Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°19, 17 mai 2010  >  Nursery d’oisillons: un aperçu d’un micro-monde fantastique [Imprimer]

Nursery d’oisillons: un aperçu d’un micro-monde fantastique

Petits miracles cachés au bord du chemin

par Heini Hofmann

Nous les observons et les admirons année après année, les parents oiseaux qui apportent assidûment de la nourriture à leurs petits; mais sommes-nous conscients de tout ce qui se passe là? Un exemple de Krattigen au bord du lac de Thoune nous apprend l’étonnement.
Des légions de petits oiseaux sont élevés chaque année par les parents empressés qui y mettent toutes leurs forces en méprisant leurs propres besoins – un exploit presque surna­turel. Mais des dangers, il y en a partout et ce ne sont finalement que quelques-uns des petits, élevés avec tant de soins, qui survivent. Cependant malgré ces lois de la nature sans pitié, ce spectacle caché s’accomplit chaque année à nouveau. Regardons deux exemples de plus près – l’un qui correspond aux normes, et l’autre qui est certainement unique et extraordinaire.

Dans la coulisse chez les mésanges bleues

Comme les creux dans les arbres deviennent rares dans nos paysages dégarnis, les mé­sanges se rabattent souvent sur les nichoirs. Une fabrication spéciale de l’ornithologue et photo­graphe d’animaux Gunther Klenk de Krattigen au bord du lac de Thoune nous permet un aperçu inhabituel dans une telle nichée.
La mésange bleue était à l’origine un oiseau de la forêt avec plus d’affinité pour les arbres feuillus que pour les résineux. Aujourd’hui on la rencontre aussi proche des hommes, dans des vergers, des parcs et des jardins. Elle habite toute la Suisse, mais ne monte que rarement plus haut que l’étage montagnard et elle est seulement peu répandue dans les Alpes de l’est. La population totale serait d’environ un quart de million de couples.

Elevage avec dévouement

Les mésanges bleues sont de petites boules de plumes coquettes et remuantes et pèsent seulement environ 10 grammes – mais elles sont des parents extraordinaires. Elles élèvent une, ou bien si quelque chose va mal parfois deux couvées dans un total engagement! Déjà en février, lorsque par une journée ensoleillée on peut entendre pour la première fois leur chanson de trilles, commence la recherche d’un endroit approprié pour nicher.
En avril, la femelle pond 6 à 15 petits œufs de 1,3 grammes avec des points et des taches rouges dans le nid rembourré de mousse, de poils d’animaux et de plumes. Des recherches récentes ont montré que l’intensité de ces petites tâches permet de déduire l’état de santé de la femelle. Après 13 à 15 jours de durée de couvée, les minuscules êtres nus sortent de l’œuf. Dans le cas présent, la couvée comprenait 9 petits œufs dont 8 petits sont sortis.
Ce qui se passe en 19 à 20 jours de durée de nichée dans la caverne étroite du nichoir, c’est tout simplement émouvant: Sans arrêt toutes les deux à trois minutes et cela sans pause à midi, les oiseaux parents apportent de la nourriture, avant tout des chenilles. Tant que les oisillons sont tout petits, le mâle donne toute la nourriture d’insectes récoltée à la femelle pour la becquée.

Un habitat plus qu’étroit

Lorsque les petits grandissent, leur alimentation devient un événement pour le moins frénétique quand les oisillons avec des becs grand ouverts et des appels de quémande bruyants se ruent sur les parents. On s’étonne que dans toute cette mêlée il soit encore possible de garder le contrôle d’une répartition égale.
Les parents s’efforcent aussi à une grande rigueur pour la propreté du nid. Ils font attention après l’alimentation quand un des petits soulève son derrière, ils prennent cette pe­tite goutte blanche d’excréments avec le bec et l’emportent. Si jamais il s’en trouve en­core au fond du nid, un des oiseaux «plonge» avec des mouvements d’ailes qui ressemblent à des mouvements de nage sous la nichée et le sort, car les petits doivent grandir proprement et sainement.
Finalement les oisillons commencent à exercer leurs ailes, et ça bien à l’étroit dans leur caverne sombre. Enfin arrive le grand jour de l’envol – dans la liberté «dorée», où les attend la lutte pour la survie sans merci, et où seulement quelques-uns d’entre eux tiendront le coup.

Acte manqué ou altruisme?

Après cet exemple des mésanges bleues d’une couvée normale, évoquons un tout autre cas, excentrique et extraordinaire, et très rare d’aide entre espèces, lors d’un élevage de petits entre des oiseaux très différents. Voici l’histoire invraisemblable d’un merle noir mâle qui s’est occupé de petits rouges-queues.
Nous êtres humains avons la tendance d’y voir un exploit altruiste, guidé par les émotions; la biologie cependant l’interprète plus sobrement et moins romantiquement, c’est-à-dire comme un comportement manqué. Mais cela reste tout de même un fait étonnant!
C’est bien connu que la nature peut être très dure – et mesuré à l’échelle humaine – cruelle si on pense par exemple à l’infanticide par le père ours ou les mère chimpanzés. Mais il existe aussi le contraire de parents dénaturés. C’est justement près de la maison du même ornithologue et photographe d’animaux que se joue un tel cas incroyable «d’altruisme animal» qui est retenu par des photographies.

Couvée de rouges-queues

Sur une poutre latérale sous l’avant-toit, un couple de rouges-queues a trouvé une place idéale pour leur nid – protégé des intempéries et inaccessible aux ennemis grimpants. Tout a pris son cours naturel: construction du nid, ponte des œufs, couvée. Mais, il s’est avéré que cette place pour nicher a aussi été taxée comme idéale par un couple de merles noirs. Sur la même poutre, à un mètre de distance, ils ont aussi construit leur nid – et ont commencé la couvée.
Malgré cette proximité, il n’y a pas eu de rivalité. Les rouges-queues plus petits, n’auraient probablement pas eu de chance contre les merles bien plus grands. Surtout que maintenant la recherche de ravitaillement pour combler ces petites gueules affamées – les petits étaient sortis de l’œuf – prenait tout leur temps.
Chez les merles, deux semaines plus tard avec leur couvée, tout était encore tran­quille. La femelle couvait ses œufs et le mâle chantait de belles chansons le matin et le soir, ce qui ne pouvait l’occuper pleinement. Pour cette raison, le merle mâle a commencé à s’intéresser à la couvée voisine et il a eu l’idée – interprétation purement humaine – de s’exercer d’ores et déjà pour ce qu’il aurait à faire quelques jours plus tard chez lui.

Le merle comme oiseau nourricier

Donc le papa merle a cherché de la nourri­ture, ne l’a pas apportée à sa femelle – celle-ci faisait elle-même des petites excursions pour s’alimenter – mais il s’est approché avec la nourriture de la nichée des rouges-queues, ce qui a déclenché chez les oisillons des appels bruyants, et il a commencé à les nourrir.
Ainsi les petits rouges-queues ont été ravitaillés à tour de rôle par leurs deux parents et par l’étranger papa merle, du dernier même en portions bien plus grandes, de sorte qu’ils ont grandi plus vite. Les rouges-queues se sont envolés et après les parents merles sont restés seuls. Mais eux n’ont pas eu autant de chance, car lorsque leurs petits sont sortis des œufs, c’est la pie qui les a cherchés …
Voici les joies et les peines dans la na­ture, parfois très proches l’une de l’autre. Et bien que beaucoup de ces choses-là se jouent tout près de nous, nous ne nous apercevons souvent pas de ces petits miracles et tragédies au bord du chemin.    •
(Traduction Horizons et débats)