Le but était de toucher des cibles civilesLa doctrine de la guerre d’agression de l’OTAN dans la guerre aérienne contre la Yougoslavie en 1999 était contraire au droit internationalpar Jürgen Rose*En ce qui concerne le déroulement de la guerre aérienne de 78 jours que l’OTAN a menée en 1999 au-dessus du Kosovo et contre la République fédérale de Yougoslavie, il est indispensable – si on veut vraiment comprendre ce qui s’est passé – de jeter un coup d’œil sur la doctrine de la guerre aérienne de l’Armée de l’air américaine. Elle a été formulée depuis 1987, à partir de réflexions des années 20 et 30 du siècle dernier – par exemple par l’Italien Giulio Douhet, le Britannique Hugh Trenchard, l’Américain Billie Mitchel ou le général allemand de la Reichswehr Walther Wever – par le colonel de l’Armée de l’air américaine John A. Warden III, qui fut promu plus tard commandant de l’Air Command and Staff College de l’Air University de la Maxwell Air Force Base (Alabama). Ses idées se sont imposées lors de la guerre contre l’Irak en 1991; elles ont inspiré la doctrine américaine de la guerre aérienne en vigueur aujourd’hui encore. Celle-ci constituait le fondement conceptuel des opérations aériennes contre la Yougoslavie en 1999, contre l’Afghanistan en 2001/2002 et contre l’Irak en 2003. Le «modèle des cinq cercles»L’essentiel de l’approche stratégique de Warden consiste dans son soi-disant modèle des cinq cercles:1 partant d’un point de vue systémique, l’ancien colonel d’armée aérienne décrit l’adversaire comme un système de cercles concentriques dont l’importance stratégique diminue lorsque l’on va de l’intérieur vers l’extérieur. L’appliquant à un Etat ennemi, Warden définit ce système de la manière suivante: au centre, il y a les hauts responsables politiques et militaires. Autour sont groupées les industries de base,2 c’est-à-dire en priorité la production d’électricité, l’approvisionnement en eau, l’industrie pétrochimique et – ce qui est fort intéressant – aussi le secteur financier d’un Etat, puis vient l’infrastructure des transports, puis la population civile et enfin, tout à l’extérieur, l’Armée. La population comme ciblePourtant toutes ces armes sont illégales au regard du droit international, comme le stipulent la Convention de Genève de 1949 et ses Protocoles additionnels de 1974 et 1977, ainsi que la «Convention internationale sur l’interdiction de l’emploi d’armes qui peuvent être considérées comme frappant sans discrimination» du 10 octobre 1980. *Jürgen Rose est pédagogue et lieutenant-colonel de la Bundeswehr. Il exprime ici ses opinions personnelles. Source: Ce texte est un bref extrait d’un article détaillé, paru le 3 avril dans la «junge Welt». 1 Warden, John A.: «Air Theory for the Twenty-first Century», Maxwell Air University, 1995 (www.airpower.maxwell.af.mil/airchronicles/battle/chp4.html); Warden, J.A.: The Enemy as a System, 1998 (www.airpower.maxwell.af.mil/airchronicles/apj/apj95/spr95_files/warden.htm) |