Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2016  >  No 12, 30 mai 2016  >  Comment résoudre démocratiquement les questions scolaires [Imprimer]

Comment résoudre démocratiquement les questions scolaires

Interview de Jürg Wiedemann, «Ecole solide de Bâle-Campagne»

Horizons et débats: Selon un sondage du Département de la formation, de la culture et du sport du canton de Bâle-Campagne (BKSD), publié le 20 avril, environ 60% des enseignants de l’école secondaire réfutent le Plan d’études 21 [«Lehrplan 21»] basé sur les «compétences». Cela ne nous étonne pas. Ce qui est cependant exceptionnel, c’est qu’un Département cantonal de l’instruction publique réalise un tel sondage et en publie le résultat. Comment vous expliquez-vous cette démarche?

Jürg Wiedemann: Oui, c’est encourageant. C’est sans doute lié au fait que Mme la Conseillère d’Etat Monica Gschwind avait soutenue activement, alors qu’elle était députée du Grand Conseil [Landrat], les deux initiatives parlementaires intitulées «Renoncer aux disciplines groupées trop coûteuses» et «Introduction du Plan d’études 21» – initiatives qu’elle soutient aujourd’hui encore. La semaine passée, lors de la conférence de presse du Conseil de la formation, elle l’a réaffirmé clairement face aux journalistes présents. En réalisant ce sondage d’envergure, Mme Gschwind s’est procurée une vue d’ensemble sur les positions défendues par les enseignants du secondaire concernant le plan d’études orienté sur les compétences, les disciplines groupées, le système «Passepartout», l’enseignement à niveaux et la coopération pédagogique. La décision principale prise après le début de son mandat de conseillère d’Etat a été la formation du groupe «Marquer un temps d’arrêt» [«Marschhalt-Gruppe»].

Quel est le but de ce groupe?

Cet organisme est composé des principaux acteurs du domaine de l’instruction publique: l’union des enseignants, les syndicats, les directions des écoles, la Conférence cantonale officielle, l’Office de l’école obligatoire, la Direction de l’instruction publique et – fait très réjouissant – le comité «Ecole solide de Bâle-Campagne». Les réunions bimensuelles ont comme but d’évaluer les réformes scolaires.
Au cours des premiers mois de son mandat, Monica Gschwind a pratiquement stoppé la mise en œuvre des réformes scolaires au niveau secondaire I, après avoir décrété une grille horaire et un plan d’études intermédiaires. Les disciplines groupées n’y apparaissent pas. Disposant ainsi de davantage de temps, la Direction de l’instruction publique en profite pour analyser de manière approfondie, la direction à prendre dans notre canton. Le sondage entrepris parmi les enseignants servira à Mme Gschwind de base pour les décisions futures.

Depuis quand Madame Gschwind est-elle conseillère d’Etat?

Depuis le 1er juillet 2015.

Donc, elle n’était pas encore membre de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’Instruction publique (CDIP) quand celle-ci a élaboré ce plan d’études?

