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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°36, 20 septembre 2010  >  Questions posées aux candidats au Conseil fédéral [Imprimer]

Questions posées aux candidats au Conseils fédéral

Défendez-vous l’idée d’une Suisse pays de la démocratie directe, de la subsidiarité et du fédéralisme?

Johann Schneider-Ammann (PLR):

Oui, bien sûr, avec cœur et conviction. La structure de bas en haut, de l’individu à la Confédération en passant par la commune et le canton, fait partie de notre modèle effi­cace. Notre société ouverte, dans la démocratie la plus directe du monde, avec l’initiative et le référendum, constitue un autre élément de cette réussite. Certes, les prises de décisions durent plus longtemps et sont plus coûteuses qu’ailleurs mais cet inconvénient est compensé par la stabilité de notre système fédéraliste équilibré.

Karin Keller-Sutter (PLR):

Oui. La démocratie, la subsidiarité et le fédéralisme sont les piliers essentiels de notre pays qui s’est construit et développé de bas en haut. Dans une nation née de la volonté populaire comme la Suisse, le fédéralisme en est un élément intégrant.

Brigit Wyss (PES):

La Suisse est par excellence une nation née de la ­volonté populaire et constituée de quatre cultures différentes. La démocratie directe et la structure fédéraliste permettent une coexistence sans conflits importants.

Jean-François Rime (UDC):

Naturellement. En tant que membre de l’UDC, je pense que nous devons défendre notre démocratie directe, avec ses droits d’initiative et de référendum. C’est pourquoi je suis résolument opposé à une adhésion à l’UE.

En tant que Conseiller fédéral reconnaissez-vous la neutralité armée perpétuelle comme maxime d’Etat de la Suisse?

Johann Schneider-Ammann (PLR):

Oui. Et comme il en est ainsi, je tiens beaucoup à l’armée de milice parfaitement équipée et formée.

Karin Keller-Sutter (PLR):

Oui, la Suisse est un pays neutre, mais la neutralité ne signifie pas que le pays ne doive pas offrir ses bons of­fices et jouer un rôle important dans les processus de médiation.

Brigit Wyss (PES):

En vertu des articles 173 et 185 de la Constitution fédérale, l’Assemblée fédérale et le Conseil fédéral doivent prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité extérieure, l’indépendance et la neutralité de la Suisse. La neutralité est un moyen important de sauvegarder la souveraineté du pays. Cette neutralité perpétuelle et solidaire a fait ses preuves en tant que maxime de notre politique étrangère et de sécurité.

Jean-François Rime (UDC):

Oui, je suis pour la neutralité armée, contre les engagements militaires à l’étranger et je lutte contre l’initiative pour la protection face à la violence des armes. Je fais partie du comité  contre cette initiative sur laquelle nous allons voter en février de l’année prochaine.

Défendez-vous l’idée d’une Suisse humanitaire des bons offices et dépositaire des Conventions de Genève?

Johann Schneider-Ammann (PLR):

Oui. Je suis fier d’appartenir à un Etat qui offre depuis longtemps ses bons offices et s’est acquis ainsi le respect du monde entier.

Karin Keller-Sutter (PLR):

Oui, bien sûr. Les bons offices ont valu à la Suisse d’être très appréciée. En tant que petit pays neutre, nous sommes très bien placés pour jouer ce rôle car nous ne sommes pas ressentis comme des concurrents par les grands pays.

Brigit Wyss (PES):

Depuis des siècles, des per­sonnes persécutées pour leurs opinions religieuses ou poli­tiques ont cherché et trouvé refuge en Suisse. La tradition humanitaire est ancrée dans la population suisse; elle fait partie de notre identité.

Jean-François Rime (UDC):

Oui, je défends cette idée. Nous sommes solidaires des pays en difficulté.

Que dites-vous à propos de la sécurité et de la souveraineté alimentaires ainsi que de l’approvisionnement économique du pays?

Johann Schneider-Ammann (PLR):

Toutes les sociétés, y compris la Suisse, font bien de se préparer en tout temps à tous les scénarios imaginables. Ce que l’on croit certain aujourd’hui peut être ébranlé demain. Il faut pouvoir en tout temps assurer l’approvisionnement économique du pays de même que la souveraineté et la sécurité alimentaires.

Karin Keller-Sutter (PLR):

La Suisse doit continuer de disposer d’une agriculture productive. Mais en raison de la diminution des surfaces agricoles et de la croissance démographique, la sécurité alimentaire ne peut plus être assurée sans importations.

