Le «Plan Loup» doit être réviséManifestation du 20 novembre 2009 sur la Place fédérale à Bernethk. Pour une fois la place fédérale offrait une autre coulisse que d’habitude. La place était entièrement entre les mains des éleveurs de moutons et de chèvres et des amis de la garde des animaux de ferme. Le nombre de manifestants était considérable. La place fédérale était bien occupée et les organisateurs parlaient d’environ 800 participants. Mais ce n’étaient pas seulement des humains engagés qui ont peuplé la place. Des chèvres et des moutons avaient fait le voyage de la capitale fédérale et ont donné ainsi à bon nombre de citadins une impression insolite et tout à fait sympathique. Construire des ponts entre la population citadine et campagnardeLa manifestation a attiré beaucoup de passants qui ont écouté attentivement les différents intervenants. La Suisse – trop peu d’espace vital pour le loupLe conseiller national Roberto Schmidt ne mâche pas ses mots en constatant sans équivoque: «Le loup n’a rien à voir en Suisse!» L’espace alpin suisse est trop petit, trop exigu, trop peuplé et dans ces circonstances «un ensemble d’animaux de la ferme avec le loup n’est plus tolérable dans les conditions cadres actuelles». Il se montre solidaire avec les Valaisans dont les moutons ont été les premières victimes du loup «revenu en Suisse en 1995, ou même réintroduit». Démissionner de la Convention de BerneLe conseiller national Oskar Freysinger a d’abord critiqué la nouvelle loi fédérale sur la protection des animaux qui, d’après lui et de manière complètement exagérée, s’engage pour le soi-disant bien-être du poisson d’or et du hamster. Mais 30 moutons égorgés qui crèvent ignominieusement quelque part, alors là ce ne serait plus un problème? Ce qui compterait c’est que le loup s’en tire bien ? Freysinger lui-même, avec 81 collègues du Conseil national, a exigé la démission de la Convention de Berne qui fait que la Suisse a les mains liées et empêche que le pays puisse décider souverainement comment gérer ses montagnes et comment agir en ce qui concerne le loup. Pendant que d’autres pays ont fait une réserve en ce qui concerne les grands carnassiers, L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) de Moritz Leuenberger a intégralement accepté cette convention. L’implantation du loup, un produit de la société d’abondanceComme troisième conseiller national c’est Erich von Siebenthal qui a pris la parole. En tant que paysan il peut dire de sa propre expérience ce que signifie la souffrance d’un animal. Pour lui il est absolument incompréhensible que des politiciens au Palais fédéral ne veuillent pas le comprendre. Ses homologues au Palais fédéral ne savent pas répondre à la question: Qu’est-ce que un loup a à chercher en Suisse, un pays si peuplé, et quel en serait l’avantage? Et malgré tout, rien n’est entrepris contre le fait qu’il y ait de plus en plus de grands carnassiers dans notre pays, ce qui est «une honte» pour notre démocratie. «C’est inacceptable». Selon lui tout investissement pour la réimplantation du loup est un «produit de la société d’abondance». Il trouve que c’est d’autant plus important que tant de gens se soient réunis à Berne et manifestent leur volonté. Il espère que cela aura des répercussions sur ses homologues au Conseil national. Résoudre de manière appropriée le problème du loup en SuisseVers la fin de la manifestation, c’est le président de l’Association de défense contre les grands prédateurs, Doro Vanza, du Tessin qui a pris la parole. Il a estimé la manifestation comme pas décisif afin de rendre attentif au problème du loup. Il a également souligné que la démission de la Convention de Berne était nécessaire pour que la Suisse puisse résoudre librement et indépendamment, et d’une manière digne du pays, la problématique du loup. Le Tessin en est aussi concerné et il est grand temps que la politique change de cap. Il a rendu hommage à Jürgen Rohmeder du Valais, le secrétaire de l’Association de défense contre les grands prédateurs, pour son engagement qui a rendu possible cette manifestation. Pas un denier des contribuables en faveur d’une protection insuffisante des troupeauxLe dernier orateur