Obama a trompé ses électeurs en choisissant ses conseillerspar Paul Craig Roberts, ancien ministre adjoint des Finances des Etats-Unis*Si le changement promis par Obama implique l’abandon par l’Amérique de ses guerres d’agression et la fin de l’exploitation des contribuables au profit de puissants intérêts financiers, comment expliquer le choix par le nouveau président de ses conseillers en politique étrangère et économique? Le choix de Rahm Israel Emanuel comme Secrétaire général de la Maison Blanche indique que le changement a pris fin avec l’élection d’Obama. La seule chose différente, ce sont les visages. Un faucon au poste de Secrétaire généralRahm Israel Emanuel a soutenu l’invasion de l’Irak par le président Bush. Il s’est fait un nom au sein du Parti démocrate en levant des fonds pour la campagne présidentielle grâce à ses contacts avec l’AIPAC (American Israeli Affairs Committee). Il est issu d’une famille de terroristes. Son père était membre de l’Irgun, organisation terroriste juive qui usa de la force pour chasser les Britanniques et les Palestiniens de Palestine afin de créer un Etat juif. Durant la première guerre du Golfe, Emanuel s’engagea comme volontaire dans l’Armée israélienne. Il était membre du Conseil d’administration de Freddie Mac et a perçu un salaire de 231 655 dollars en 2001. Selon Wikipedia, «pendant qu’Emanuel siégeait au Conseil, Freddie Mac «était impliqué dans des scandales concernant des irrégularités comptables et ses dons en faveur de campagnes électorales». L’obamania, une tentative de sauver l’image d’un empire en déclinL’élection d’Obama était nécessaire. C’était le seul moyen que les Américains avaient de demander aux Républicains des comptes sur leurs crimes contre la Constitution et les droits de l’homme, pour leurs violations des lois américaines et internationales, pour leurs mensonges et leurs arnaques financières. Comme l’a écrit la Pravda: «Seul le Diable aurait été pire que le régime Bush. Par conséquent, on pourrait soutenir que le nouveau gouvernement des Etats-Unis ne pourrait pas être pire que celui qui a séparé les cœurs et les esprits des Américains de ceux de leurs frères de la communauté internationale, qui a consterné le reste du monde avec des tactiques de terreur telles que les camps de concentration, la torture, les assassinats de masse et le mépris total du droit international.» Les conseillers d’Obama, des criminels de guerre «démocrates»Les conseillers d’Obama appartiennent à la même bande de gangsters de Washington et de banksters de Wall Street que ceux de Bush. Richard Holbroooke, fils de juifs russes et allemands a été adjoint au Secrétaire d’Etat et ambassadeur dans le gouvernement Clinton. Il a appliqué la politique visant à élargir l’OTAN et à installer l’Alliance aux frontières de la Russie contrairement à la promesse faite par Reagan à Gorbatchev. Holbrooke est également impliqué dans le bombardement illégal de la Serbie sous Clinton, crime de guerre qui a tué des civils et des diplomates chinois. Bien qu’il ne soit pas un néoconservateur, il est très proche d’eux. Obama «a battu tous les records de servilité et de basse flatterie»Ralph Nader avait annoncé cela. Dans sa «Lettre ouverte à Barack Obama» du 3 novembre, il écrit au futur président que la transformation qui a fait du «défenseur affirmé des droits des Palestiniens […] un acolyte du pur et dur lobby AIPAC» va le brouiller avec «une majorité de juifs américains et 64% des Israéliens». Nader cite l’écrivain pacifiste Uri Avnery pour qui l’attitude d’Obama à l’égard de l’AIPAC «a battu tous les records de servilité et de basse flatterie». Nader critique Obama pour «avoir manqué totalement de courage politique en cédant aux demandes des partisans d’une ligne dure visant à interdire à l’ex-président Jimmy Carter de parler à la Convention nationale démocrate». Carter, qui fut le seul à parvenir à un accord de paix sérieux entre Israël et les Arabes, a été diabolisé par le puissant lobby AIPAC parce qu’il avait critiqué la politique d’apartheid et d’occupation d’Israël envers les Palestiniens. Quand le remède est pire que le malL’équipe d’économistes d’Obama est tout aussi mauvaise. Sa vedette est Robert Rubin, bankster qui fut le ministre des Finances du gouvernement