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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°3, 21 janvier 2008  >  Grenier de l’artisanat manuel [Imprimer]

Grenier de l’artisanat manuel

Démonstration de cardage à Huttwil à la ferme de l’arche de ProSpecieRara

par Hedwig Schär

Au beau milieu de la Suisse, à Schwarzenbach près de la petite ville bernoise de Huttwil se trouve une ferme impressionnante. C’est la ferme de l’arche de ProSpecieRara avec un espace de cardage pour la démonstration. Elle a été créée peu à peu au cours de ces dernières 26 années.

C’est un exemple frappant montrant comment la diversité de l’artisanat et des anciennes races d’animaux est conservée soigneusement et encouragée à notre époque d’appauvrissement des traditions. Aujourd’hui, dans la ferme de l’Arche vivent des poules ­suisses, des canards de Poméranie, des moutons ­«miroir», des moutons «skudde», des moutons roux du Valais et des porcs laineux, toutes des races d’animaux en voie de disparition. Mais il y a aussi des moutons de Jacob, des chameaux, des lamas, des chèvres ­mohair, un âne et des chiens bergers. Tous ces animaux peuvent être vus et observés.
Dans cette ferme il y a un monde à découvrir. Elle est devenue au cours des années une bergerie à moutons abritant une centaine de moutons et un lieu spécialisé dans le traitement de la laine.
En 1981, Monsieur Grädel, le directeur de l’exploitation et sa sœur ont fondé le Grenier de l’artisanat manuel. En 1973, suite à la crise du pétrole, on a dû économiser le mazout et l’on portait davantage d’habits chauds. Il y avait alors une grande demande de laine cardée. A la BEA 1981, une exposition de l’agriculture à Berne, le traitement de la laine a rencontré un grand intérêt et ainsi les Grädel ont organisé une journée portes ouvertes. De là est née la tonte de moutons de Huttwil qui a toujours lieu l’avant-dernier samedi du mois d’octobre et attire beaucoup de monde de toute la Suisse.
Monsieur Grädel est diplômé d’une école d’agriculture et il a recommencé à s’occuper lui-même de la ferme parentale qui avait été louée pendant 25 ans après la mort de son père. Comme il ne pouvait pas trouver de branche rentable, il a commencé l’élevage des moutons. Dans cette région, où l’on élevait surtout des vaches on le prenait pour un fou. «Bien sûr que je suis fou, (jeu de mots en allemand: spinnen veut dire être fou ou filer la laine) et «zum spinnen» il faut de la laine, et c’est pour cela que j’élève des moutons.» L’exploitation s’est développée peu à peu. Il n’aurait jamais dit que quelque chose était impossible mais toujours: «Voyons voir si cela peut se faire», qu’il a raconté. Le 24 juin 2006 la ferme de l’arche ProSpecieRara a été fondée pour l’élevage de races d’animaux rares.
Ainsi, à ce jour, une exploitation a été créée dans laquelle travaillent, à part lui et sa femme, quatorze employés à plein temps et à temps partiel, et deux apprentis. L’exploitation comprend l’élevage d’animaux, la démonstration de cardage où chaque étape – brute, lavée, cardée, et filée – du traitement de la laine est montrée, la fabrication et la distribution de lits et de matériel de lits en laine, un magasin avec d’innombrables peaux, des produits en laine et d’artisanat, un café avec kiosque, un petit restaurant pour des groupes et des associations (sur rendez-vous), la gestion de stands de marchés, des cours, et même la possibilité de dormir dans une yourte mongole.

