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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°18, 10 mai 2010  >  Le manque de sens des responsabilités n’est pas uniquement un problème de l’armée [Imprimer]

Le manque de sens des responsabilités n’est pas uniquement un problème de l’armée

thk. L’acquittement des guides de montagne qui est devenu définitif ces jours-ci est difficile à supporter pour les familles endeuillées. Le comportement du commandement de l’armée sous l’ex-chef de l’armée Christophe Keckeis et de son supérieur, Samuel Schmid, a été – concernant les événements à la Jung­frau – marqué par l’irresponsabilité et l’indolence. Personne ne voulait assumer la responsabilité des événements et ainsi l’on s’est tu ou empêtré dans des contradictions et l’on a invoqué notoirement la présomption d’innocence. Pour les familles concernées ce n’était pas une consolation. Ce n’est que grâce à leur opposition que le Département de la dé­fense, de la protection de la population et des sports (DDPS), dirigé à l’époque par Samuel ­Schmid, s’est trouvé sous pression grandissante. Mais au lieu d’assumer la responsabilité de l’accident, on a essayé de mettre tous les torts sur le dos des victimes: un faux-pas aurait déclenché la catastrophe et d’autres absurdités furent avancées. Jusqu’aujourd’hui il n’est pas éclairci et selon les déclarations des proches le tribunal ne s’est pas intéressé à savoir qui a donné l’ordre définitif d’ascension de la montagne. Selon la version officielle, ce fut «une décision démocratique».
Dans une armée dirigée, il ne s’agit pas d’opinions ou d’avis personnels qui pourraient être susceptibles de réunir une majo­rité ou non, mais bien d’un commandement de la part de supérieurs qui, à cause de leur plus grande expérience, doivent endosser la responsabilité pour d’autres hommes et qui par là-même ont toute la responsabilité de leurs actes. Cette responsabilité n’est pas seulement une distinction de leur expérience et intégrité, mais aussi une obligation envers les hommes qui leur sont confiés.
Tout ce qui s’est passé ce jour-là doit finalement être justifié par les supérieurs. Mais lors du débat devant le tribunal il n’en a plus été question.
Quand un automobiliste cause un accident parce qu’il n’a pu s’arrêter à temps à cause d’une plaque de verglas inattendue, il est considéré comme juridiquement responsable et sera jugé. «Non-maîtrise du véhicule» et «non-adaption de la vitesse» sont des paragraphes dans la loi sur la circulation routière. Cela va de soi.
En ce qui concerne l’accident de la Jungfrau, une lacune éclatante est visible: La responsabilité est déléguée aux circonstances, et les responsables sont ainsi libérés de leur responsabilité. L’enseignant, dont un élève a glissé sur un champ de neige lors d’une excursion au Hohen Kasten et qui est mort à la suite de cette chute, a bien sûr dû en assumer la responsabilité et a été condamné par le tribunal (cf. l’encadré). Pourquoi les mêmes règles ne valent-elles pas à l’armée? Des jeunes gens doivent avoir confiance en leur supérieur et doivent être sûrs de pouvoir se fier à eux. Dans l’accident de la Jungfrau, la confiance a abouti à une catastrophe, bien que la sécurité des recrues doive figurer en premier lieu.
Pourtant le manque de sens des responsabilités n’est pas seulement un problème de l’armée, mais il concerne la société tout entière. Si des supérieurs n’assument plus leurs responsabilités en acceptant leurs fautes, ­comment pouvons-nous l’attendre du reste de la société? Notre démocratie directe se base justement sur un haut degré de responsabilité. Seul celui qui assume ses responsabilités sera un partenaire égal dans notre communauté. Si cette attitude fait défaut, la démocratie directe est en danger.
Ce qu’un véritable sens des responsabilités signifie est montré dans le livre de Markus Somm au sujet d’Henry Guisan. On y explique de manière calme et fondée ce que cela veut dire d’assumer la responsabilité et cela à une époque, qui exigeait un énorme effort de la part des gens. Celui qui veut développer le sens des responsabilités chez les jeunes d’aujourd’hui doit donner un autre exemple que celui du drame de la Jungfrau et du débat y relatif au ­tribunal.    •

Tribunal fédéral: Le guide porte la responsabilité

hd. Lors du jugement contre un enseignant à cause de la mort d’un de ses élèves au Hohen Kasten, on a explicitement pris pour sujet le devoir de faire volte-face avec toute la classe et l’on en a fait la justification du jugement: Dès que le professeur eût constaté que l’élève n’était pas en bonne condition, il aurait été de son devoir de diligence de faire demi-tour avec toute la classe.
(Traduction Horizons et débats)