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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°43, 8 novembre 2010  >  Au service de l’humanité [Imprimer]

Au service de l’humanité

Présentation du livre d’enfants «Qui est Henry Dunant?

Deux enfants découvrent l’histoire d’Henry Dunant et de la Croix-Rouge»

«Merveilleuse manifestation!», telle a été l’impression unanime des participants venus de partout, le samedi 30 octobre, jour du 100e anniversaire de la mort d’Henry Dunant, assister, dans la Bräkersaal der Alten Zwirnerei de Bazenheid dans le Toggen­burg saint-gallois, à la présentation du livre d’enfants de Lisette Bors. La grande salle était bondée mais même ceux qui ont dû rester debout sont tombés sous le charme. Le programme, très équilibré et digne, était tout à fait adapté à la personnalité du fondateur de la Croix-Rouge internationale et du Mouvement du Croissant-Rouge. Outre quelques moments musicaux qui ont touché les auditeurs par la virtuosité des interprètes, ce sont surtout les paroles engagées des intervenants qui ont fait de cette présentation un événement inoubliable.

thk. La rédactrice en chef de Zeit-Fragen et responsable des éditions du même nom, Erika Vögeli, a animé la cérémonie. Elle a déclaré de manière émouvante que c’était un honneur de publier l’ouvrage de Lisette Bors et une grande joie pour les collaborateurs du journal de rendre ainsi hommage à l’œuvre salutaire d’Henry Dunant.

Ce sont les hommes qui font l’histoire

«Par son engagement, a déclaré Erika Vögeli, Henry Dunant a créé quelque chose qui est devenu une évidence pour les peuples du monde. Le Mouvement de la Croix-Rouge, fédération internationale constituée d’organisations actives dans 186 pays, le Comité international de la Croix-Rouge, les efforts pour imposer le droit international et le droit international humanitaire, les Conventions de Genève, tout cela a débuté grâce à l’initiative d’un seul homme, Henry Dunant.» L’histoire de cet homme est fascinante et émouvante. Il a consacré sa vie à apaiser les souffrances humaines et réalisé ainsi de grandes choses. Aussi son œuvre doit-elle constituer pour les générations suivantes un devoir, celui de s’engager en faveur de plus d’humanité, en faveur de la vie. «La Croix-Rouge n’a pas supprimé les guerres mais la création du Comité international de la Croix-Rouge et la signature de la Première Convention de Genève ont engagé, dans le domaine des relations internationales et des conflits, un processus visant à placer la suprématie du droit au-dessus de celle de la force. C’est un processus dans lequel le fait que nous soyons des êtres sociaux doués de raison et de conscience morale, dépendant les uns des autres et devant s’entraider doit consti­tuer le fondement de notre vie sociale et un point de départ dans la solution de nos problèmes.» Et c’est à cela que Lisette Bors veut contribuer avec son livre.
L’amie et collègue de l’auteure, Susanne Lienhard, a présenté de manière vivante l’ouvrage qui présente les activités de la Croix-Rouge. Par le biais de l’histoire actuelle de deux élèves d’une école enfantine, Lisa et son cousin René, qui passent leurs vacances chez leurs grands-parents et entrent là-bas en contact avec la petite Amira, réfugiée irakienne dont le père a disparu en Irak et est recherché par la Croix-Rouge, au travers des dialogues que les enfants ont avec leurs grands-parents, les lecteurs se rendent compte de l’importance inestimable de la Croix-Rouge, de son fondateur et du droit international humanitaire. Selon Susanne Lienhard, «l’auteure a magnifiquement réussi à initier avec tact les enfants aux événements mondiaux, par exemple à la question de la guerre et de la paix. Elle ne se contente pas de parler de la détresse mais montre, grâce à l’exemple d’Henry Dunant, comment une organisation humanitaire qui soulage les souffrances des hommes dans le monde entier a pu naître de l’idée d’une seule personne. Les enfants se rendent compte qu’il dépend de chaque individu que l’histoire soit faite par les hommes.»

De l’homme d’affaires au bon Samaritain

L’ouvrage, disponible aujourd’hui en cinq langues, se compose de deux parties organisées de manière différente mais étroitement unies par leur contenu. Lorsque Lisa veut en savoir plus sur la Croix-Rouge, son grand-père introduit de manière vivante dans la conversation l’histoire d’Henry Dunant et de l’organisation. Cette seconde partie, illustrée de nombreuses photos, évoque de manière précise la vie d’Henry Dunant et la création de la Croix-Rouge. C’est l’historien de la Croix-Rouge suisse Philippe Bender qui a contrôlé cette partie et l’a enrichie de détails histo­riques. Dans son exposé engagé et touchant, il a évoqué Henry Dunant et son œuvre. Il a tracé avec chaleur et conviction le portrait du fondateur du plus important mouvement humanitaire. «Un commerçant de Genève qui voulait investir en Algérie se rend en Italie dans l’espoir d’y rencontrer l’empereur français Napoléon III pour lui demander une aide financière pour son projet algérien». Il ne rencontre pas Napoléon III mais, au soir du 24 juin 1859, il arrive sur le champ de bataille abandonné après les combats de la journée opposant les troupes françaises alliées aux troupes piémontaises à l’armée autrichienne. Et ce qu’il voit là «lui fait oublier aussitôt son projet commercial». Philippe Bender a lu quelques passages du livre intitulé «Un souvenir de Solferino» écrit par Dunant à son retour à Genève et dans lequel il évoque ses expériences.