Non, jusqu’à présent, la direction de l’Instruction publique du canton de Bâle-Campagne était traditionnellement en mains du PS. Les douze dernières années, c’était le conseiller d’Etat Urs Wüthrich qui s’y trouvait et, dans la population, il avait le surnom de «Reformturbo», sobriquet pas trop flatteur. La politique scolaire du PS se heurtait à la résistance grandissante de la population. C’est pourquoi le fait qu’il ait dû quitter le gouvernement lors des élections du printemps 2015 n’a guère étonné. En tant que parlementaire, Monica Gschwind avait soutenu de nombreuses activités provenant du comité gauche-vert «Ecole solide de Bâle-Campagne» qui combattait à l’aide de nombreuses initiatives et interventions parlementaires, la politique du PS dans le domaine de l’instruction publique. Les connaisseurs de la politique cantonale pensent que Monica Gschwind (PLR) a été élue grâce au soutien de la gauche et notamment grâce aux membres de l’association «Ecole solide de Bâle-Campagne». Ce comité, dirigé par trois membres non affiliés et trois membres des Verts-Indépendants, est politiquement orienté à gauche.
La résistance contre les réformes scolaires dans le canton de Bâle-Campagne vient à la Gauche. Cela a créé une scission. Avec le soutien des partis du centre et des Libéraux, nous avons pu réaliser cet arrêt provisoire des réformes.
Au Grand Conseil [Landrat], notre comité «Ecole solide de Bâle-Campagne» a souvent trouvé des majorités pour ses revendications: «Renoncement aux disciplines groupées trop coûteuses», réexaminer l’«introduction du Plan d’études 21» et «Offrir un enseignement de qualité aux élèves faibles». De grande importance est aussi la motion parlementaire demandant des «plans d’études à contenus transparents», promue par Regina Werthmüller, députée et membre de notre comité directeur. Cette motion exige que, dans les plans d’études cantonaux de Bâle-Campagne, les contenus et les sujets traités soient au centre et non pas les descriptions des compétences. Cette motion a été transmise au gouvernement cantonal sous forme de mandat contraignant. La cheffe du Département de l’Instruction publique doit – ou plutôt à la chance – de préparer un projet de loi correspondant.

Le Parlement a donc avalisé ces initiatives?

Oui, le Parlement recommande à la population d’accepter les trois initiatives. Le gouvernement s’est également prononcé en faveur de l’initiative «Offrir un enseignement de qualité aux élèves faibles», tandis qu’il ne s’est pas prononcé sur les deux autres sujets.

Ces initiatives ont donc de bonnes chances d’être acceptées lors de la votation du 5 juin?

Les chances sont moitié-moitié. Les opposants (PS, les Verts et la Chambre de commerce) sont bien organisés. L’initiative «Offrir un enseignement de qualité aux élèves faibles», a de bonnes chances d’être acceptée, car aucun parti ne s’y oppose. Le Parlement a accepté le projet de loi sans opposition avec quelques abstentions. Concernant les disciplines groupées et le Plan d’études 21, nous espérons obtenir la majorité. Le projet concernant les disciplines groupées a de bonnes chances de passer, car ce ne sont que le PS, les Verts, le PBD [Parti bourgeois-démocratique] et la Chambre de commerce qui s’y opposent. Les Verts-indépendants, les Verts-libéraux, le PDC [Parti démocrate-chrétien] le PEV [Parti évangélique], l’UDC [Union démocratique du centre] et le PLR [Parti libéral-radical] le soutiennent.

Création d’un nouveau plan d’études sensé pour l’école secondaire

Pensez-vous que si l’initiative contre le Plan d’études 21 passe, le Parlement stoppera le plan d’études et le renverra au Conseil de la formation?

Actuellement, on travaille sur le plan d’études pour l’école obligatoire de Bâle-Campagne, basé sur le Plan d’études 21. Le Parlement a cependant clairement signalé, avec l’acceptation de la motion Werthmüller, comment ce plan d’études doit être adapté. Si ces revendications sont remplies, le Parlement avalisera certainement le nouveau plan d’études. Je suis aussi d’avis qu’il faut un nouveau plan d’études. Il faut pourtant qu’il se base sur les trois niveaux de performances scolaires et qu’il définisse clairement, pour chaque discipline les contenus et les sujets à traiter pour pour chaque année scolaire. Si, le 5 juin, le peuple approuve le projet «Introduction du Plan d’études 21», le Conseil de la formation devra remplir les exigences du Parlement, sinon il risque un refus parlementaire du nouveau plan d’études. Pour cela, il faut que les contenus soient clairement définis et que les compétences passent à l’arrière-plan. Cela comprend également que les cycles de trois ans, prévus dans le Plan d’études 21, soient rompus en faveur d’objectifs distincts pour chaque année scolaire. Tout cela correspond aux revendications de l’«Ecole solide de Bâle-Campagne». Si, par contre, notre projet du plan d’études est refusé dans les urnes, le Conseil de la formation, favorable au Plan d’études 21, pourra décider lui-même, en huis-clos, du sort de ce plan d’études. Dans ce cas, notre futur «Plan d’études pour l’école obligatoire de Bâle-Campagne» sera certainement très proche du Plan d’études 21. La grande majorité des enseignants voit, cependant, dans le Plan d’études 21, orienté sur les compétences, un risque considérable quant au développement scolaire des élèves.

