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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°7, 17 fevrier 2008  >  Les va-t-en guerre s’en donnent à cœur joie dans les médias [Imprimer]

Les va-t-en guerre s’en donnent à cœur joie dans les médias

Les anciens généraux allemands rivaliseraient-ils avec les criminels de guerre de l’ancienne Wehrmacht?

par Karl Müller, Allemagne

Il y a quelque temps, on a appris que le ministre de la Défense américain, ­Robert Gates, avait exigé de façon péremptoire l’envoi de soldats allemands au sud de l’Afghanistan. En Allemagne, l’opposition fut unanime.
Depuis lors, certains médias, tels le «Deutsch­landfunk», ­«Frankfurter Allgemeine Zeitung», «Süddeutsche Zeitung», «Die Welt», y compris «Die Frankfurter Rundschau» polémiquent envers et contre la grande majorité de la population allemande. Il ne fait aucun doute qu’ils veulent enfoncer le pays encore plus dans la guerre en Afghanistan.
Les va-t-en guerre ne supportent pas que la majorité des Allemands s’expriment avec constance depuis des années, et cela malgré la machine de propagande, contre une participation armée. Selon un sondage de l’entreprise «Infratest», 86 % des personnes interrogées par la question «Est-ce que les soldats allemands devraient, comme les autres, participer aux interventions de guerre en Afghanistan?» ont répondu «en aucun cas.»
On retrouve des généraux, et d’anciens généraux, à l’esprit de soumission bien connu, avec en tête les anciens présidents du Comité militaire de l’OTAN, Klaus Naumann et Harald Kujat, qui se présentent comme «experts», mais sont depuis longtemps les porte-paroles de la politique de guerre des Etats-Unis. Ce n’est pas étonnant quand on prend connaissance de la carrière de la plupart des généraux allemands.
La politique afghane de l’Occident est un désastre. Cela ressort de tous les rapports et est confirmé par les experts en la matière. Et les rapports euphémiques, mais trompeurs, destinés à plaire et dont on vient à nouveau de recevoir des exemplaires, ne peuvent cacher la vérité.
Le gouvernement américain veut à tout prix s’accrocher à cette politique du fait que ce pays est une pierre angulaire de sa politique de domination mondiale – coûte que coûte. Toutefois, les Etats-Unis ne sont pas disposés à en payer, à eux seuls, le prix. Les pays de l’OTAN, donc l’Allemagne, doivent participer. Cela avait déjà été le cas lors de la guerre du Viet-Nam. Alors, l’Allemagne avait dit non. Aujourd’hui, tout le monde doit être impliqué dans ce nouveau «Viet-Nam» afghan. Et la mort des gens de ce pays importe peu.
L’OTAN s’est placée, par ses actions guerrières, depuis longtemps en-dehors de son propre traité; en effet, l’article 1 du traité de 1949 tient toujours l’OTAN à la Charte des Nations Unies et au droit international – ce qui est violé constamment en Afgha­nistan: massacres ciblés des populations, utilisation d’armes de destruction massive, interdites par le droit international, etc. On devrait, en Allemagne, être particulièrement sensible à ce phénomène. L’article 25 de la Loi fondamentale exige de l’Allemagne de s’en tenir au droit international. Et toute personne responsable dans le pays doit savoir que depuis 2002 il existe un code pénal du droit international qui oblige à poursuivre de tels actes. Cependant, une alliance militaire qui ne tient pas compte du droit, n’est rien d’autre, en cas de guerre, qu’une bande de brigands qui ne relèvent pas de la solidarité d’alliance, mais du tribunal!
Il semble bien que les médias de masse et les généraux allemands aient pour mission de mettre sous pression non seulement la population, mais encore la politique du pays. Il s’agit de briser les dernières digues pour obliger le pays à se lancer dans la guerre. Cela ne doit pas réussir! C’est pourquoi on ne peut se taire face aux événements de ces dernières semaines; il faut dénoncer les manipulations des médias, leurs mensonges, de même que les déformations des faits et les contrer. En effet, les médias doivent être au service des gens et donc informer honnêtement. Nous n’avons pas besoin de médias au service des va-t-en guerre.
Quelques furent les raisons ayant conduit les politiciens et les partis allemands à ­prendre leurs distances par rapport à la poli­tique de guerre du gouvernement américain et à s’appuyer sur la majorité du peuple – nous devons prendre leurs déclarations au mot. C’est pourquoi, nous devons prendre position contre la décision, prise à la hâte et sans aucun débat public, d’envoyer une troupe de combat de 250 hommes dans le nord de l’Afghanistan. Nous devons dénoncer l’exigence, présentée une fois de plus, de tenir le parlement à l’écart des décisions concernant l’engagement de de la Bundeswehr. Nous devons obtenir que la politique allemande ne puisse plus se cacher derrière la pression des médias et des généraux.    •

Une semaine de guerre de la FIAS en Afghanistan

ef. Les instances de la Bundeswehr rapportent chaque semaine sur les faits de guerre en Afghanistan. Les derniers chiffres montrent clairement que le nombre d’interventions augmente constamment. Ainsi, pour la semaine du 31 décembre 2007 au 6 janvier 2008 il y eut 97 événements, déclarés de sécurité, (l’année précédente il y en avait eu 20 – les chiffres de l’année précédente sont entre parenthèses). Les chiffres suivants sont un relevé de ces événements:
•    63 (9) tirs et combats
•    17 (3) attaques à l’explosif, dont
2 (1) attentats suicides
•    17 (8) tirs au mortier ou par missiles
•     1 (0) soldat de FIAS tué
•    10 (0) blessés (les victimes afghanes ne sont pas décomptées)
Les lieux suivants en Afghanistan ont été touchés:
•    2 (0) dans le nord, dont
1 (1) à Kaboul, ou dans les ­environs
•    1 (0) dans l’ouest
•    94 (19) dans le sud et dans l’est