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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°34, 11 novembre 2013  >  «Celui qui garde ses enfants à la maison, doit être traité de la même manière» [Imprimer]

«Celui qui garde ses enfants à la maison, doit être traité de la même manière»

Interview du conseiller national Jakob Büchler, PDC

thk. Le 24 novembre, les électeurs suisses sont appelés à voter sur l’«Initiative pour les familles», qui, si elle passait, éliminerait une discrimination existante. Car aujourd’hui, seulement les familles qui font garder leurs enfants par des tiers peuvent déduire les frais de garde des impôts, alors que les parents qui éduquent leurs enfants à la maison, ne peuvent pas faire valoir de déduction. Ce traitement inégal doit être aboli par cet article constitutionnel. Ci-dessous, le conseiller national Jakob Büchler expose les raisons pour lesquelles il recommande d’approuver l’initiative.

Horizons et débats: Vous êtes en faveur de l’Initiative pour les familles et vous ne suivez donc pas la ligne de votre parti. Pourquoi?

Jakob Büchler: Dans notre groupe parlementaire et dans le parti, j’ai toujours précisé que je soutenais l’initiative. Je ne fais pas de différence. Ceux qui s’occupent de leurs enfants à la maison, doivent être traités de la même manière que ceux qui les font garder par des tiers. On ne doit vraiment pas faire de cette question une affaire de politique partisane, car notre famille se trouve au centre. La famille est le fondement de notre société, et ce qu’on apporte dans une famille, on le retrouve à l’avenir. Indépendamment du parti qui l’a lancée, cette initiative est juste, et c’est pourquoi il faut la soutenir. Il s’agit en fait de donner des armes égales à tout le monde.

Que voulez-vous dire par «donner des armes égales à tout le monde»?

On avance l’argument que si une femme va travailler, cela doit valoir la peine. Mais qu’en est-il de l’équilibre? Bien sûr qu’il y a des familles qui ont besoin d’un deuxième revenu. Mais une mère qui reste à la maison avec son enfant doit avoir la même valeur qu’une mère qui va travailler et met son enfant à la crèche.
Je ne suis pas par principe contre le fait qu’un enfant aille à la crèche. Aujourd’hui, nous avons souvent seulement une petite famille avec un enfant. A la crèche, l’enfant a la chance de rencontrer d’autres enfants, je ne peux que soutenir cela. Mais on doit traiter les deux familles de la même façon, ce qui pour moi est l’essentiel.

Les familles ne sont-elles pas déjà soutenues aujourd’hui?

L’argument qu’avancent certains adversaires est le fait que le canton verse déjà des bourses d’éducation et des allocations familiales, cela est trop pointilleux. Cela ne convainc personne. Le citoyen décide maintenant si tous doivent obtenir la même chose ou pas. C’est tout à fait excessif que le chef du département des Finances du canton de St-Gall se prononce là-contre. Bien sûr, les finances du canton sont importantes, mais nos familles doivent obtenir à l’avenir notre protection et notre soutien. Notre société vit et survit grâce aux familles avec enfants, c’est pourquoi ce soutien est absolument important. En outre, les cantons peuvent décider eux-mêmes du montant de la déduction. Aujourd’hui, 77% des enfants sont gardés par des tiers. C’est un taux élevé qu’on ne peut modifier que difficilement. La société s’est développée dans cette direction, et c’est pourquoi il est important que nous ne discriminions pas les 23% qui veulent une autre solution.

Ne faut-il pas renforcer l’importance de la famille pour notre pays?

Notre société vieillit de plus en plus. La composition démographique du peuple suisse va clairement en direction d’un vieillissement. Nous vivons plus longtemps, avons moins d’enfants et cela conduit, à l’avenir, à plus de dépenses dans le domaine social. C’est pourquoi il est faux de dire qu’on doit faire des économies chez les enfants. C’est pour moi complètement incompréhensible. Quand des parents ou des couples décident qu’ils veulent avoir des enfants, c’est une décision importante, et là il faut aider, indépendamment du fait si quelqu’un s’occupe de ses enfants à la maison ou les fait garder par des tiers.

Quelle est l’importance de la famille pour notre culture?

La famille est le fondement de notre société. Sans familles avec enfants, nous disparaîtrions. Je vis cela en tant que père de 5 enfants. Nous allons chez nos enfants et nous nous occupons là de nos petits-enfants, quand les parents veulent sortir sans eux. C’est pour nous quelque chose d’agréable. Nous avons 5 enfants. Ils ont tous quitté la maison. Maintenant, nous avons 5 petits-enfants, la vie continue et c’est quelque chose qui satisfait. En plus, on a contribué à la sauvegarde de la société suisse. Et c’est pourquoi on doit tout faire pour soutenir les familles avec enfants. L’Initiative pour les familles offre cette occasion.

On ne peut donc pas surestimer l’importance de la famille.

Où en arriverions-nous si plus personne ne pouvait fonder une famille. Alors nous disparaîtrions un jour. On ne doit certainement pas en arriver là. Dans les pays en voie de développement, nous avons une autre tendance. Au Mali par exemple, une femme a en moyenne 7,1 enfants. C’est bien sûr une situation sociale complètement différente, le taux de mortalité enfantine est très élevé, l’approvisionnement social et médical est presque inexistant. En Suisse, nous avons aujourd’hui une moyenne de 1,2 à 1,3 enfants par mère. C’est trop peu pour la préservation du peuple suisse, c’est pourquoi on doit soutenir et encourager toutes les mesures qui soutiennent la décision d’avoir des enfants.

Avoir une famille avec enfants est, outre sa propre satisfaction, aussi une contribution au bien commun. Beaucoup de gens ne s’en rendent pas compte.

Nous savons de la vie professionnelle active d’autrefois que, lors de l’introduction de l’AVS en 1948, il y a eu 4 à 5 employés pour un retraité. Aujourd’hui, nous avons à peine 2 employés pour un retraité. La population active a fortement baissé ces dernières années. A peine deux personnes subviennent pour un retraité. La courbe démographique montre clairement un vieillissement. Si nous n’avons pas d’enfants, alors ceux-ci manqueront dans notre société, ce qui mènera à plus d’immigration.

Que pouvons-nous faire contre cela?

Il faut organiser cela politiquement de manière à ce qu’une famille ne tombe pas dans une détresse financière. C’est le bon chemin. Investir en faveur de la famille et des enfants signifie investir dans l’avenir de notre pays. Plus tard, en tant qu’adultes, les enfants seront nécessaires partout: dans l’économie, dans la politique, dans la défense, dans les communes, dans les hôpitaux – partout. Nous avons besoin de jeunes gens munis d’une bonne formation et d’un bon sac à dos pour affronter leur vie professionnelle. Ils sont les piliers de notre Etat, de notre système politique, de notre démocratie directe, de notre société, et ils transmettront nos acquis dans tous les domaines. La sauvegarde de la famille est finalement la sauvegarde de notre modèle à succès politique, social et économique. Grâce à l’Initiative pour les familles, nous pouvons soutenir cet objectif.

Monsieur Büchler, je vous remercie de cet entretien.    •

Interview réalisée par Thomas Kaiser