Voulez-vous donc fractionner les cycles?

Oui, c’est notre objectif, au moins pour le niveau secondaire. Nous voulons avoir des contenus clairement définis, pour chaque discipline et chaque année scolaire. Nous voulons également garder nos trois niveaux de performances, A (allgemeines Niveau= général), E (erweitertes Niveau =élargi) et le niveau P (Progymnasiales Niveau). Le plan d’études pour l’école secondaire doit correspondre à ces trois niveaux. Il est donc relativement éloigné du Plan d’études 21 basés sur les «compétences» qui nivelle et standardise les élèves. En outre, il oblige les enseignants à devenir des accompagnateurs n’ayant plus guère de possibilités d’enseigner une matière exigeante, car ils sont occupés de «coacher», de contrôler et de mesurer à l’aide de la psychométrie les traits de caractère de leurs élèves. Tout cela correspond au système dépassé de l’école intégrée que je réfute.

Et l’école primaire?

Est-ce la même chose pour l’école primaire?

A l’école primaire, le Plan d’études 21 est déjà en vigueur. C’est un réel dilemme. Pour le moment, nous avons stoppé le Plan d’études 21 pour l’école secondaire, mais pas pour l’école primaire. Nous nous concentrons d’abord sur la correction du plan d’études au niveau secondaire pour ensuite aborder la question de l’école primaire.

C’est en effet ce qu’il faudra faire …

Au niveau de l’école primaire, «Ecole solide de Bâle-Campagne» a déjà déposé deux initiatives populaires: «Stop au sacrifice de nos élèves: quittons le projet de langues étrangères Passepartout» et «Stop au surmenage de nos élèves: une langue étrangère en primaire suffit». [Le projet «Passepartout» est un accord entre six cantons concernant l’enseignement des langues étrangères en primaire, ndlr.]

C’est encourageant. Je croyais qu’il n’y avait que des enseignants du secondaire dans votre comité …

Nous avons les adresses postales et les courriels d’environ 4200 personnes. Parmi eux se trouvent de nombreux parents préoccupés par les réformes scolaires. Nous avons environ 2000 enseignants dans ce fichier, dont de nombreux du niveau primaire.
Le comité «Ecole solide de Bâle Campagne» s’est créé à l’aide de parents opposés aux constants transferts intenables des élèves d’une école secondaire à l’autre. Le canton veut absolument remplir les classes pour faire des économies. Les parents ont donc lancé une initiative et c’est de ce mouvement qu’est né notre comité.

L’initiative «Offrir un enseignement de qualité aux élèves faibles»

La Kaufmännische Vorbereitungsschule (KVS) [classes préparatoires pour l’apprentissage de commerce] est une offre-passerelle pour les élèves ne trouvant pas de place d’apprentissage après la fin de leur scolarité obligatoire, et désirant faire une formation commerciale. La KVS dure une année, période dans laquelle les adolescents ont un enseignement dans les disciplines les plus importantes, avec orientation sur le domaine commercial. La KVS est une excellente école dont 96% des élèves font un apprentissage ou une école supérieure qu’ils terminent avec succès.

Comment se fait-il que le gouvernement veuille fermer une telle école?

