«... la guerre n’est pas inévitable. Ce caractère ‹inévitable› est le dogme belliciste le plus dangereux qui soit.»L’engagement de Bertha von Suttner, Prix Nobel de la Paix, contre la Première Guerre mondiale – comme si elle parlait de notre situation actuelleFévrier 1914: «… dénoncé que l’industrie de l’armement appauvrit le peuple.»«Dix mille chômeurs ont manifesté dans les rues de Vienne et dénoncé que l’industrie de l’armement appauvrit le peuple. La manifestation s’est déroulée en toute tranquillité. Ceux à qui elle s’adressait sont restés encore plus calmes. C’est une chose bizarre, de réaliser la surdité et l’aveuglement du monde face aux faits qu’il n’aime pas entendre et voir. Pour réaliser ce qui se passe, il faut écouter et regarder. Et je veux dévoiler le secret à savoir comment on peut, en ces temps tristes et horribles, s’apercevoir de tant de choses merveilleuses. Il ne faut pas fermer les yeux devant l’immense domaine de ce qui existe, mais il faut fermement tourner son regard vers les choses qui vont être.» p. 544 Mars 1914: «De beaux bénéfices s’offrent à l’industrie internationale de la mort.»«Vienne, le 7 mars 1914 Mars 1914: «Rien que des soupçons mutuels,des accusations et des campagnes de dénigrement.»«C’est une agitation inquiétante et indigne qui domine actuellement la politique internationale et la presse. Rien que des soupçons mutuels, des accusations et des campagnes de dénigrement. Hélas, c’est le chant approprié pour accompagner la fanfare des canons qui s’apprêtent à livrer leurs charges, les aéronefs testant le larguage de bombes et surtout les exigences financières des ministres de la Guerre. Les diatribes et les chœurs hargneux correspondent à merveille à ces sirènes infernales. Après avoir effrayé le monde par des nouvelles alarmantes, les démentis suivent. L’organe de presse du ministère russe des Finances a écrit le 5 mars: ‹La Kölnische Zeitung a publié, le 3 mars, une information sur de prétendus préparatifs de guerre à la frontière occidentale de la Russie. Cette information a provoqué le soir-même à la bourse de Paris une inquiétude assez vive qui s’est manifestée dans les cours des titres russes cotisés à la bourse de Paris. Cette inquiétude s’est transférée aujourd’hui à la bourse de Saint-Pétersbourg qui, sous l’influence de l’information mentionnée, a affiché une consternation extrême encore aggravée par les manœuvres des spéculateurs de baisse. Nous sommes en mesure de déclarer formellement que l’information de la Kölnische Zeitung est sans fondement quelconque et qu’elle est une pure invention.› Et une fois encore, la guerre inévitable n’a pas eu lieu.» p. 553sq. Avril 1914: «Pour les nations, l’intérêt principal n’est pas la manière de vivre, prospérer et de se développer, mais la manière de se regrouper.»«Vienne, le 4 avril 1914 Avril 1914:«… c’est ainsi que ceux qui ont des envies de guerre attisent la guerre préventive»«Le ‹Post› de Berlin a publié un article alarmiste du célèbre auteur de romans d’anticipations, le Général F. Bernhardi, dans lequel il revendique ‹l’instauration de la préparation totale à la guerre sur toutes nos frontières‹. Selon lui, la situation politique serait telle que ‹nous pouvons commencer une guerre de manière offensive nécessaire sous les meilleures conditions possibles.› Comme les choses se développent trop lentement, selon le point de vue généralement proclamé que l’armement ne sert qu’à la défense assurant la paix, ceux qui ont des envies bellicistes attisent la guerre préventive. Ils posent le principe: étant donné que la guerre est inévitable, il vaut mieux que nous n’attendions pas que l’adversaire continue de s’armer pour nous donner le coup de grâce. Ce raisonnement n’est pas franchement mauvais, mais il souffre de la mauvaise prémisse; la guerre n’est pas inévitable. Ce caractère ‹inévitable› est le dogme belliciste le plus dangereux qui soit.» p. 561 Mai 1914: «Les intérêts du trust pétrolier de Rockefeller»«Quelque chose de triste a encore eu lieu en Amérique: le massacre des ouvriers grévistes du Colorado. ‹Les intérêts du trust pétrolier de Rockefeller› est l’explication souvent entendue. On soupçonne aussi des agissements secrets d’hommes d’affaires américains derrière tous les troubles au Mexique. Qui est capable de regarder derrière les décors? Après tout, ces actes de violence sont tous fondés sur deux erreurs fondamentales: qu’il faut posséder politiquement un pays pour tirer profit de ses richesses et qu’il est possible d’obtenir quelque chose de fructueux par le meurtre et la destruction.» p. 569 (Traduction Horizons et débats) |