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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°23/24, 25 juillet 2013  >  Un plaidoyer pour les «anciennes» valeurs et l’apprentissage traditionnel [Imprimer]

Un plaidoyer pour les «anciennes» valeurs et l’apprentissage traditionnel

par Hans Fahrländer

Le neuropsychologue Lutz Jäncke a fasciné 600 professeurs par son brillant discours – et par ses connaissances étonnantes concernant le cerveau et l’apprentissage.
Est-ce la renaissance de l’institution «Conférence cantonale» [«Kantonalkonferenz KK»] ou la réputation qui précède l’orateur Lutz Jäncke, professeur de neuropsychologie à l’Université de Zurich? En tout cas, la grande salle du «Kultur- und Kongresszentrum Aarau» était bondée le 16 mai, quand le président de la KK, Roland Latscha, a salué plus de 600 enseignants, 7 minutes après le coup de sifflet final du match de hockey sur glace. (On se souvient encore que même les petites salles restaient à moitié vide après l’abolition de la participation obligatoire.) Personne n’a regretté sa présence. Il est rare qu’on trouve des faits si complexes concernant le cerveau et l’apprentissage présentés de façon aussi amusante et compréhensible. Le professeur a parlé longtemps, mais jamais de façon ennuyante. Et il a obtenu un long applaudissement – bien que bon nombre de ses explications ne correspondent pas du tout à l’école et au milieu d’apprentissage actuels.

Répéter, répéter …

L’orateur a instamment mis en garde contre l’opinion répandue suivante: «Laissez les enfants apprendre en faisant des activités ludiques et des erreurs, ce qui pousse tordu se redressera plus tard par soi-même.» – «Non!» s’est écrié Jäncke face à son audience, «c’est absolument faux du point de vue de la psychologie de l’apprentissage!» Ce qui doit s’ancrer dans le cerveau des enfants, doit être absolument clair, sans dérangements et juste dès le début. Et cela doit se faire souvent. La maxime de Jäncke: «La répétition est la mère de l’apprentissage!» Car le cerveau fait un triage: les informations fréquentes sont importantes, celles qui n’apparaissent que ponctuellement sont moins importantes. Ce qui est décisif, c’est la volonté.
Ou: L’homme se distingue du singe par le fait qu’il ne doit pas suivre chaque tentation, mais qu’il est capable de garder une récompense pour plus tard. Cette qualité – de rester maître du grand nombre de stimulus – doit être appris péniblement par les enfants et les adolescents.
Pensons au terme démodé de l’autodiscipline! Des neuropsychologues ont examiné quels sont les facteurs d’influence pour une bonne note scolaire. Le résultat: 10% l’intelligence, 40% la motivation, l’autocontrôle et l’autodiscipline. Reste toujours un paramètre de 50% sans explication. Mais – selon Jäncke: «Ce qui compte c’est la volonté!» Et la capacité d’être attentif et concentré. On peut les favoriser par de la reconnaissance, un bon milieu d’apprentissage etc. Ah, que tout cela a l’air vieillot!

Le multitasking ne fonctionne pas

En encore cela: les enfants d’aujourd’hui se vantent d’être capables d’accueillir plusieurs informations à la fois. Ordinateur portable, iPhone, iPad. Et peut-être que devant la classe, il y a encore quelqu’un qui raconte quelque chose. Jäncke: «On a fait des recherches: cela ne fonctionne pas.» Celui qui tapote constamment sur divers médias, travaille plus lentement, commet plus de fautes, nage à la surface. C’est dû aux ressources limitées du cerveau.
Finalement: La capacité de se concentrer, de s’autocontrôler et de contrôler ses émotions se développe dans le cortex frontal. Celui-ci passe pour le siège de la personnalité. Chez les adolescents, cette partie du cerveau n’est pourtant pas encore parvenue à maturité. C’est-à-dire que si les adolescents perdent contrôle, ils ne sont pas «mauvais». Mais, selon le professeur: «Il ne faut pas les laisser seuls dans leur détresse. Nous, les parents, les enseignants doivent les aider, les diriger et les instruire.» Il ne comprend pas pourquoi, pendant la phase la plus délicate de la construction et de la transformation du cerveau, dans beaucoup de cantons aient lieu des examens importants, des examens décisifs pour l’avenir professionnel.

L’apprentissage est pénible

La spécialité de Jäncke est la «plasticité fonctionnelle» du cerveau humain, sa malléabilité par le processus de l’apprentissage. Le cerveau humain est un système complexe de réseaux neuronaux, il contient 100 milliards de cellules nerveuses, dont chacune est connectée avec 10 000 d’autres cellules.» L’apprentissage est pénible et prend du temps», précise Jäncke. L’Université et l’EPU de Zurich l’ont décoré à plusieurs reprises avec un «Award for Best Teaching». Celui qui l’écoute, le comprendra.    •

Source: Aargauer Zeitung du 17/5/13

(Traduction Horizons et débats)