directement. Dès 2001 il lui est apparu que la Roumanie en faisait partie, et il a immédiatement élaboré puis réalisé ses premiers projets d’aide humanitaire: d’abord une soupe populaire pour être sûr que les gens là-bas auraient au moins un repas chaud par jour. Ont suivi une deuxième soupe populaire, puis des aides lors des graves inondations des années 2004 et 2005, un soutien pour la formation de cuisiniers et de personnel de service dans la ville roumaine de Brasov – désormais autonomes grâce à l’Œuvre Kolping de Roumanie.
En juin 2009 une dizaine de Roumains qui avaient contribué à la création de l’Œuvre Kolping dans leur pays ont effectué une visite à Weinfelden. Ils ont montré un vif intérêt pour la formation professionnelle en Suisse, mais aussi pour le fonctionnement des communes suisses et l’exercice de la démocratie directe.
Peu après cette visite Peter Konrad du Centre de formation professionnelle et générale (Berufs- und Bildungszentrum, BBZ) d’Arenenberg eut l’idée d’inviter les Roumains en Suisse et de leur donner une formation en agriculture. Mais il fallut encore près d’un an pour que le groupe chargé du projet (6 personnes) puisse se rendre en Roumanie et l’exposer plus en détail; il devait être mis en œuvre à partir de l’automne.
Si le projet démarre bien, ce sont en définitive 300 Roumains qui auront la possibilité de venir se former, travailler et gagner de l’argent en Thurgovie.
Il va de soi pour Erich Reischmann que la légalité doit être rigoureusement respectée aussi bien en Suisse qu’en Roumanie. Les hôtes roumains bénéficieront en tout point du même traitement que les salariés suisses. Il n’est pas question ici de traiter, imitant la pratique répandue en EU, des travailleurs venus d’un pays pauvre selon le principe dit «du pays d’origine» et de les mettre ainsi en concurrence avec la main-d’œuvre autochtone.
La famille Kolping de Weinfelden n’est pas un agence pour l’emploi, mais a pour seul but de permettre à des Roumains d’améliorer leurs conditions de vie dans leur propre pays.
Les Roumains doivent toutefois être membre de l’Œuvre Kolping en Roumanie. C’est un moyen de soutenir aussi les Kolping du pays partenaire. Ce qui ne signifie pas que seuls des Roumains catholiques peuvent venir en Suisse Les Kolping, souligne Erich Reischmann, sont ouverts à des gens de toute confession, pourvu qu’ils respectent les principes de l’Œuvre.
Ainsi tous les participants y gagnent: les Roumains qui viennent chez nous peuvent se former et ensuite utiliser leurs connaissances chez eux, ce qui est d’une grande importance pour eux et leur pays; les exploitations agricoles suisses embauchent une main-d’œuvre de très bon niveau – elles ont déjà fait les meilleures expériences avec des travailleurs roumains – et l’Œuvre Kolping reçoit un soutien dans son excellent travail.
Plus encore: ce projet contribue aussi au rapprochement entre les peuples à la solidarité entre Européens et – last but not least – à abattre les préjugés.
Mais cela ne peut pas se faire seulement dans des bureaux.
Il y faut un engagement d’homme à homme, des rencontres concrètes. L’important, dit Erich Reischmann, c’est la façon d’aborder les autres. Lui-même est à nouveau reparti en Roumanie.    •

L’Œuvre Kolping

km. L’Œuvre Kolping est une association catholique internationale dont le siège est à Cologne. Son nom renvoie à Adolf Kolping (1813–1865).
Elle est actuellement présente dans plus de 60 pays. Avec ses 450 000 membres regroupés en 5800 familles Kolping elle compte au nombre des plus importantes œuvres catholiques.

Les origines

Au début l’Œuvre Kolping était une communauté de compagnons itinérants. En 1847 Kolping devint le deuxième président de cette association, fondée par Johann Gregor Breuer. Très rapidement elle créa ses propres Caisses de maladie et d’épargne et édifia des maisons pour les compagnons. En 1864 l’évêque de Mayence, von Ketteler qualifia les compagnonnages de «contribution catholique à la réponse à la question ouvrière. Le facteur social de ces associations était pour lui le «principe coopératif» habité par «l’esprit du christianisme.»

A l’heure actuelle

De nos jours l’Œuvre Kolping et ses familles locales s’engagent entre autres dans la formation de la jeunes et des adultes, les projets humanitaires dans le Tiers Monde et dans le travail des catholiques auprès des jeunes et des personnes âgées.
Depuis 2008 Ottmar Dillenburg est Praeses de l’Œuvre Kolping en Allemagne. Le Praeses fédéral de l’Œuvre Kolping en Autriche est Gerald Gump. Le Praeses général suisse est Eduard Birrer et le Président général de l’Œuvre Kolping Internationale, depuis 2002, Mgr. Axel Werner.