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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°11, 17 mars 2008  >  Des femmes protestent contre l’agro-industrie au Brésil [Imprimer]

Des femmes protestent contre l’agro-industrie au Brésil

La sécurité alimentaire est un droit de la population

Actuellement, des dizaines de milliers de paysannes manifestent contre l’expansion de l’agro-industrie dans le plus grand pays de l’Amérique du Sud. L’occupation des plantations du producteur suédois finlandais de cellulose Stora Enso, le 4 mars dernier, a marqué le déclenchement de protestations partout dans le pays. Ce jour-là, environ 900 femmes du mouvement des paysannes, membre brésilien de l’organisation paysanne internationale Via Campesina, ont occupé les do­maines de la multinationale scandinave du papier dans l’Etat fédéral Rio Grande do Sul, dans le sud du pays.
Le gouvernement a mobilisé des unités de la brigade militaire PM, qui a vidé le camp des manifestantes avec violence. 700 femmes ont été arrêtées et 60 ont été blessées. Pour protester et marquer leur solidarité avec ces femmes, des organisations paysannes ont ­bloqué huit routes dans l’Etat fédéral et accusé l’Etat brésilien d’être à la solde d’une entreprise étrangère.
Elles ont rapporté que Stora Enso opérait de façon illégale dans le pays. En effet, le groupement s’est approprié de grandes surfaces de sol dans la région frontière d’Uruguay, ce qui est interdit aux entreprises étrangères selon les lois brésiliennes.
Dans un appel à la protestation on peut lire: «Nous, les femmes de Via Campesina à Rio do Sul, sommes de nouveau dans la rue cette semaine, afin de continuer notre lutte contre l’«agro-business» et de défendre la sécurité alimentaire de la population brésilienne. La sécurité alimentaire est un droit de la population qui ne peut être garanti que par une production alimentaire qui maintient la diversité biologique et les méthodes traditionnelles dans chaque région. Aujourd’hui les richesses naturelles de notre pays sont entre les mains des entreprises internationales de l’agro-industrie et la population perd de plus en plus l’accès au sol, à l’eau et aux aliments.»
Lors de la journée internationale de la femme nous intensifierons les actions partout dans le pays. Le Brésil, qui fleurit économiquement, se distingue surtout par la répartition injuste du sol et par le clivage inexcusable entre riches et pauvres. Au cours des dernières décennies, l’expansion agressive des monocultures de l’agro-industrie a aggravé les conflits sociaux et ruraux et elle a privé des millions de petits paysans de leur sol. Les eucalyptus, le soja et la canne à sucre pour l’exportation couvrent de vastes surfaces de sol afin de satisfaire la consommation des pays du nord. Pendant qu’on inonde les bureaux avec du papier, qu’on engraisse les animaux domestiques avec du soja et qu’on remplit les réservoirs des voitures avec de l’éthanol, la population paysanne du Brésil souffre de sous-alimentation. C’est pourquoi les femmes de Via Campesina exigent qu’on cultive de nouveau les plantes traditionnelles et des espèces pour la consommation locale. De plus, elles exigent un repeuplement de la campagne par des paysans.
Dans un message, envoyé à «Sauvez la forêt vierge», le mouvement des pay­sannes rapporte: «Les plantations des eucalyptus s’étendent de façon extensive par les activités des entreprises internationales comme Stora Enso, qui achètent le sol des petits paysans, remplacent la culture traditionnelle par de grandes plantations d’eucalyptus et de pins pour la production de cellulose déco­lorée pour l’exportation et expulsent ainsi les familles paysannes de leurs terres.»
Depuis 2006, la journée internationale de la femme est devenue jour de manifestation des paysannes en Brésil. Les années passées, on a occupé la plantation et la serre du producteur de cellulose Aracruz. Les femmes voulaient attirer l’attention sur la logique contradictoire de l’«agro-business». Dans un rapport de protestation on pouvait lire qu’on n’investissait pas assez dans la production des aliments mais énormément dans les monocultures industrielles et les «déserts verts».    •

Source: www.regenwald.org du 7/3/08, communiqué de presse du jour international de la femme, le 8 mars 2008. (Traduction Horizons et débats)