La KVS ne correspondait pas aux idées de l’ancien conseiller d’Etat Urs Wüthrich. Le canton de Bâle-Campagne est riche en offres de passerelles pour les jeunes ayant accompli leur scolarité obligatoire, il s’agit de diverses écoles indépendantes, chacune avec ses propres spécificités. Cette pluralité est une tradition dans notre canton et garantit une intégration réussie, quasi à 100%, de nos adolescents dans le monde professionnel. A l’époque d’Urs Wüthrich, l’administration cantonale voulait éliminer deux écoles, la KVS et la BVS 2 [«Berufsvorbereitende Schule 2» = Ecole d’orientation professionnelle durant 2 ans]. Les enseignants de ces deux écoles s’y sont opposés avec succès avec l’aide de notre comité. La campagne de votation «Non à la loi-cadre d’allègement financier mensongère» fut couronnée de succès. 56% des électeurs s’opposèrent aux mesures d’économie qui auraient mené à la fermeture de la BVS 2. Ce fut le premier grand succès pour l’«Ecole solide de Bâle Campagne». L’initiative «Offrir un enseignement de qualité aux élèves faibles» s’opposant à la fermeture de la KVS sera votée le 5 juin. Elle a également de bonnes chances d’être acceptée.

Se joindre à ceux qui partagent le même engagement

Vous tentez donc toujours de faire passer vos projets avec le soutien du Parlement?

Dans notre comité directeur, nous sommes deux membres du Grand Conseil, Regina Werthmüller (sans parti) et moi, en tant que représentant des Verts-Indépendants. Jusqu’au printemps 2015, nous étions tous les deux membres du parti des Verts de Bâle-Campagne. J’en ai été expulsé après avoir soutenu Monica Gschwind dans sa candidature au Conseil d’Etat. En avez-vous entendu parler?

Non.

J’ai été exclu du groupe parlementaire des Verts et du parti parce que j’avais soutenu Monica Gschwind, candidate libérale, dans sa campagne pour le Conseil d’Etat. Suite à cela, Regina Werthmüller et une douzaine d’autres personnes ont quitté les Verts de Bâle-Campagne et ont créé le nouveau parti des Verts-Indépendants. Regina Werthmüller et moi formons avec les trois députés des Verts-Libéraux un nouveau groupe parlementaire de 5 députés. Ces derniers mois, notre groupe a déposé de nombreuses interventions, toutes élaborées au sein d’«Ecole solide de Bâle-Campagne». C’est très encourageant de souvent trouver des majorités au sein du Grand Conseil. Cela nous permet naturellement de bien avancer au niveau de la politique scolaire. Sans majorités parlementaires, cela ne serait pas possible.

Nous ne comprenons pourtant pas trop, pourquoi ceux qui revendiquent une bonne formation scolaire pour nos jeunes passent pour être conservateurs …

La critique des réformes scolaires provient de plus en plus de la Gauche. Dans la brochure «Einspruch» qui a soulevé un intérêt certain dans toute la Suisse, de nombreuses personnes, défendant des idées politiques de gauche, se sont exprimées très clairement contre les réformes scolaires actuelles. Ce sont notamment Anita Fretz, conseillère aux Etats (PS), Remo Largo, pédiatre reconnu et auteur de livres, Alfred Steinmann, conseiller municipal (PS) et l’ancien président du parti socialiste bâlois, Roland Stark.

Il serait également possible de se réunir, au-delà des partis, pour s’occuper d’un problème spécifique, par exemple la question du Plan d’études 21 …

Pour avoir du succès, il ne suffit pas de former un comité se composant uniquement de membres d’orientation bourgeoise ou de gauche. L’opposition doit se former hors-parti. Les interventions politiques ont de bonnes chances d’aboutir aussitôt qu’on arrive à regrouper des parlementaires de tous bords, de la gauche, des Verts et des partis bourgeois/libéraux.    •

Merci bien de cet entretien très stimulant.

* * *
Le canton de Bâle-Campagne a développé un modèle démocratique exemplaire. La directrice de l’Instruction publique n’applique pas les constructions de la CDIP sans tenir compte des enseignants et des parents. Elle s’intéresse tout d’abord à ce que les enseignants en tant qu’experts tiennent pour juste et sensé ou non.
L'«Ecole solide de Bâle-Campagne», une organisation de volontaires s’engagant pour une bonne école, lance pour chaque problème qui se pose une initiative populaire ou dépose par ses représentants au Parlement une intervention (postulat, motion, initiative parlementaire). Pour avancer rapidement, ils tentent – si possible – d’atteindre l’approbation de la majorité du Parlement. Ensuite, c’est le peuple qui décide dans les urnes si au Parlement la majorité de quatre-cinquième, nécessaire pour un amendement législatif, n’est pas atteinte.
Une observation réaliste que d’autres auteurs d’initiatives ont également constatée: il est plus facile d’atteindre une majorité au sein du Parlement et de la population avec un comité d’initiative politiquement large.

