Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°50, 3 décembre 2012  >  Trop d’aliments finissent dans la poubelle [Imprimer]

Trop d’aliments finissent dans la poubelle

Le forum à la foire agricole Olma

par Michael Götz, agro-journaliste indépendant LBB-GmbH, Eggersriet SG

Le débat au Forum de l’Olma sur la question «Qu'est-ce qui cloche quand les aliments se retrouvent à la poubelle?» a entraîné une vive discussion sur ce qui ne va pas, mais aussi sur ce qu’on peut faire mieux.

Environ un tiers de tous les aliments se retrouve à la poubelle selon une étude de l’Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). A quel maillon de la chaîne alimentaire ces déchets sont-ils produits? Claudio Beretta n’a pas seulement recherché, pour sa thèse de Master à l’EPF de Zurich, ce que l’on sait à ce sujet, mais il a aussi interrogé 43 entreprises de l’industrie alimentaire. La conclusion principale de son travail est que presque 50% des pertes sont produites par le consommateur final. «C’est incroyable», commente le rapporteur qui en déduit: «La plus grande nécessité d’agir et la responsabilité reposent sur nous, les consommateurs.» En outre, il y a 30% de pertes à la transformation et environ 20% à la production agricole. Celles sont les proportions approximatives.

On porte préjudice aussi à d’autres ressources

Avec la destruction en masse, comme l’exprime l’intervenant, non seulement des aliments sont perdus, mais on nuit aussi à d’autres ressources importantes. Ainsi, on a besoin de 700 litres d’eau pour la production d’un kilo de pommes, et pour un kilogramme de viande, même de 15 000 litres. Plus on mange de la viande au lieu de l’alimentation végétale, plus on a besoin d’énergie pour la production alimentaire. Pour la viande, ce ne sont que 6% des calories que les animaux absorbent sous forme de viande. Si nous mangions un tiers de moins de protéines animales, alors l’alimentation suffirait pour 45% de personnes supplémentaires. L’intervenant illustre l’importance de notre comportement alimentaire ainsi: «Manger n’est pas une affaire privée. Nous mangeons dans une assiette globale.» Pour être à la hauteur de notre responsabilité, il propose les principes suivants: «Je n’achète que ce que j’arrive à manger. Je mange toutes les parties comestibles. Je mange un tiers de moins de viande.» L’intervenant pense qu’il n’est pas si difficile de suivre ces principes. Car dans notre société prospère, c’est moins la quantité qui satisfait que la manière dont on mange. Plus on mange consciemment, plus on peut savourer le repas.

Le consommateur choisit aussi avec les yeux

Andi Melchior, l’animateur du débat, Président du Conseil national et en même temps de l’Union suisse des paysans (USP) soulève la question suivante: «Comment l’agriculture pourrait-elle contribuer à réduire les pertes?» Hansjörg Walter constate: «Nous avons des consommateurs très gâtés ayant de hautes exigences.» Les agriculteurs doivent avant tout remplir les normes qui leur sont dictées par le commerce et les grands distributeurs. Modifier ces normes est apparemment très difficile, explique Christine Wiederkehr, chef du rayon écologie chez Migros. Dans la vente ouverte, on remarque toujours que le consommateur achète avec les yeux. Le consommateur préfère acheter les gros fruits ou légumes qui sautent aux yeux, plutôt que les petits sans apparence. Quand un grand distributeur offre des marchandises moins attrayantes au niveau optique, alors le consommateur va chez le concurrent. «Un seul particulier ne peut rien changer, parce qu’il ne fait jamais le poids», conclut-elle. Ceci n’est semble-t-il possible que quand on modifie les normes dans tout un pays, comme ce fut le cas en Angleterre, lors d’une très mauvaise récolte générale de pommes de terre, relève Claudio Beretta. En réduisant les normes, on a eu suffisamment de pommes de terre. Cela n’a pas gêné les consommateurs qu’elles soient moins belles.
Hansjörg Walter ne voit cependant pas la solution dans la réduction des normes pour commercialiser des aliments moins attrayants. Cela casse le prix de l’ensemble de l’alimentaire. Comme alternative, il voit le traitement des produits alimentaires au niveau technique, par exemple en transformant les pommes en jus de pommes ou les pommes de terre en purée, comme on le fait jusqu’à présent.

Sensibiliser à travers l’information

Tobias Sennhauser de l’association «Tiere-im-Fokus» veut lancer un signal à la société de gaspillage. Comme les magasins alimentaires aujourd’hui offrent de tout, on crée des besoins artificiels. Pour protester, il se nourrit toujours de produits alimentaires déposés dans les conteneurs de déchets des grands distributeurs. Avant tout, pour des raisons de «compassion envers les animaux», il voit la solution à la mentalité de gaspillage dans une nourriture végétalienne. Franziska Trösch, présidente du Forum des consommateurs, protège les consommateurs. On devrait les sensibiliser au problème du gaspillage; cela commence à l’école, où l’on devrait enseigner que les aliments n’ont pas seulement une valeur financière. Les participants au podium étaient tous d’accord sur le fait que beaucoup d’aliments sont jetés trop tôt. On devrait à nouveau user de bon sens et de raison saine pour décider si un produit – dont la date limite de conservation ou de consommation est dépassée – est encore consommable, pense la porte-parole des consommateurs. Les grossistes et les détaillants ne peuvent pas faire grand-chose, aussi bien au niveau légal que pour des raisons d’organisation, explique la représentante de Migros, cependant les grands distributeurs réduisent souvent les prix juste avant la fin de la date limite de vente.
La discussion a montré qu’il existe beaucoup d’idées, mais pas de solution idéale. Apparemment, chacun doit mettre du sien. Claudio Beretta répond à la question du modérateur qui voulait savoir ce qu’il ferait si le travail et le coût ne jouaient aucun rôle, disant qu’il favorise une offensive de l’information et de la conscience, afin que nous retrouvions la qualité réelle des aliments.    •

(www.goetz-beratung.ch)

(Traduction Horizons et débats)