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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°37, 27 septembre 2010  >  Ce qui se cache derrière l’introduction du loup [Imprimer]

Ce qui se cache derrière l’introduction du loup

La dénonciation de la Convention de Berne préparerait le terrain pour une solution raisonnable

Le 30 septembre, plus de 10 interventions parlementaires (motions et interpellations) consacrées à la problématique du loup sont à l’ordre du jour du Conseil national et un débat de plusieurs heures aura lieu sur l’avenir du loup dans notre pays, avant tout sur l’avenir de l’élevage et de l’estivage dans les alpages. Il s’agit notamment de la question de savoir quelle importance nous accordons à notre agriculture et donc également à l’avenir du pays.
Les interventions étaient devenues nécessaires après que, l’année dernière, la multiplication des loups eut causé des problèmes considérables aux éleveurs de moutons et de chèvres et que les personnes concernées eurent protesté contre une mauvaise politique. Même le Département de Leuenberger a dû reconnaître que plus de 300 moutons et chèvres avaient été attaqués par des loups. Ces carnages sont le résultat d’«un amour des animaux» urbain de défenseurs idéologiques des animaux et d’organisations politiques ainsi que d’une politique tout à fait erronée du Département de Leuenberger. Or on pourrait améliorer la situation si le Conseil national décidait de dénoncer la Convention de Berne.

thk. Dans tous les pays très peuplés, la réintroduction du loup, qu’elle soit naturelle ou le résultat d’un programme encouragé en coulisses par les autorités, pose des problèmes importants. Qu’il s’agisse de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne ou de la Slovaquie, les habitants des régions concernées doivent y faire face. Les dégâts causés aux animaux d’élevage sont trop importants et les éventuelles mesures de protection, qui ne sont finalement pas sûres, sont trop coûteuses. La fable de la propagation naturelle ne convainc guère car le loup a besoin d’un vaste terrain de chasse et est capable de parcourir sans problème en une nuit 50 kilomètres à la recherche de proies. En Suisse, c’est impossible, car le pays est trop peuplé et, avant d’avoir parcouru 50 kilomètres, il sera tombé sur un village ou un hameau et donc vraisemblablement sur un troupeau de moutons ou une basse-cour où il va assouvir sa faim. Et ce n’est pas tout. La plupart du temps, le loup s’attaque à davantage d’animaux qu’il lui en faut pour survivre quand il tombe sur un troupeau en liberté ou une bergerie. Il est donc tout à fait possible qu’il attaque jusqu’à dix animaux, les blesse grièvement, la plupart du temps aux pattes, et les laisse en vie pour revenir plusieurs fois les jours suivants s’approvisionner en viande fraîche. Cela signifie pour les victimes une mort cruelle qui ne devrait laisser insensible aucun défenseur des animaux. Or il n’en est rien. Les organisations de défense des animaux se taisent. Elles ont manifestement des intentions cachées.

Le loup est une arme…

L’argument selon lequel le loup vivait autrefois en Suisse et qu’il est simplement revenu n’est pas valable. Lorsque nos ancêtres ont libéré le pays des loups au prix de grands efforts, il comptait trois fois moins d’habitants qu’aujourd’hui. Il y avait plus d’espace vital et pourtant le loup était un corps étranger qui menaçait les hommes et les bêtes, si bien qu’on a voulu s’en débarrasser.
Quand nous voyons aujourd’hui les dégâts causés par les loups dans des régions très peuplées et que l’on constate que c’est couvert par les politiques, on se demande à quoi sert cette réintroduction. Les principales victimes sont les éleveurs et les paysans. Pourquoi faut-il réintroduire le loup en Suisse par tous les moyens? Cela fait-il partie d’une stratégie visant à transformer le pays ou s’agit-il simplement d’amis des animaux qui se font une idée irréaliste des loups? Mais pourquoi les défenseurs des animaux ne s’intéressent-ils pas au bien-être de toutes les bêtes? Lors d’un débat, l’un d’eux a déclaré que les loups avait peur des hommes et que rares sont ceux qui en avaient vu. Mais alors pour qui ces prédateurs doivent-ils être réintroduits en Suisse? Apparemment, certains poursuivent des objectifs cachés; sinon on pourrait enfermer les loups dans de vastes enclos, comme cela se fait par exemple à Feldkirch, en Autriche, et les personnes intéressées auraient la possibilité de les observer de près sans qu’aucun autre être vivant ne soit en danger.
Le loup complique surtout la vie des gens de la campagne. Les citadins, animés d’une vision romantique du loup, n’ont aucune idée des dégâts qu’il peut causer.

