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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°40, 6 janvier 2014  >  Le rôle assigné à l’Allemagne par Brzezinski dans le nouvel ordre mondial [Imprimer]

Le rôle assigné à l’Allemagne par Brzezinski dans le nouvel ordre mondial

Pro memoriam

«La guerre froide terminée, l’Alliance gagne en importance. Par le passé, elle protégeait l’Allemagne fédérale d’une menace extérieure pressante et constituait une condition préalable indispensable à une éventuelle réunification du pays. Celle-ci réalisée, après la disparition de l’Union soviétique, l’Allemagne peut, grâce au parapluie américain, assumer son leadership en Europe centrale sans pour autant inquiéter ses voisins. Il s’agit d’un certificat de bonne conduite, mais bien plus encore, d’un ‹produit d’appel› en entretenant des relations étroites avec la puissante Allemagne, ses voisins bénéficient de la protection rapprochée des Etats-Unis. Ce dispositif a facilité pour l’Allemagne la définition et l’affirmation de ses priorités géopolitiques. […]
Sur la carte européenne, cette aire oblongue […] s’étend, à l’est, au-delà des Etats post-communistes d’Europe centrale, pour inclure les pays baltes, l’Ukraine et la Biélorussie, et pénétrer jusqu’en Russie [cf. carte ci-contre]. Par bien des aspects, cette zone recoupe la sphère d’influence de la culture allemande, façonnée dès l’époque pré-nationaliste par les colonies germanophones, urbaines ou agricoles, en Europe centrale et sur les rivages de la Baltique. […]
L’engagement de Bonn, en faveur de l’élargissement des principales institutions européennes, a beaucoup joué, en particulier auprès des petits Etats, qui ont le plus à y gagner. En prenant cette responsabilité, l’Allemagne assume une véritable mission historique, qui s’éloigne des perspectives dont l’Ouest du continent est familier. […]
[…] son ministre de la Défense a été parmi les premiers à suggérer que le cinquantième anniversaire de la fondation de l’OTAN (1999) constituait un symbole approprié pour une extension du Traité vers l’Est. […]
Si, en dépit des efforts qu’ils ont investis, l’élargissement de l’OTAN ne se réalisait pas, leur échec aurait des conséquences désastreuses. Il remettrait en cause leur suprématie, paralyserait l’expansion de l’Europe, démoraliserait l’Europe centrale et pourrait rallumer les aspirations géopolitiques, aujourd’hui dormantes de la Russie. […]
En conséquence, l’objectif géostratégique central de l’Amérique en Europe peut se résumer très simplement: il vise à consolider, grâce à un partenariat transatlantique plus équilibré, sa tête de pont sur le continent eurasien. Ainsi, l’Europe élargie pourra servir de tremplin pour instaurer en Eurasie un ordre international fondé sur la démocratie et la coopération.»

Extraits de Zbigniew Brzezinski: Le grand échiquier. L’Amérique et le reste du monde. Bayard 1997. Pages 100 sqq.