Brigit Wyss (PES):

La souveraineté alimentaire signifie que la Suisse déter­mine elle-même sa politique agri­cole. Les crises alimentaires des dernières années ont montré combien il est important de conserver une production indigène. Une stratégie de souveraineté alimentaire contribue donc à la stabilité sociale et économique de la Suisse.

Jean-François Rime (UDC):

Naturellement, la souveraineté alimentaire est très importante, de même que la sécurité alimentaire. Notre degré d’autosuffisance est actuellement d’environ 60% et nous ne devrions en aucun cas descendre plus bas. Aussi suis-je opposé à un accord de libre-échange agricole avec l’UE car il mettrait en péril notre agriculture. Je suis également contre un accord agri­cole avec l’OMC. Je connais bien la question de l’approvisionnement économique du pays. J’ai été 15 ans responsable de l’approvisionnement en bois de l’armée et de la protection civile dans le cadre de l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays.


Songez-vous parfois à l’importance que pourrait avoir pour les régions en guerre ou en crise le modèle suisse avec ses langues, ses cultures, ses religions diverses et ses moyens d’agir en souplesse sur les problèmes concrets grâce à l’initiative et au référendum?

Johann Schneider-Ammann (PLR):

La réussite du modèle suisse me vient de temps en temps à l’esprit lorsque je songe à l’une ou l’autre des regions mondiales. La Suisse que nous connaissons aujourd’hui s’est construite pendant des siècles et des générations. Grâce à notre aide, j’espère que l’on peut ici ou là créer des situations plus stables fondées sur la transparence et la tolérance.

Karin Keller-Sutter (PLR):

Oui. Lors de la Conférence internationale sur le fédéralisme qui a eu lieu il y a quelques années à Saint-Gall, la Suisse a montré l’importance du fédéralisme pour la coexis­tence de différentes cultures dans notre pays. Dans le cadre du dia­logue international sur le fédéralisme, j’ai déjà participé à des processus de médiation où il s’agissait de proposer des solutions fédéralistes à des nations déchirées.

Brigit Wyss (PES):

On ne peut pas imposer des modèles, y compris des mo­dèles politiques, aux autres cultures.

Jean-François Rime (UDC):

Prenons la Yougoslavie. Nous pouvons naturellement dire ce que nous avons réussi à faire depuis des siècles, mais la question se pose de savoir si elle va en profiter. Quand on voit par exemple ce qui se passe actuellement en Belgique, cela paraît problématique. Nous avons, à l’Université de Fribourg, un Institut du fédéralisme et il est constamment à la disposition de représentants de divers pays d’Afrique et d’Asie. On peut toujours montrer et expliquer ce que nous faisons, mais il n’est pas certain que cela soit efficace.


Quelle est votre attitude à l’égard de la souveraineté de la Suisse en faveur de laquelle nos ancêtres se sont engagés politiquement et pour la­quelle ils se sont également battus pendant des siècles?

Johann Schneider-Ammann (PLR):

Pour moi, la Suisse est et continuera d’être un Etat souverain. Nous ne devons pas laisser remettre en cause cet acquis. Les accords bilatéraux ont prouvé que nous pouvons organiser nos relations avec les pays voisins dans l’intérêt des deux parties et sans perte de souveraineté.

Karin Keller-Sutter (PLR):

La Suisse est un Etat souverain qui peut définir son droit et ses règles du jeu. Cependant, en raison des interpénétrations internationales en économie, la collaboration politique avec l’étranger s’est intensifiée. De nombreuses questions, comme la lutte contre le changement climatique et le problème des flux migratoires ne peuvent pas être maîtrisées par un seul Etat.

Brigit Wyss (PES):

La Suisse, Etat démocratique moderne, est souverain. Mais dans un monde de plus en plus globalisé avec toutes ses dépendances réciproques, il n’y a pas de souveraineté absolue.

Jean-François Rime (UDC):

Oui, bien sûr, je lutte pour cela. C’était le contenu de mon discours du 1er août. Nous devons voir ce qui a fait notre succès par le passé, mais en raison de l’évolution de la situation, nous devons procéder à certains ajustements. Naturellement, l’UE est un partenaire différent des 27 Etats pris séparément. Mais d’une ma­nière générale, nous devons continuer d’appliquer les recettes qui se sont révélées efficaces.