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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°16, 26 avril 2010  >  «Il ne faut pas traiter les adolescents comme des enfants, mais comme des personnes à part entière» [Imprimer]

«Il ne faut pas traiter les adolescents comme des enfants, mais comme des personnes à part entière»

Le développement des jeunes sapeurs-pompiers prouve que les jeunes veulent se sentir responsables

hd. «Nous avons pensé que nous pouvions offrir aux jeunes un tas de choses, des activités captivantes, la confraternité et la camaraderie et en plus la prise de responsabilité mutuelle.»
Ceci a été le point de départ d’un groupe d’hommes d’une petite commune suisse, qui s’étaient longtemps creusé la tête, pour savoir comment on pouvait – face aux problèmes juvéniles d’aujourd’hui – gagner les jeunes à participer à des activités ingénieuses. Etant eux-mêmes engagés dans des associations, notamment chez les pompiers, ils ont décidé de fonder un groupe de jeunes sapeurs-pompiers pour filles et garçons à partir de 12 ans. D’un côté on pouvait ainsi leur donner un appui et une orientation avec des loisirs pleins de sens et de l’autre côté on pouvait gagner une nouvelle génération pour les sapeurs-pompiers adultes. On a organisé le programme de formation et on s’est procuré l’équipement sans soutien financier extérieur.
L’exemple des jeunes sapeurs-pompiers du Wynental dans le canton d’Argovie montre de manière impressionnante, comment les ­jeunes membres d’une association peuvent devenir des futurs concitoyens responsables avec un engagement déterminé de longue durée.
Un des organisateurs des jeunes sapeurs-pompiers du Wynental, Jean-François Cachin et sa fille Jacqueline (17 ans), qui est membre enthousiaste de l’Association depuis sa fondation, ont répondu aux questions d’«Horizons et débats».

Horizons et débats: Monsieur Cachin, vous vous engagez depuis longtemps pour les jeunes sapeurs-pompiers. Pourquoi a-t-on fondé cette association?

Jean-François Cachin: On a développé l’idée par hasard pendant une fête. Notre motivation était d’éloigner les adolescents de la rue. Nous avons pensé que nous pouvions offrir aux ­jeunes un tas de choses, des activités captivantes, la confraternité et la camaraderie et en plus la prise de responsabilité mutuelle. Pendant un exercice de descente en rappel il faut pouvoir être sûr que l’autre vous tient. Tout marche vraiment bien. Ensuite nous avons esquissé les statuts et nous avons présenté le projet aux commandants des trois groupes de sapeurs-pompiers communaux qui y participent. Ceux-ci ont donné leur accord. Chaque année, nous rédigeons un rapport annuel pour les sapeurs pompiers et pour les autorités des trois communes qui nous donnent leurs appréciations. En 2005, nous avons commencé avec 25 adolescents. Aujourd’hui, huit d’entre eux sont dans les sapeurs-pompiers adultes, ­quelques-uns ont déjà des postes à responsabilité.
Nous avons financé les équipements spéciaux avec des dons, du sponsoring et avec les activités des jeunes sapeurs-pompiers. Sur demande, ils dirigent le trafic sur le parking lors de manifestations ou ils organisent un stand pour snacks pendant une fête d’entreprise. Ils ont également obtenu de l’ancien matériel des sapeurs-pompiers, par exemple des casques et des ceintures de sauvetage.

Quelle est la formation professionnelle des filles et des garçons?

Ils apprennent tout de la même manière que les sapeurs-pompiers adultes. Après deux ans de formation, les adolescents sont au même niveau de formation que les sapeurs pompiers adultes. A l’âge de 18 ans, ils sont capables de participer à un groupe de sapeurs-pompiers d’entreprise ou de village et n’ont plus besoin de suivre de stage d’initiation pour être membre à part entière. Ceci épargne aux com­munes et aux entreprises des frais de formation élevés.

Est-ce que vous êtes vous-même membre des sapeurs-pompiers?

Entre-temps, je suis presque le plus âgé des sapeurs-pompiers et je suis moniteur d’auto-école pour les gros véhicules des sapeurs-pompiers.

Jacqueline, pourquoi est-ce que tu es entrée chez les jeunes sapeurs-pompiers?

Jacqueline: Cela m’a intéressée et s’il y a un incendie quelque part on peut aider. Et en plus, je trouve que c’est une activité intelligente. Nous avons par exemple également appris comment donner les premiers soins. J’ai aussi du plaisir à être avec mes copains.

As-tu déjà eu une urgence où tu as pu appliquer tes connaissances de jeune sapeur-pompier?

Pendant une course de 1000 mètres, une copine a eu un coup de faiblesse. Moi, je savais qu’elle avait besoin de quelque chose à boire. Je lui ai donné de l’eau et je me suis occupée d’elle jusqu’à ce que l’aide soit arrivée.

Comment se passe votre programme d’entraînement?

Cette année, nous avons 12 entraînements généraux et spéciaux pendant lesquels nous pouvons nous former comme machinistes, pour le service du trafic ou pour les premiers secours. Nous nous préparons pour les championnats argoviens et suisses. Cette année, le championnat suisse des jeunes sapeurs-pompiers aura lieu à Hirschthal (AG), du 18 au 20 juin. Outre les capacités professionnelles on y teste aussi la bonne condition physique et la capacité à travailler en groupe.

Monsieur Cachin, participez-vous encore à d’autres associations?