Tutti fratelli

Ebranlé par la vue des dizaines de milliers de morts et des blessés abandonnés sur le champ de bataille qui hurlaient leur douleur et leur désespoir, il ne peut pas s’empêcher d’apporter son aide à ces hommes qui souffraient atrocement. «Il n’était pas médecin, mais le destin des morts et des blessés l’émeut si fort» que ce soir-là, il se mue en bon Samaritain. Avec des volontaires habitant la région, il soigne les soldats blessés et les mourants dans des bâtiments des environs et dans la cathédrale de Castiglione. Il ne fait pas la différence entre amis et ennemis. Il s’agit uniquement de sauver des vies et d’apaiser des souffrances. Cette attitude, symbolisée par l’expression «tutti fratelli» (tous frères) plaçait les hommes au centre des préoccupations, indépendamment de leur nationalité, de leur couleur de peau ou de leur race. L’idée fondamentale de la Croix-Rouge était née. Elle représente aujourd’hui encore l’éthique généreuse du mouvement. Le principe de neutralité, élément essentiel de l’identité suisse, permit à la Croix-Rouge de prendre racine dans le monde entier.

La Croix-Rouge n’aurait pas été imaginable sans la Suisse

Après ce qu’il avait vécu à Solferino, Dunant se consacra à la diffusion de l’idée de la Croix-Rouge et à son développement. Philippe Bender a montré de manière convaincante comment Henry Dunant, touché par les souffrances et la détresse humaines, s’est mis au service de l’humanité et a tourné le dos au commerce. Il a consacré toute sa vie au service de l’humanité, une tâche dont chaque individu est capable. Bender a insisté sur le fait que la Croix-Rouge est aujourd’hui plus importante que jamais. «Plus de 80 conflits sont menés dans le monde», chiffre horrifiant quand on sait qu’il existe 193 Etats. «80 Solferinos, 80 conflits dans lesquels des hommes sont blessés ou meurent, où des innocents sont tués, torturés, chassés et privés de leur dignité. Cela doit nous faire réfléchir et déterminer notre action, comme ce fut le cas pour Dunant. Nous avons pour tâche de trans­mettre les idées de Dunant.»
Ce n’est pas un hasard si la croix rouge, symbole de l’organisation, est l’inverse de la croix blanche du drapeau suisse. Le jeune Etat fédéral d’alors soutint Henry Dunant dans son projet car les principes de la Croix-Rouge, l’humanité et la neutralité, étaient également des principes de la Confédération. «La Croix-Rouge, a déclaré Bender, n’est devenue ce qu’elle est que parce que toute son histoire est étroitement liée à l’histoire de la Suisse.»

Le monde a besoin d’îlots d’humanité

La première Convention de Genève, en 1863, qui a marqué la naissance du droit international humanitaire, comprenait 10 articles. Aujourd’hui, il y en a 2000. Le droit international humanitaire engage chaque individu à apaiser les souffrances des hommes. «Le monde a besoin d’îlots d’humanité.» Ils exercent un effet sur tous les hommes, qu’ils soient en guerre ou non. Dans les paroles de Philippe Bender, qui connaît mieux que quiconque l’histoire d’Henry Dunant, on re­connaissait l’esprit humanitaire de ce dernier, esprit qui préside toujours aux activités de la Croix-Rouge.

Henry Dunant, un modèle pour notre jeunesse

A la fin de la manifestation, Lisette Bors a expliqué comment l’idée lui était venue d’écrire un livre d’enfants sur Henry Dunant et la Croix-Rouge et ce que la personnalité d’Henry Dunant signifie pour elle. En tant que jardinière d’enfants et formatrice de secouristes, elle a longtemps cherché un ouvrage «qui présente l’œuvre d’Henry Dunant d’une manière adaptée aux enfants.» Après de longues recherches, elle a dû constater qu’il n’en existait pas, ce qui l’a amenée à en écrire un afin de montrer à une génération l’importance de la Croix-Rouge et de son fondateur. Elle a commencé par les illustrations et, peu à peu, l’histoire s’en est dégagée. Susanne Lienhard a expliqué que l’auteure avait «peint des illustrations riches en couleurs et très sugges­tives avec un grand souci du détail. Outre le fait que ces illustrations offrent de nombreux points de départ pour des discussions, il est important que les enfants aient une approche visuelle des questions. Cette réalisation empreinte de tendresse reflète l’attitude humaine et optimiste d’Henry Dunant. Lisette Bors l’a mise en mots et en images.»
Ce qui fascine particulièrement l’auteure chez Henry Dunant, c’est le fait que grâce à l’initiative d’un seul homme qui a obéi à ses sentiments humains, une œuvre ait été créée qui, malgré tous les obstacles qu’oppose la réalité, place l’amour du prochain au premier plan. Elle est particulièrement heureuse de pouvoir présenter son livre lors du 100e anniversaire de la mort du fondateur de la Croix-Rouge. «Ce livre doit permettre à des enfants et à des adolescents de faire la connaissance d’un homme dont il vaut la peine de suivre les idées afin d’apporter davantage d’amour du prochain dans le monde.»
Si nous avions aujourd’hui plusieurs Dunants, le monde serait nettement meilleur. Il n’y aurait pas 80 Solferinos.
La manifestation a été un point de départ dans cette direction. Comme l’a dit de manière émouvante Susanne Lienhard, quiconque prend Henry Dunant pour modèle «sème une graine d’humanité».    •