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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°50, 3 décembre 2012  >  Courrier des lecteurs [Imprimer]

Courrier des lecteurs

L’alternative à l’«homo oeconomicus»

Madame Föllmer-Müller a raison de mettre en avant le système coopératif comme partie d’une économie à l’échelle humaine. C’est la raison pour laquelle l’économie du Mittel­stand a toujours séparé les co­opératives des vraies sociétés de capitaux. Les coopératives ont beaucoup plus
en commun avec d’autres entreprises familiales qu’avec les sociétés de capitaux. Pour les sociétés de capitaux, le principe de l’«homo oeconomicus» n’est qu’un modèle au sens d’une activité économique rationnelle, mais en réalité, ce n’est que partiellement vrai, parce que beaucoup de décisions des managers ne sont pas seulement prises de manière économiquement rationnelle, mais selon les préférences et désirs personnels.
En ce qui concerne les entreprises familiales par contre, le principe de l’«homo oeconomicus» n’est même pas valable d’un point de vue théorique, comme la recherche que nous avons développée sur le Mittelstand l’a prouvé: dans leurs entreprises familiales (environ 95% de toutes les entreprises en Allemagne), 4 millions d’entrepreneurs ne décident pas selon le rendement, mais selon les avantages pour eux-mêmes et leurs familles.
J’ai moi-même investi la plus grande partie de mes fonds personnels dans un bien forestier – pour replanter plus d’un million d’arbres – dont moi-même et mon fils ne bénéficieront pas, mais au mieux mes petits- ou arrière-petits-enfants. Cette mentalité d’atteindre une rentabilité familiale est courante dans les entreprises familiales, mais elle contredit le principe de l’«homo oeconomicus» de rentabilité à court terme, que les managers veulent atteindre dans leurs entreprises – avant tout dans les banques – car ils ne sont que peu de temps dans leur emploi, et ils veulent, pendant cette courte période, profiter de rendements.
Les coopératives tiennent également compte des désirs, des demandes et des considérations de rentabilité de leurs sociétaires. Elles ont ainsi beaucoup plus d’éléments de l’économie à l’échelle humaine et des entreprises familiales que les sociétés de capitaux.
L’économie du Mittelstand a prouvé que l’économie à l’échelle humaine n’est pas seulement la forme la plus humaine de l’activité économique, mais aussi la forme la plus rentable d’après ce que souhaitent les familles d’entrepreneur. C’est-à-dire que cette rentabilité-là est basée à long terme sur la famille au lieu d’être basée à court terme sur le profit.
La remarque de Madame Föllmer-Müller sur cette différence fondamentale était importante et juste.

Prof. Eberhard Hamer