…servant à attaquer la démocratie

Sans la population des campagnes, la Suisse, avec sa démocratie directe, n’existerait pas. C’est précisément la population paysanne qui, dès le XIXe siècle, a exigé la participation politique de tous non seulement dans les communes et les cantons, mais également au niveau fédéral et s’est prononcée contre une démocratie uniquement parlementaire, c’est-à-dire représentative. Il y eut de sérieux conflits – dans certains cas, cela a conduit à des scissions cantonales – jusqu’à ce que cette idée s’impose peu à peu. C’est dans les cantons de montagne comme les Grisons ou le Valais que l’on trouve très tôt des preuves de l’existence d’une participation démocratique dans les différentes communes ou lors de Landsgemeinden au plan cantonal. Ces expériences positives ont encouragé les gens à obtenir la participation au niveau fédéral, ce qui a finalement été réalisé.

Obtenir par la ruse l’adhésion à l’UE?

Jusqu’à aujourd’hui, la population majoritairement campagnarde a eu un rapport naturel aux valeurs fondamentales de la Suisse et à la démocratie directe. Grâce à ce rapport à la campagne et à ceux qui y vivent, ils sont moins enclins à vouloir sacrifier les libertés acquises au cours de l’histoire au profit d’une adhésion à l’UE, censée apporter des avantages économiques, et à admettre une dissolution progressive du pays. Ici, certains milieux politiques qui ont de tout autres intentions, rencontrent une opposition justifiée. On ne peut pas leur faire prendre des vessies pour des lanternes et il a fallu imaginer d’autres stratégies pour atteindre quand même, par des voies détournées, l’objectif de la dissolution de la Suisse dans un Etat européen. Et c’est ici que le Plan loup du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) joue un rôle non négligeable. Le loup n’est qu’un instrument servant à dépeupler les vallées alpines, à provoquer l’exode rural et par conséquent à instaurer des «espaces métropolitains», nouvelles unités administratives euro-compatibles très éloignées des structures démocratiques de la Suisse. Le think tank Avenir Suisse, qui voudrait tant introduire la Suisse dans l’UE, parle de dépeupler 60 vallées des Alpes et du Jura parce qu’elles ne sont pas rentables, cela sans consulter le peuple. Que va-t-on faire, selon ces agitateurs, dans ces vallées? On va créer des réserves pour les loups, des terrains de manœuvres pour les troupes de l’OTAN dans le cadre du Partenariat pour la Paix et construire des superstructures destinées au tourisme de luxe.
Ainsi, à plusieurs niveaux, on essaie de s’attaquer à l’indépendance de la Suisse et à aligner de plus en plus le pays, politiquement et structurellement, sur l’UE. L’ambassadeur de l’UE Michael Reiterer, le Bureau fédéral de l’intégration et le Nouveau Mouvement européen suisse, en association avec l’internationalisme social-démocrate, ne se contentent pas d’inspirer cette évolution, ils se font les acteurs de l’adhésion.

Pas de régionalisation à la sauce européenne

Les fermetures de bureaux de poste dans les régions de montagne ou périphériques, de même que la suppression de lignes de cars postaux, la mort des petits magasins de villages qui en résulte, les exigences accrues de la protection du paysage, la «mort» lente de l’agriculture des régions de montagne et, last but not least, les Protocoles d’exécution de la Convention alpine, qui réduisent considérablement, voire, dans certains endroits, suppriment totalement, par des accords internationaux, la liberté de mouvement et de décision des habitants vivant dans les cantons concernés, tout cela relève d’une stratégie de concentration métropolitaine et de perte progressive de souveraineté étatique.
On vise une régionalisation qui va au-delà des frontières cantonales et nationales. Là-derrière se cache le projet de l’UE de faire disparaître peu à peu les frontières nationales et de créer de nouvelles régions. Face à la pénurie mondiale de ressources vitales en eau qui se prépare, la Suisse, château d’eau de l’Europe, va être encore davantage visée par les autres puissances. Il est plus facile d’exploiter des vallées désertées.
Dans ce contexte, la demande d’un membre de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie (CEATE) de réduire le cheptel des animaux d’élevage pour des raisons environnementales prend une tout autre signification. Et ici, on espère sans doute que le loup pourrait rendre service.