Jean-François Cachin: A l’âge de huit ans, je suis entré dans l’orchestre de jeunesse. A l’âge de 16 ans, je jouais dans la fanfare de jeunesse et des adultes et à 18 ans je formais déjà des jeunes musiciens. En tout, j’ai joué dans la fanfare pendant 25 ans. En outre, j’ai joué dans le théâtre du village du chœur mixte. Pour des raisons professionnelles, je ne peux actuellement m’engager plus que pour les sapeurs-pompiers et les jeunes sapeurs-pompiers.

Comment avez-vous personnellement profité de votre engagement en tant que membre d’association, mais aussi en tant que responsable?

Un tas de bons copains, beaucoup d’expériences précieuses avec d’autres personnes, et surtout avec des jeunes. J’aime travailler avec des jeunes. Dans la vie profession­nelle, j’ai formé pendant de longues années des apprentis dans le domaine des poids-lourds. Aujourd’hui ce sont d’excellents professionnels et je suis toujours en contact avec eux. J’ai toujours été persuadé qu’il fallait donner quelque chose aux jeunes. On ne doit pas les traiter comme des enfants mais comme des personnes à part ­entière. Ils veulent être actifs, ils veulent ­apprendre et faire de nou­velles expériences. Nous devons leur en donner la possibilité!

Est-ce que les associations jouent encore un rôle important dans les communes? Trouvez-vous assez de jeunes?

Aujourd’hui, il y a tant d’activités de loisir que souvent les enfants s’éparpillent, par exemple dans le domaine des nouveaux médias. Les associations ont de la peine à trouver de la re­lève bien que la vie associative soit extrêmement importante pour les communes. Sans les associations il n’y aurait guère de vie ­culturelle dans les communes. Les associations sont également importantes pour la vie commune. Le village est une communauté comme la famille et l’association. Ainsi, on apprend à se con­naître, à faire la connaissance d’autrui, à connaître le caractère de personnes très différentes.

Nous vous remercions infiniment de cet entretien fort intéressant. Nous souhaiterions beaucoup que les parents et les professeurs encouragent davantage de telles activités de loisir pleines de sens.

«Nous nous réjouissons de la prochaine intervention»

hd. Les jeunes sapeurs-pompiers du Wynental (canton d’Argovie) ont invité les jeunes membres du club de gymnastique de Gränichen pour leur présenter leur travail et trouver de nouveaux membres. En collaboration avec les sapeurs-pompiers adultes, les jeunes pompiers ont effectué un exercice d’alerte et ont prouvé leur savoir-faire. Le rapport ci-dessous montre avec quelle responsabilité et quel enthousiasme ces adolescents se mettent à leurs tâches.
«Les jeunes sapeurs-pompiers se sont réunis à midi et quart au magasin des pompiers d’Unterkulm. Quand ils furent tous là, nous sommes allés en Pinzgauer à Beinwil am See, au parking de la piscine. Nous avons collaboré avec la protection civile et avec les pompiers de Menziken. Après être arrivés, nous y avons installé divers postes. Même l’échelle orientable de la voiture des pompiers de Menziken est arrivée pour l’un des postes. L’un des membres de la protection civile a montré comment ont peut saisir une «tête de choco» avec une pince hydraulique. Un de ses collègues a montré comment on soulève une voiture avec un coussin. Les jeunes sapeurs-pompiers ont pu montrer comment l’autopompe des pompiers de Beinwil fonctionne. Les jeunes du club de gymnastique de Gränichen ont pu essayer eux-mêmes et voir comment un tuyau de jet fonctionne. Puis il y avait encore un poste de premiers secours. On a réparti les enfants dans 5 groupes.
Après les présentations pour les jeunes du club, les jeunes sapeurs-pompiers ont décidé de faire une petite démonstration pour montrer ce qu’ils étaient capables de faire. Pour cela ils avaient besoin de la voiture à échelle orientable. Après l’exercice les hôtes ont pu monter dans la corbeille de l’échelle orientable pour vivre la sensation de la hauteur. La journée a été très riche pour tous les participants. Cela a été magnifique et cool et nous nous réjouissons de participer à la prochaine intervention. A cette occasion un grand merci aux pompiers de Beinwil am See et de Menziken.»

Source: www.jwf-mittleres-wynental.ch

«L’homme au centre de la pensée et de l’action»

Les membres des jeunes sapeurs-pompiers apprennent au cours de leur formation toutes les compétences que les membres des sapeurs-pompiers adultes doivent connaître:
le schéma ABCD, les extincteurs, les matières dangereuses, l’étude des nœuds, l’étude des matériaux, les premiers soins, le maniement des hydrantes, les produits d’extinction, les échelles de pompiers, les traîneaux de sauvetage, etc.
Les jeunes sapeurs-pompiers n’ont pas encore le droit d’aller sur les lieux de l’incendie. Outre les connaissances techniques, ils apprennent la chose la plus importante, c’est-à-dire le travail et la coopération en équipe avec la plus grande fiabilité. Leur ligne de conduite est la suivante:
«Les JSP (jeunes sapeurs-pompiers) mettent l’homme au centre de leur pensée et de leur action en tant que condition préalable au succès.
Les JSP sont motivés et aimables. Leur apparition en public est toujours exemplaire et correcte.
Les JSP entretiennent la collégialité et la camaraderie. Ils travaillent en équipe.
Les JSP prennent soin de leur équipement personnel et du matériel.
Les JSP, en cas de différends, ne se quittent que lorsque tous les problèmes et incohérences sont résolus.
Les JSP s’en tiennent au code de «cool and clean» (www.coolandclean.ch) [un programme de prévention lancé par «swiss olympic», ndlr.]
Nous sommes fiers de nos perfor­mances.
Nous sommes les jeunes sapeurs-pompiers du Wynental!»

Source: www.jfw-mittleres-wynental.ch