(Traduction Horizons et débats)

Terminons-en avec les langues étrangères précoces à l’école primaire

mw. Comme Jürg Wiedemann le décrit dans l’interview, l'«Ecole solide de Bâle-Campagne» a, en mars 2016, déposé deux initiatives populaires pour endiguer l’apprentissage de langues étrangères trop exigeant et inefficace:
•    Stop au surmenage des élèves: une langue étrangère au niveau primaire suffit
•    Stop à l’abandon des élèves: sortie du projet «passe-partout» pour les langues étrangères*
Les deux initiatives ont abouti le 28 avril 2016, la première avec 1969 signatures, la deuxième avec 2024.
*«Passe-partout» est un accord entre les six cantons BE, BL, BS, SO, FR, VS qui organise les cours de langues étrangères à l’école obligatoire de façon homogène: tous les élèves apprennent à partir de la troisième classe le français et à partir de la cinquième classe l’anglais avec les mêmes manuels pédagogiques.
Par leurs deux initiatives, les auteurs de l'«Ecole solide de Bâle-Campagne» exigent que le canton de Bâle-Campagne suspende l’accord inter-cantonal et reporte les cours d’anglais à l’école secondaire (à partir de la septième année scolaire).

Extrait de l’argumentaire de l'«Ecole solide de Bâle-Campagne»:

«La langue maternelle est la base pour l’acquisition des langues étrangères:

Suite à la réflexion consciente de la propre langue maternelle, la compréhension pour la langue en général est améliorée. Ainsi l’apprentissage de langues étrangères est facilité. Les notions grammaticales et les structures de la langue traitées dans les cours d’allemand facilitent l’accès aux langues étrangères. De même, celui qui dispose de bonnes aptitudes de lecture et d’écriture dans la langue maternelle peut en profiter pour l’apprentissage de langues étrangères. Ces rapports, basés sur les expériences des enseignants de langue, sont scientifiquement prouvés entre autre par l’étude longitudinale récemment publiée de la linguiste Simone Pfenninger de l’Université de Zurich. Pour un meilleur soutien ciblé de la langue maternelle à l’école primaire, la seconde langue étrangère ne doit être enseignée qu’au niveau secondaire.»

Grand succès pour l’initiative sur les langues étrangères aux ­Grisons – effet de signal pour toute la Suisse

Le Tribunal administratif des Grisons a récemment levé le brouillard planant sur le modèle suisse fédéraliste  et démocratique. Il a mis fin à l’affirmation – souvent répétée – des réformateurs scolaires que la Constitution fédérale et la Loi sur les langues nationales contraignaient les cantons à offrir à l’école primaire des cours obligatoires dans deux langues étrangères.
Le tribunal a approuvé la plainte des auteurs de l’initiative populaire cantonale «Une seule langue étrangère à l’école primaire» et a ainsi corrigé la déclaration de nullité émise par le Grand Conseil le 20 avril 2015. Dans ce contexte, les juges ont dû soumettre la question des langues étrangères dans le canton trilingue des Grisons à un examen particulièrement sévère: il s’agissait surtout du fait que les minorités rhéto-romanes et italophones dans les communes pourraient être discriminées par l’initiative. Le Tribunal administratif n’a pas constaté d’«infraction évidente contre un droit supérieur» parce que les communes pouvaient offrir des cours volontaires dans les langues des minorités. C’est pourquoi il a déclaré l’initiative valable. (Tribunal administratif du canton des Grisons, communiqué de presse du 11 mai 2016)
Si cela est valable pour le canton trilingue des Grisons – alors à plus forte raison pour les autres cantons!