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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°28, 9 juillet 2012  >  Le courage de la conscience [Imprimer]

Le courage de la conscience

par Hans-Christof von Sponeck, ancien coordinateur des Nations Unies pour l’aide humanitaire en Irak, 24 juin 2012

Il y a presque dix ans déjà, en 2003, l’ancien Premier ministre d’Irak, Tariq Aziz, se rendait de son plein gré aux forces d’occupation américaines. En 2011, les autorités américaines à Bagdad remettaient un homme âgé et malade, qui avait été leur prisonnier depuis tout ce temps, au gouvernement irakien. «Toute personne privée de liberté doit être traitée avec le respect et toute la dignité qui est due à un être humain.» Cette importante clause de la Convention internationale des Droits civils et politiques (Art.10/1) aurait du être appliquée mais, ce qui est juste, ne l’est pas pour Tariq Aziz et d’autres prisonniers politiques qui meurent lentement dans les prisons iraquiennes.
Le droit international est une fois de plus bafoué, jeté dans les poubelles de l’histoire, utilisées uniquement quand cela vous arrange. Il est d’ailleurs probable que la mort viendra pour Tariq Aziz avant que cette sentence ne soit confirmée par un tribunal à Bagdad.
De nombreux appels ont été lancés dans le monde pour demander de remettre, pour raison humanitaire, Tariq Aziz aux soins de sa famille en attendant que le processus judicaire se termine et que la légitimité de sa détention soit justifiée. Il est urgent que ceux qui peuvent agir dans ce sens ne se dérobent pas.
Jusqu’à présent, il n’y a pas de justification légale à la détention de Tariq Aziz. Tout ce que je constate c’est la condamnation à une mort lente d’un vieil homme emprisonné. C’est ce même Tariq Aziz qui avait coopéré, pendant les années d’embargo, à l’exécution d’un programme de survie terriblement injuste pour le peuple irakien. Injuste, il l’était, non pas par la cause d’un régime dictatorial mais par suite de l’esprit de vengeance de deux gouvernements en position de force au Conseil de Sécurité de l’ONU dans leur politique de sanctions contre l’Irak.
Tous ceux d’entre nous qui à l’ONU avons eu à traiter avec le gouvernement irakien durant cette période, et ceci inclut le Secrétaire général Kofi Annan, ont considéré Tariq Aziz comme un homme modéré avec qui la négociation était possible. Tariq Aziz qui pouvait être intransigeant quand il s’agissait de dire que l’Irak ne possédait plus d’armes de destruction massive, était aussi un nationaliste droit et direct qui avait le bien-être de son peuple au coeur. Ceux qui ne sont pas d’accord sont probablement ceux qui ne l’ont jamais rencontré. Je l’ai connu. C’est pour cela que je me bats depuis tant d’années, et à mon grand regret sans résultat pour l’instant. Tous ceux pour qui les droits de l’homme ont un sens devraient joindre leurs voix à cette lettre émouvante de son fils Ziad Aziz qui craint pour la vie de son père.
L’ancien secrétaire américain James Baker, celui-là même qui traita avec Tariq Aziz au cours des négociations fatidiques de Genève en 1991, est inflexible dans son refus d’intervenir faisant clairement savoir qu’il n’était qu’un fonctionnaire et pas un homme politique. Le gouvernement britannique actuel lui se sent: «concerné, mais ne veut pas intervenir dans les affaires intérieures irakiennes». Le Président irakien Jalal Talabani, opposant avoué à la peine de mort, soutient que ce n’est pas à lui mais à la Cour irakienne de décider.
Le courage de la compassion? Il semble qu’ils soient peu nombreux ceux qui devraient être une foule, en particulier ceux qui sont complices de ce drame humain qu’est l’Irak d’aujourd’hui. Il y a peut-être la peur chez ceux qui savent que le jour viendra où le murmure actuel de la protestation se transformera en un crescendo d’exigences pour que se manifeste, bien tardivement, cette exigence d’humanité pour Tariq Aziz et ses compagnons politiques prisonniers. Je l’espère. Le poids de la conscience publique en ce XXIe siècle ne doit pas être sous estimé!    •
(Traduction Horizons et débats)

Lettre au monde

Mon père a été condamné à mort dans des circonstances identiques à celles qui ont conduit à la récente exécution de M. Hamid Hamoud. La même chose peut arriver à mon père et cela me tourmente. Le secrétariat du Premier ministre m’avait informé, en début d’année, qu’ils exécuteraient mon père, et maintenant que le dossier est clos, il n’y a plus rien qui puisse les en empêcher. Le monde doit savoir ce dont ces gens sont capables et ce qu’ils peuvent faire, à Dieu ne plaise, dans un proche avenir.
Je demande votre aide pour faire connaître ce que ces gens ont fait afin de les arrêter dans leur entreprise.
Je vous remercie pour votre aide, ma famille et moi-même vous doivent beaucoup.

Très sincèrement, votre

Ziad Tariq Aziz