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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°42, 20 octobre 2008  >  Leonardo Boff – l’avocat des pauvres [Imprimer]

Leonardo Boff – l’avocat des pauvres

ef./km. Juste à temps pour la visite de Leonardo Boff en Suisse (cf. Horizons et débats no 41 du 6 octobre), les éditions suisses «Weg­warte» ont publié un petit livre précieux, richement illustré avec une interview de l’éminent théologien de la libération. Celui qui entend et voit Leonardo Boff lors d’une de ses conférences – ce sont plutôt des conversations, car Boff préfère le dialogue avec les gens – n’a pas vu un dogmatique, encore moins un fanatique, mais un homme qui voit le monde dans son état actuel avec les yeux des pauvres et qui se voue de tout son cœur à l’humanisme, pour la «survie de tous les hommes et pour un monde plus juste». L’Evangile pour lui est la Bonne Nouvelle pour ceux qui vivent aujourd’hui et pour les générations futures, un message d’espoir à savoir que même dans la crise fondamentale actuelle de la communauté mondiale, les hommes peuvent réussir à réaliser un autre, un meilleur monde.
Il serait souhaitable que ce livret, dont nous publions ci-dessous quelques photos et des extraits de l’interview de Leonardo Boff, trouve une large diffusion: comme invitation à la réflexion, au dialogue et à la coopération avec tous les chrétiens et tous les hommes. Cela vaut en particulier pour la relation entre la théologie de la libération et le Vatican et le Pape. Boff lui-même dit: «Celui qui a vécu en 1986 la rencontre entre les évêques brésiliens, différents cardinaux de la curie et l’ancien Pape, était témoin du conflit actuel en ce temps autour de la théologie de la libération. Le résultat de cette rencontre était tout à fait positif. La lettre du Pape à la conférence épiscopale brésilienne en est l’expression, le Pape y dit expressément que «la théologie de la libération n’est pas seulement admise mais aussi utile et nécessaire et en même temps une étape dans la tradition de la réflexion théologique».


«Une grande partie de l’humanité sait que, pour notre monde, cela ne peut pas continuer toujours par la même voie. Par cette voie, trop de sang a été versé et aucun consensus pour les questions essentielles n’est en vue. Même pas quand il s’agit de la question de sauver la terre, notre ‹maison commune›. Nous vivons à une époque de crise profonde de nos para­digmes. La manière habituelle de voir le monde est depuis longtemps dénuée de sens. Mais en même temps l’autre monde n’est pas encore tout à fait né. Pour faire avancer ce processus nous devons retourner à nos ra­cines terrestres. Un des messages essentiels à ce propos vient de l’architecte Oskar Niemeyer. […] Avec un entendement profondément éthique il dit: ‹L’essentiel est la reconnaissance de l’injustice de notre société. C’est seulement si nous nous donnons la main comme frères et sœurs que nous pourrons vivre mieux.› […]»
A la question sur les nouveautés de la théologie de la libération, Leonardo Boff répond: «D’abord, la théologie de la libération a mis les pauvres au centre des efforts et des réflexions des églises. Je dirais même que jamais dans l’histoire de l’église les pauvres ont occupé une telle place centrale. Ici, les pauvres ne sont pas considérés comme ceux qui ne possèdent rien, mais comme les victimes des relations sociales injustes, comme les opprimés. S’ils s’organisent et développent une conscience de leur situation, ils pourront devenir les sujets et acteurs de leur propre libération. […]
Alors une nouvelle image de Dieu s’est formée. Un Dieu de la vie qui, de par sa nature profonde, a une option pour les pauvres parce qu’ils ont le moins de perspectives de vie et qu’ils sont condamnés de mourir avant leur temps.
On a également découvert une nouvelle image de Jésus. Jésus en tant que libérateur intégral de toutes les oppressions humaines. Sa mort sur la croix est la conséquence d’une pratique libératrice et sa résurrection la victoire d’un opprimé comme signe d’une nouvelle vie libérée.
On a aussi conçu une nouvelle image de l’homme qui doit toujours être libre pour les autres, se montrer solidaire avec ceux qui souffrent et qui peut construire en commun avec les hommes de bonne volonté une nouvelle société plus juste et fraternelle.
Et enfin, à cause de la pratique et de la théologie libératrices, s’est créée une église à la base, une église du peuple pauvre […].»    •

"Leonardo Boff - avocat des pauvres" Interview: Angelika Boesch, Sergio Ferrari; avec une postface de Walter Ludin, Photo d'Andreas Heiniger.

Wegwarte Verlag 2008, ISBN 978-3-952273-9-1. Disponible en librairie (en allemand uniquement).