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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°9, 8 mars 2010  >  Pas de profit sur le dos des droits de l’homme [Imprimer]

Pas de profit sur le dos des droits de l’homme

par Antonio Hautle, directeur, «Action de Carême» et Beat Dietschy, secrétaire général, «Pain pour le prochain»

«Misons sur un commerce juste» tel est le slogan de la campagne œcuménique 2010 lancée par «Action de Carême» et «Pain pour le prochain» (17 février au 4 avril). Elle met le doigt sur les règles injustes du commerce international qui mettent en péril le droit à l’alimentation des populations défavorisées des pays du Sud.
L’économie internationale s’est fortement développée depuis la fin de la guerre froide. La mondialisation a induit une élimination des barrières commerciales et des régulations.
Cette politique de déréglementation était sous-tendue par la croyance aveugle dans le caractère vertueux des mécanismes de marché. Les conséquences de ces politiques sont devenues manifestes dans notre pays aussi, en particulier depuis la crise financière.
Les pays plus pauvres et plus faibles ont dès le départ subi les revers de la globalisation.
Les multinationales par contre ont tiré profit de l’absence de normes sociales et écolo­giques. Les gouvernements enfin, face à la concurrence économique, n’ont souvent pas osé exiger d’elles le respect des droits de l’homme.
«Action de Carême» et «Pain pour le prochain» s’engagent depuis plus de quarante ans pour un système économique qui soit au service de l’être humain et capable de vaincre la pauvreté. Pour cela les œuvres d’entraide s’inspirent de leur tradition de foi. Le jubilé de Calvin a rappelé que le réformateur n’était pas le précurseur qu’on croyait d’un capitalisme individualiste et déchaîné. Au contraire, il a pensé une économie au service de la vie et la responsabilité particulière des élites économiques.
Cela signifie aujourd’hui que les traités sur les droits de l’homme doivent également s’appliquer aux entreprises. Les normes qui protègent la dignité de l’être humain ne devraient plus être subordonnées aux intérêts économiques. Et de nouveaux instruments et politiques de protection des droits de ­l’homme doivent être développés, tant au niveau international que dans les législations natio­nales, ainsi que l’exige le représentant spécial des Nations Unies John Ruggie. […]
Nous en sommes convaincus: après vingt années de globalisation accélérée, un grand besoin d’agir existe. Certes, il y a toujours plus de codes de conduite, de lignes direc­trices et d’instruments volontaires en ma­tière de responsabilité sociale. C’est un début, mais cela ne suffit pas à combler les lacunes légales et politiques qui existent. Les droits de l’homme ne sont pas volontaires. Et ils valent plus que le profit, aussi légitime soit-il.

Source: Editorial tiré de la brochure Collection ­Repères – Economie et droits humains.
www.droitalimentation.ch/francais/commerce-juste