Le traitement de la laine

A la ferme, on montre tout le processus du traitement de la laine dans la pratique.
La tonte a lieu une fois par année. Pour ce travail le tondeur a besoin de beaucoup d’expérience et de sensibilité. La laine doit être coupée le plus près possible de la peau, pour que le poil soit aussi long que possible, mais il ne faut pas blesser les moutons. La toison doit garder sa cohésion naturelle et ne doit pas être déchirée. C’est un événement de pouvoir observer une tonte de mouton! Les animaux attendent patiemment leur tour dans un enclos et on va les chercher l’un après l’autre pour la tonte. Le tondeur empoigne le mouton fermement de la tête et commence la tonte, il coupe la laine aussi aux endroits délicats. Quand l’animal commence à gigoter, il le calme de la voix et tout de suite le mouton laisse poursuivre la procédure. Les animaux ne doivent pas s’énerver pendant la tonte, car s’ils suent la laine perd en qualité, elle jaunit si elle est emballée humide. La tonte se fait une fois par année, en automne, avant que les animaux retournent à la bergerie. Cela pour deux raisons: la place et la qualité. Quand la toison a dix centimètres d’épaísseur, il faut vingt centi­mètres de plus de place par animal. Avec dix animaux, la bergerie devrait déjà être plus grande de deux mètres. La laine est belle propre après l’été passé dehors, et si les animaux viennent à la bergerie avec leur toison épaísse, il pourrait y avoir ensuite de la paille qui s’y incruste. Au printemps, quand les moutons vont de nouveau dehors, la laine a déjà un peu poussé et les animaux n’auront pas de coup de soleil.
Après la tonte, la laine est évaluée par un expert. La laine la plus fine se trouve aux épaules du mouton et sur les côtés. Au ventre et aux cuisses, la qualité est moins bonne parce que le mouton se couche sur la laine. La qualité dépend aussi de la race, du sexe, de l’âge, du climat, de la nourriture et de la qualité de l’élevage. Dans les régions au climat rude, il y a un mélange de laine plus grossier. Dans les climats humides, la laine est plus longue et grossière. Les régions montagnardes produisent une laine fine et crépue. L’agneau a la laine la plus fine lors de la première tonte. Les brebis ont une laine plus fine que le bélier.
L’étape suivante est le lavage de la laine. Cela se fait avec un produit spécial de lessive fine. La laine doit seulement être pressée à la main ou tassée au pilon mais jamais frottée, sinon elle se feutre. Ensuite la laine est essorée et étendue dehors sur le sol propre ou, s’il pleut, dans une grange, et aérée sur des grilles. En aucun cas elle ne doit être séchée au soleil.
La procédure suivante est le cardage. Simplement dit: il faut peigner la laine. Si c’est fait à la main avec une cardeuse à main, c’est un grand travail, il existe cependant de petites machines à carder à fonctionnement manuel pour l’usage domestique. A l’artisanat du grenier ils ont trois grandes machines à carder électriques qui produisent sur beaucoup de rouleaux une toison large d’un à deux mètres. La première cardeuse, de 1893, Monsieur Grädel l’a trouvée par une annonce dans «Tierwelt». Elle a plus de cent ans et fonctionne toujours. Une autre machine, il a pu aller la chercher, mais il a dû la démonter lui-même et l’amener, autrement elle aurait fini aux vieux métaux. Les machines sont révisées régulièrement, aiguisées ou, si nécessaire équipées à neuf, pour faire toujours du bon travail. A la ferme, 15 tonnes de laine lavée sont cardées par an, ce qui équivaut à la laine de 5000 moutons.

Ce qu’on peut faire de la laine

A partir de la toison qui est alors à la bonne largeur, on fabrique des duvets et des coussins entièrement en laine de moutons suisses.
A part la fabrication de couvertures, la laine peut être filée et ensuite tissée ou tri­cotée. Une autre possibilité est le feutrage. A la ferme de l’artisanat du grenier tous les produits bruts sont à acheter. Il y a des toisons de laine pour le feutrage de toutes les couleurs en grande quantité, des rouets de ­toutes ­sortes et grandeurs, de la laine à tricoter de chaque épaísseur et qualité. Rien qu’à voir toutes ces belles choses, on est invité à travailler la laine.
A la ferme, on peut aussi suivre différents cours de feutrage, de tissage à la main et des rencontres de fileuses.