Clinton. Il porte la responsabilité de l’abrogation de la Loi Glass-Steagall1 et, par conséquent, de la crise financière actuelle. Dans sa lettre à Obama, Ralph Nader indique qu’Obama a reçu des milieux industriels et de Wall Street un soutien financier à sa campagne sans précédent. «Jamais auparavant un candidat démocrate à la présidence n’avait bénéficié d’un soutien financier plus important que son adversaire républicain.» Qui décide de la composition du gouvernement?Le discours d’Obama après sa victoire a été magnifique. Les caméras de télévision permettaient de lire sur les visages de ses auditeurs les espoirs qui l’avaient propulsé à la présidence. Mais Obama ne peut pas apporter de changement à Washington. Il n’y a personne dans la clique de Washington qu’il pourrait nommer pour apporter un changement. Et s’il choisissait en dehors de cette clique quelqu’un qui soit susceptible d’apporter un changement, cette personnne ne serait pas acceptée par le Sénat. De puissants groupes de pression – l’AIPAC, le complexe militaro-sécuritaire et Wall Street – utilisent leur influence politique pour s’opposer à toute nomination qu’ils jugent inacceptable. Le projet de guerre contre l’Iran n’est pas abandonnéDans sa rubrique, Alexander Cockburn qualifie Obama de «républicain de premier ordre» et écrit: «Jamais le poids du passé n’a autant serré dans son étau un candidat ‹réformateur›». Obama a confirmé ce verdict lors de sa première conférence de presse après son élection. Ne tenant compte ni de l’US National Intelligence Estimate,2 qui parvient à la conclusion que l’Iran a cessé de travailler à la mise au point d’armes nucléaires il y a 5 ans, ni de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour laquelle aucun matériel nucléaire destiné au réacteur civil iranien n’a été détourné à des fins militaires, Obama a embouché les trompettes de la propagande du lobby israélien en accusant l’Iran de «développer l’arme nucléaire» et il a juré de «l’empêcher».3 Endettement et récessionLe changement qui va se produire aux Etats-Unis n’a rien à voir avec Obama. Il viendra de la crise financière provoquée par l’avidité et l’irresponsabilité de Wall Street, de l’érosion du rôle du dollar en tant que monnaie de réserve, des innombrables saisies immobilières, de la délocalisation de millions parmi les meilleurs emplois d’Amérique, d’une aggravation de la récession, des piliers de l’industrie – Ford et General Motors – qui tendent la main pour que le gouvernement leur donne de l’argent des contribuables afin de survivre et des déficits budgétaire et commercial qui sont trop importants pour être apurés avec les instruments classiques. Le monde en a assez des dettes des Etats-Unis …Les créanciers étrangers de l’Amérique se demandent ce que le gouvernement pourrait emprunter de plus? Un organe officiel du parti gouvernemental chinois a récemment appelé les pays d’Asie et d’Europe à «bannir le dollar de leur relations commerciales directes et de ne faire confiance qu’à leurs propres monnaies». «Pourquoi, s’interroge-t-on dans un autre article chinois, la Chine devrait-elle aider les Etats-Unis à s’endetter indéfiniment dans l’idée que le crédit national américain peut augmenter sans limite?» … de leur arrogance, de leur mépris du droit, de leur hypocrisieLe monde en a assez de l’hégémonie et de l’arrogance américaines. La réputation des Etats-Unis est ruinée: débâcle financière, déficits sans fin, Abu Ghraib, Guantanamo, prisons secrètes, torture, guerres illégales fondées sur des mensonges, violations de la souveraineté d’autres pays, du droit international et des Conventions de Genève, atteintes portées à l’habeas corpus et à la séparation des pouvoirs, Etat policier, ingérences constantes dans les affaires intérieures d’autres pays, hypocrisie sans bornes. 1 La loi Glass-Steagall de 1933 établissait une * Paul Craig Roberts, ancien ministre adjoint des Finances du gouvernement Reagan, est économiste et journaliste (Wall Street Journal, National Review). Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont le dernier paru est intitulé The Tyranny of Good Intentions: How Prosecutors and Bureauocrats Are Trampling the Constitution in the Name of Justice (2000). Il publie régulièrement des articles sur les sites |