Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°10, 10 mars 2008  >  VIIe session du Conseil des droits de l’homme [Imprimer]

VIIe session du Conseil des droits de l’homme

par Alfred de Zayas, Genève*

La VIIe session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a été ouverte le 3 mars par le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon dans la grande salle de ­l’Assemblée générale à Genève. Cette session a du pain sur la planche car le monde ne manque pas de problèmes. Il a entendu une allocution très inspirée par la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Louise ­Arbour, ainsi qu’un discours de substance prononcé par ­Micheline Calmy-Rey, très applaudie.
Le jeudi 6 mars, une Résolution a été adoptée par 33 voix qui condamne aussi bien les ­attaques israéliennes en territoire ­palestinien que les tirs de roquettes par le Hamas. La Suisse a voté pour tandis que l’Union ­européenne s’est abstenue. Le Canada a voté ­contre.
L’incursion militaire colombienne du 29 février en Equateur – illégale au regard du droit international – n’était pas seulement un crime, mais une bêtise, comme aurait dit Talleyrand. En effet, les négociations avec les FARC à ­propos de la libération d’otages, qui étaient bien engagées et avaient déjà aboutis à la libération de six otages, n’ont plus guère de chance de succès, par exemple pour obtenir la libération d’Ingrid Betancourt.
Nous sommes tous tristes d’apprendre que la Haut-Commissaire aux droits de l’homme Louise Arbour ne tient pas à renouveler son mandat de 4 ans et quittera Genève à l’été prochain. Elle a souvent manifesté un grand courage et a critiqué également les atteintes aux droits de l’homme perpétrées dans de pays comme le Soudan et la Birmanie, mais aussi aux Etats-Unis et dans l’Union européenne. Elle est généralement respectée par les Etats et appréciée des collaborateurs du Secrétariat. Au bout de quatre ans, elle en avait manifestement assez des pressions exercées par les Etats qui veulent continuer à violer le droit international sans subir de critiques.
Le vendredi 7 mars, l’Associación Española para el Desarrollo y la Aplicación del Derecho Internacional de los Derechos Humanos a organisé en salle XXII un débat public sur l’extrême pauvreté et le droit humain à la paix auquel ont participé 60 personnes. Animé par Carlos Villán Durán, président du SSIHRL (http://www.aedidh.org/), le panel était composé de Charlotte Le Den de l’Institut international de recherches pour la paix (Genève), Rogate Mshana, du Conseil mondial des Eglises, Viet Tu Tran, du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Mario Yutzis, ancien président du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale, et moi-même.
Villán Durán a évoqué la Déclaration de Luarca sur le droit humain à la paix dont a déjà parlé plusieurs fois Horizons et débats (nos 8/07 et 39/07). Depuis, de nombreux congrès régionaux se sont tenus et plus de cent ONG avec statut consultatif auprès des Nations Unies ont adopté cette Déclaration. Le professeur argentin Yutzis a présenté quelques réflexions philosophiques sur le droit à la culture et à l’identité, le droit à avoir un avenir et des rêves personnels – el derecho de soñar.
Comme mon sujet était le droit au développement, je me suis référé aux résolutions et aux rapports de l’ONU à ce sujet. J’ai rappelé les objectifs de développement du Millénaire adoptés en 2000 par le Sommet du Millénaire et réaffirmés par l’Assemblée générale en 2005. Il vaut la peine de rappeler ces objectifs qui devraient être atteints d’ici à 2015:
Objectif 1: Réduire l’extrême pauvreté et la faim. (Diviser par deux le nombre de personnes vivant avec un revenu de moins d’un dollar par jour et réduire celui des personnes qui souffrent de la faim.)
Objectif 2: Assurer l’éducation primaire pour tous. (Un enfant sur quatre ne peut pas fréquenter une école primaire: dans le monde, 22% des garçons et 25% des filles sont exclus de l’enseignement. En Afrique subsaharienne, cette proportion est même de 50%.)
Objectif 3: Promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes. (Il faut que toutes les filles aient accès à l’éducation et cela à tous les degrés scolaires et que les ­femmes gagnent en autonomie grâce à l’éducation. Pour 100 garçons qui ne vont pas à l’école dans le monde, on compte 115 filles. A long terme, l’éducation des filles contribue de manière particulièrement efficace au développement. Chaque jeune fille qui apprend à lire, à écrire et à s’informer peut une fois adulte contribuer au développement économique de son pays.)
Objectif 4: Réduire la mortalité infantile. (Réduire de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Chaque minute, 21 enfants meurent de maladies évitables comme la diarrhée ou la pneumonie. En améliorant notamment les services sanitaires et grâce aux campagnes de vaccination, la mortalité infantile a pu être réduite de 18% depuis 1990.)
Objectif 5: Améliorer la santé maternelle. (Réduire de trois quart le taux de mortalité maternelle. Chaque jour, environ 1400 jeunes filles et femmes meurent de complications pendant la grossesse ou lors de l’accouchement.)
Objectif 6: Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies. (Dans le monde, 46 millions de personnes vivent avec le VIH/sida, dont plus de 2 millions d’enfants. Chaque minute, la malaria tue un enfant. Alors que depuis 1900, dans certains pays, la lutte contre le paludisme a enregistré certains progrès, le VIH continue de se propager.)
Objectif 7: Assurer un environnement ­durable. (Dans le monde, 425 millions d’enfants et d’adolescents vivent dans des ménages sans accès à l’eau potable. Chaque année, plus d’un million et demi d’enfants meurent de diarrhées avant d’avoir atteint l’âge de 5 ans. Plus de 980 millions ne disposent pas d’installations sanitaires.)
Objectif 8: Mettre en place un partenariat mondial pour le développement. (Des enfants en bonne santé, heureux de vivre sont la solution au développement d’un village, d’une région, d’un Etat, de même qu’à celui de l’autonomie. C’est pourquoi l’Unicef s’investit, dans l’aide au développement, particulièrement en faveur des besoins des enfants.)
Pour atteindre ces objectifs, il est indispensable d’assurer la paix dans le monde. C’est pourquoi le droit humain à la paix est si important. En effet, il permet de demander le respect des autres droits. En temps de guerre, les normes des droits de l’homme subsistent certes, mais elles sont bafouées quotidiennement.
Cette année, d’autres congrès seront organisés sur la Déclaration de Luarca dans le but d’adopter un texte définitif en 2008 qui devra être adopté à son tour par le Conseil des droits de l’homme et l’Assemblée générale des Nations Unies. Pax optima rerum.•

*Alfred de Zayas, Geneva School of Diplomacy, www.alfreddezayas.com