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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°11, 18 mars 2013  >  Un premier pas pour protéger l’économie de marché contre un abus manifeste venant de l’intérieur [Imprimer]

Un premier pas pour protéger l’économie de marché contre un abus manifeste venant de l’intérieur

Au sujet de la votation fédérale du 3 mars 2013 sur l’initiative «Contre les rémunérations abusives»

par Hansrudolf Schmid*

68% des votants suisses ont approuvé un complément à la Constitution concernant les rémunérations des «top managers». Le verdict de dimanche dernier a été clair: les actionnaires des entreprises cotées en bourse vont pouvoir participer de manière contraignante aux décisions concerant les rémunérations.
Toutefois beaucoup de commentaires au sujet de cette initiative sont au mieux déconcertants. Une mesure, qui est pensée être libérale, est qualifiée de «restrictive», de «réductrice de la rémunération des managers» et «pas favorable aux entreprises». Le fait que la solution suisse est mise en relation avec la proposition de l’Union européenne de plafonner les rémunérations des banquiers, est trompeur et cache ses véritables mérites.
Les Suisses n’ont pas voté pour miner leurs droits libéraux des collectivités. Tout au contraire, ils ont fait un pas pour ­protéger l’économie de marché contre un abus manifeste venant de l’intérieur. Des managers d’entreprises et tous ceux qui dépendent d’eux ont corrompu le système. Rien que le fait que leurs intérêts sont communément confondus avec ceux de l’entreprise représente une preuve pour cet aspect.
Des cadres dirigeants ont exploité la vacance du pouvoir, qui s’est développée au cours du temps, parce que les propriétaires de grandes entreprises avec une base actionariale disséminée étaient devenus faibles. Il était temps d’augmenter la responsabilité des managers face aux actionnaires. Peut-être que ce n’est pas avantageux pour les cadres dirigeants mais cela renforce ceux qui les financent et qui doivent assumer les risques pour les affaires.
Du point de vue d’un capitaliste cette votation est en faveur des entreprises. En outre, les Suisses ont toujours été des régulateurs prudents. Les rémunérations des cadres dirigeants ne seront ni fixés ni limités par le gouvernement. Toutefois le «Tu ne dois pas voler» est assez essentiel pour être renforcé. «Demande, avant de te servir» fait partie des premières règles que nous enseignons à nos enfants. Malheureusement, les top mangers des grandes entreprises doivent de nouveau être enseignés.
La prise du pouvoir par les élites grassement payées dans le monde développé n’est probablement que la partie visible de l’iceberg. Tout comme les actionnaires qui se demandent si les cadres dirigeants travaillent pour eux, les gens se demandent de plus en plus souvent si les politiciens, les gouvernements et les banques centrales ont en vue leurs intérêts.
Plus l’effet de levier augmente dans le système mondial, moins les intérêts des décideurs dans les domaines de l’économie et de la politique correspondent aux intérêts du public. Les opérations de sauvetage massives, d’abord pour des entreprises privées, puis pour des pays entiers, ont donné le ton. L’inflation, qui va affecter les revenus réels de la classe moyenne, est envisagée comme le chemin le plus simple pour sortir du fiasco financier.
La Suisse est bien équipée pour aborder les questions de délégation plus rapidement que d’autres. Le droit de vote concernant les initiatives populaires donne aux Suisses la possibilité – quand cela est nécessaire – de s’opposer aux élites qui se servent sans rien demander.
La réputation de la Suisse se base sur la défense des libertés individuelles et des droits de propriété. Une fois de plus, les citoyens suisses ont protégé la Constitution libérale de leur pays. Le monde entier en prend connaissance.    •

Source: South China Morning Post/Homepage
Comité d’initiative: www.remunerationsabusives.ch
(Traduction Horizons et débats)

* Hansrudolf Schmid est président du HSZ Group, Hong Kong, et membre du comité de soutien à l’initiative et du comité de www.superbonus2013.ch