La laine – un produit naturel

La laine est un magnifique produit naturel. Comme elle a poussé dans notre climat, elle possède d’excellentes propriétés pour nos habits et nos lits. Les fibres de laine sont autonettoyantes. Une veste en pure laine peut être suspendue dehors pendant la nuit et toutes les mauvaises odeurs de restaurant de la veille disparaissent! La laine est de par sa structure très bien supportée par la peau. La laine tient chaud en hiver et rafraîchit en été. Elle est difficilement inflammable, elle isole et règle l’échange de l’humidité car elle peut ab­sorber jusqu’à 50 % de son poids d’humidité et la rendre. La laine est un matériel excellent contre les rhumatismes.
Monsieur Grädel nous l’explique par l’exemple du chameau. Les chameaux qui vivent dans le désert sont exposés à d’énormes différences de température – le jour ­jusqu’à 50 °, la nuit jusqu’à -20 °. Grâce à leur capacité d’adapter leur température corporelle mais avant tout par la protection de la laine épaísse, ils supportent ces différences de température sans problèmes.
Malheureusement, en Suisse, un tiers de la laine produite par les moutons finit dans les usines d’incinération. Avec le reste on fabrique du matériel d’isolation pour des maisons, des vêtements et du matériel pour les lits. Ce n’est pas compréhensible que si peu de gens portent des vêtements en laine. «De mon point de vue, c’est une catastrophe que la plupart des gens s’habillent de vêtements issus du pétrole, alors que chez nous on brûle une partie de la laine tondue», dit ­Monsieur Grädel.
Une visite est toujours possible pour ­toutes les familles et pour tous ceux qui s’intéressent à ces thèmes. Tout le processus et les animaux sont décrits sur des panneaux, ou bien les personnes qui y travaillent expliquent volontiers. Ce qui est surtout à recommander est la tonte des moutons, qui a toujours lieu l’avant-dernier samedi du mois d’octobre.    •

ProSpecieRara-Ferme de l’Arche Artisanat manuel du Grenier SA
Untere Bäch 420, 4953 Huttwil/Schwarzenbach
Téléphone: +41 62 962 11 52, Fax +41 62 962 11 60
Info@spycher-handwerk.ch, www.kamele.ch
Quand on vient en train, on peut descendre à l’arrêt «Sportzentrum».

ProSpecieRara
ProSpecieRara est une fondation suisse à but non lucratif. Elle a été fondée en 1982 pour préserver les races d’animaux de rente et les plantes de cultures menacées d’extinction.
Son champs d’action est le sauvetage et le maintien de la diversité biologique et de la diversité culturelle, de rendre possible l’accès libre aux races menacées et aux semences de plantes en danger, d’assurer les bases de notre approvisionnement, et le rassemblement du savoir dans l’assurance durable de la diversité par l’utilisation.
ProSpecieRara est devenue au fil des décennies une organisation faîtière et travaille aujourd’hui étroitement avec les associations d’élevage qui en sont issues ainsi que les éleveurs et les cultivateurs actifs. Les animaux d’élevage, les arbres fruitiers et les légumes sont aujourd’hui soignés, élevés et cultivés par plus de 2000 personnes privées et institutions.
Source: www.psrara.org

Conseils pour le lavage d’une toison de mouton laitier

– départager la toison, faire tremper dans un grand baquet avec 80 à 100 litres d’eau pauvre en calcaire (eau de pluie) plusieurs heures ou pendant la nuit.
– Essorer la laine dans l’essoreuse, remplir le baquet de 80 à 100 litres d’eau tiède (ca. 50 ° C) enrichir de savon neutre, y mettre la laine.
– Après environ 30 minutes presser la laine prudemment avec le pilon à linge (ne pas frotter), essorer. Pour une laine très sale répéter la procédure.
– Laisser la laine refroidir, la rincer dans de l’eau claire plusieurs fois et essorer, pour le dernier rinçage ajouter un peu de vinaigre.
– Faire sécher la laine bien aérée, à l’ombre.
– Etirer soigneusement à la main la laine séchée pour éliminer les nœuds éventuels.
Conseil pratique: L’eau de trempage peut être utilisée au jardin pour arroser.

Source: Gutes vom Schaf, Ulmer, ISBN 3-8001-4375-5