Conservons notre liberté décisionnelle

Mais qu’il ne se réjouisse pas trop tôt. L’esprit authentiquement démocratique de la population des cantons et communes concernés a entraîné de vives protestations contre le loup car les dégâts qu’il cause sont trop importants et cet animal anachronique est trop étranger au pays. Les éleveurs sont conscients qu’on ne va pas en rester à quelques loups isolés et que nous allons bientôt être confrontés à des meutes entières. Les conséquences pour nos élevages seront dévastatrices. Ce ne sera plus un loup unique qui s’attaquera à une génisse mais une meute de quinze prédateurs. Propager l’idée d’une protection raisonnable des troupeaux comme antidote est tout simplement absurde. Seule une importante meute de chiens dressés pourrait apporter une protection à peu près satisfaisante, mais elle représenterait du même coup un danger pour les hommes qui se trouveraient sur son chemin.
L’opposition de la population a incité les politiques à déposer à Berne des interventions parlementaires. Il est surtout question ici de dénoncer la Convention de Berne (motion Freysinger) qui déclare le loup «strictement protégé» bien qu’il ne soit absolument plus menacé d’extinction. Il s’agit de se retirer de la Convention puis d’y adhérer à nouveau après avoir formulé une réserve concernant les grands prédateurs. Cette réserve a déjà été formulée par différents Etats lors de la signature de la Convention et ils peuvent réguler en conséquence la population de loups chez eux. C’est la seule solution pour notre pays; sinon, ce sont des étrangers qui prendront des décisions importantes pour la Suisse.    •

Dénonciation de la Convention de Berne

Motion déposée par le conseiller national Oskar Freysinger

Texte déposé

Le Conseil fédéral est chargé de notifier au secrétaire général du Conseil de l‘Europe la dénonciation par la Suisse de la Convention de Berne.

Développement

Le Conseil fédéral et le Parlement ont omis, lors de la ratification de la Convention de Berne, en 1982, d‘émettre à l‘article 22 alinéa 1 une réserve excluant la protection des grands prédateurs en Suisse, alors que tout de même 12 des 27 Etats contractants l‘ont faite lors de la signature de la convention.
Sachant que toutes les modifications proposées depuis son entrée en vigueur ont été rejetées faute d‘avoir obtenu la majorité des deux tiers des parties contractantes qui composent le comité permanent du Conseil de l‘Europe, il ne reste pas d‘autre choix que de recourir à l‘article 23 alinéa 1: «Toute partie contractante peut, à tout moment, dénoncer la présente Convention en adressant une notification au secrétaire général du Conseil de l‘Europe.»
Le loup ne connaît pas de repos. Ses déplacements le conduisent jusque dans les  régions habitées et le terrain de chasse d‘une meute peut s‘étendre sur 1000 kilomètres carrés. Il est capable de parcourir quotidiennement 20 kilomètres pour trouver une proie.
Il ne va pas fournir tant d‘efforts s‘il trouve un troupeau de moutons, tous plus appétissants les uns que les autres, concentrés au même endroit. Et lorsqu‘ils chassent en meute, les loups commettent souvent un carnage au désespoir des propriétaires des moutons. Dans leur folie meurtrière, ils ne prennent en effet même pas le temps de dévorer leurs victimes et la plupart d‘entre elles agonisent de longues heures suite aux blessures qui leur ont été infligées.
Le loup n‘est pas menacé d‘extinction. A preuve les dizaines de milliers de meutes qui vivent notamment dans les vastes territoires du Canada, de l‘Alaska, de la Sibérie et du Kazakhstan.
Or force est de constater qu‘il n‘existe pas, en Suisse, de région suffisamment étendue pour offrir au loup un espace vital répondant à ses besoins. Sur un territoire aussi peuplé que le nôtre, comment les loups pourraient-ils trouver en effet un espace approprié pour qu‘ils puissent élever leur descendance sans être dérangés par l‘homme?
Par ailleurs, il ne faut pas oublier le tourisme dans nos régions de montagne. Les randonneurs ne tiennent pas forcément à se trouver face à une louve et ses petits ou à être terrorisés voire attaqués par des chiens de garde de troupeaux. Enfin, on a constaté avec le temps qu‘il est pour ainsi dire inutile de mettre en place une protection à grands frais, à l‘aide de chiens, d‘ânes ou de clôtures, car cela ne permet pas de protéger le troupeau ne serait-ce que contre un seul loup et a fortiori contre une meute (difficulté de poser une clôture dans des pentes abruptes, brouillard, etc.).