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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2016  >  No 9, 6 mai 2016  >  Il nous faut un Hayek de l’énergie hydraulique [Imprimer]

Il nous faut un Hayek de l’énergie hydraulique

par Ernst Pauli, dipl. ing.

A une époque, marquée par la fermeture d’usines et un chômage élevé dans les cantons concernés, Nicolas Hayek a donné de l’élan à l’industrie suisse de la montre. N’en est-il pas ainsi de l’énergie hydraulique suisse, saine en soi, ayant besoin des idées et de la confiance d’un Nicolas Hayek pour sortir de la situation actuelle?
En 2014, les usines hydro-électriques suisses ont fourni 56,4% de l’électricité nécessaire au pays. Elles ont besoin d’un nouvel élan pour persister dans le paysage économique actuel. Idées et confiance sont demandées aux responsables, disons aux cantons et communes, détenteurs à 88% des entreprises fournisseurs d’énergie. Les valeurs typiquement suisses que Hayek défendit avec fermeté, la pensée stratégique à long terme avant le profit immédiat, la sécurité de l’emploi en Suisse, une «politique indépendante ne lorgnant pas vers l’étranger»,1 tout cela devrait être appliqué également dans ce domaine énergétique si important pour notre pays.
Les hommes politiques siégeant dans les conseils de surveillance des usines électriques ont la tâche importante de défendre les valeurs décrites ci-dessus dans la politique des entreprises. Tant que des profits ont été réalisés, on a laissé faire des entreprises telles que Alpiq, Axpo, BKW et autres. En appliquant la «stratégie du chasseur», selon la méthode Swissair, ils ont acheté d’innombrables usines électriques, surtout à l’étranger, qui, à l’époque actuelle du franc fort et des prix bas du commerce en gros de l’électricité, sont une charge pour les bilans des fournisseurs d’énergie. La stratégie prévue actuellement pour sortir de l’impasse – c’est-à-dire vendre certaines de nos centrales hydro-électriques à des investisseurs privés étrangers – ne peut que susciter de l’incompréhension. Ces investisseurs semblent voir dans l’énergie hydraulique suisse une perspective à long terme. Le professeur Anton Gunzinger, dans son ouvrage «La Suisse, une centrale hydraulique», démontre de façon impressionnante que, dans le cadre de la «Stratégie énergétique 2050», avec un peu de courage et en utilisant intelligemment toutes les possibilités techniques, un approvisionnement autonome à l’aide de l’énergie hydraulique serait possible en Suisse. Son hypothèse de travail est la suivante: «Voulons-nous pouvoir être indépendants en matière d’énergie»? Cela veut dire aussi que l’autosuffisance envisage une sortie partielle du marché libre actuel allant à la dérive avec des prix qui ne couvrent même plus les frais de production de l’énergie hydraulique.
Les prix sont si bas, paraît-il, parce que des énergies nouvelles, renouvelables et subventionnées, venant surtout d’Allemagne, submergent le marché. La dérive en cours est critiquée mais pas vraiment stoppée. La politique ne s’oppose pas à ce que de vieilles centrales à charbon (allemandes), amorties depuis longtemps, devant être fermées par souci d’écologie, continuent à fonctionner. Ce développement est accepté comme un fait incontournable. Ainsi des concepts très sensés et futuristes, tel l’agrandissement des centrales électriques autour du lac Bianco dans le Puschlav en une centrale électrique à accumulation par pompage et beaucoup d’autres idées pour une production énergétique écologique renforçant la fourniture d’énergie suisse, ont été repoussés pour des raisons «financières». Il en est de même pour une longue liste de centrales hydrauliques planifiées pour recevoir la RPC (Rétribution à prix coûtant du courant injecté). Cependant, le soutien politique et financier nécessaire à la construction manque toujours.
Cette situation devrait engendrer de nouvelles idées. Si les décisions d’investissement ne se basent que sur quelques réflexions de rentabilité à court terme, il faut sérieusement les remettre en question. Car, en réalité la situation est telle qu’il y a de l’argent en abondance, qu’il faut même payer des intérêts négatifs suite aux quantités d’avoirs non-investis.
Pensons au fait que surtout le financement des nouveaux investissements représente une part importante des frais d’électricité, et que sans ces frais, un fonctionnement économique des centrales hydrauliques serait possible, alors les cantons et les communes pourraient, par des décisions politiques, ouvrir la voie aux investissements stratégiques. Un renoncement aux redevances et impôts divers aux communes et cantons pourraient rendre l’énergie hydraulique à nouveau concurrentielle. Il faut des idées et de la confiance.    •
(Traduction Horizons et débats)

1    Horizons et débats no 8 du 18/4/16, Extrait d’une interview de Nick Hayek accordée à la radio SRF.