était le membre du comité de la Fédération suisse d’élevage caprin (FSEC), Toni Arnold du canton d’Uri. Il a fait remarqué qu’une grande somme d’argent des contribuables était dépensée pour la protection des troupeaux et cela notamment pour des mesures douteuses qui ne peuvent être réalisées qu’insuffisamment et qui ne représentent pas de protection efficace pour les moutons et les chèvres. Cette année, les loups ont dévoré plus de 200 bêtes, et il faut encore prendre en considération un grand nombre de victimes cachées, car on n’a pas pu examiner toutes les bêtes mortes. Le nombre de bêtes qui se tuent dans leur fuite ou qui ne sont pas retrouvées n’est pas pris en compte. C’est épouvantable de regarder les bêtes agonisantes et Toni Arnold demande haut et fort: «Mais où donc se cache Kessler [un des plus militants défenseurs des animaux en Suisse, ndlr.] avec ses belles photos?» Chercher des solutions au-delà de toute idéologieAprès cette manifestation il était clair pour tout le monde qu’on avait discuté et argumenté librement au-delà de toute idéologie et d’agenda politique. Il est d’autant plus clair que le «Plan Loup» doit trouver une nouvelle base où il ne s’agit plus de peser les avantages et les désavantages comme le département Leuenberger l’avait pratiqué pendant longtemps tout en rejetant chaque argument raisonnable. Mais malgré toute idéologie il semble que quelque chose se soit mis à bouger, et cela en premier lieu grâce aux activités des fédérations d’éleveurs. L’office fédéral de l’environnement (OFEV) a signalé d’être prêt à la discussion et le Conseil fédéral veut rétrograder le loup sévèrement protégé au stade d’«animal protégé». Simplement, avec ça, la régulation de la population des loups pourrait être plus simple et empêcher que la région des Alpes comme espace vital ne devienne inhabitable, ce qui perdrait une bonne partie des traditions suisses. Mais il faut continuer de débattre de cette question. Cela semble être l’opinion des propriétaires et des éleveurs d’animaux de la ferme. Ils invitent au dialogue tout en trouvant du soutien au sein du parlement. Les associations de la protection de la nature et le WWF se sont montrés peu coopératifs. Juste avant la manifestation à Berne d’après German Schmutz, les défenseurs des animaux auraient essayé de faire circuler de faux chiffres sur des animaux ayant péri par des forces naturelles (coup de foudre, chute de pierres etc.) pour relativiser et minimiser le nombre des victimes dévorées par le loup. C’est bien sûr inadmissible. Chaque animal qui meurt est une perte – et cela non seulement du point de vue financier – et si l’on peut l’empêcher, il faut le faire. German Schmutz a confirmé que 2000 à 4000 moutons périssaient chaque année par les forces naturelles. Mais si la population des loups se développe en Suisse comme en France et en Allemagne, il y aura bientôt encore bien plus de victimes. «Personne ne peut être contre qu’un grand carnassier chasse un gibier pour apaiser sa faim comme le fait le lynx. Cependant, le loup ne chasse pas pour apaiser sa faim, mais pour tuer. Des douzaines d’animaux sont égorgés et agonisent atrocement – et il n’en dévore que très peu. Il est tellement occupé à tuer qu’il en oublie de manger! Je souhaiterais que les parlementaires et les défenseurs des animaux regardent une fois l’image de ces animaux déchiquetés, et pas seulement l’image du loup vaillant qui dans le clair de lune regarde dans nos vallées.» Roberto Schmidt, 20/11/09Meutes de loups en Francethk. Des bergers venus de France ont raconté que par exemple dans le district du Périmont dans le sud de la France, la population avait augmenté à plus de 150 loups et que trois grandes meutes s’étaient formées. Tout en protégeant les troupeaux, on n’a plus aucune chance d’empêcher les loups d’égorger les moutons. En partie, les gens concernés – et ce ne sont pas seulement les éleveurs – se défendent par leurs propres moyens contre ces menaces et s’exposent ainsi à des poursuites pénales. Les éleveurs de moutons et de chèvres Fédération suisse d’élevage ovin (FSEO)Fédération suisse d’élevage caprin (FSEC)Association de défense contre les grands prédateurs (ADGP) |