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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°24, 11 juin 2012  >  La même entourloupe qu’en Irak pour imposer la guerre? [Imprimer]

La même entourloupe qu’en Irak pour imposer la guerre?

Méfions-nous des erreurs de raisonnement et des réactions affectives

Le président américain Barack Obama, dont on attendait généralement une réaction directe contre Bachar al-Assad après les massacres de Houla, est très préoccupé par ce qu’il considère comme une très grande menace pour le monde, c’est-à-dire le fait qu’Al-Qaïda ou d’autres organisations terroristes puissent s’emparer des immenses stocks d’armes chimiques et biologiques syriennes. C’est ce que nous apprennent les sources de DEBKAfile à Washington et dans les milieux des Services secrets.
Le président des Etats-Unis essaie d’obtenir de Vladimir Poutine qu’il approuve son nouveau projet consistant à demander au Conseil de sécurité de charger immédiatement 3000 observateurs armés de prendre le contrôle des six stocks d’armes chimiques et biologiques. 2000 autres personnes devraient se joindre par la suite à cette équipe.
Pour tranquilliser Poutine qui pourrait penser qu’il s’agit d’une entourloupe visant à faire entrer en Syrie des forces armées occidentales contre la volonté de Moscou, Obama a proposé que la majorité des observateurs soient des Russes ou des ressortissants des pays qui approuvent le soutien russe au régime de Bachar al-Assad.
Comme nos informateurs l’ont appris, Obama a déclaré lors de l’entretien entre les deux présidents que «si un baril d’anthrax tombait entre les mains d’un groupe terroriste caucasien, les Russes seraient face à la plus grande menace terroriste de leur histoire. Des millions de Russes pourraient périr.»
Il ressort clairement de cette déclaration que les armes de destruction massive d’al-Assad ne se trouvent pas dans des ogives, des bombes ou des obus mais dans de grands tonneaux ou des barils stockés dans six abris souterrains. Ils contiennent du sarin (GB), du tabun (GA), des gaz neurotoxiques VX, environ quatre variétés de gaz moutarde et de l’anthrax. Les dépôts sont répartis autour d’Al Safir, sur les plus importantes bases de missiles syriennes situées au nord du pays, sur le site de Cerin, centre de recherches biologiques de la côte méditerranéenne, dans des installations militaires situées près de Hama et de Homs, sur la base marine de Latakia, louée aux Russes et à Palmyre, située sur l’autoroute reliant Homs à Alep.
Selon des informations reçues par les Services secrets américains, trois de ces sites se trouvent dans des régions qui sont le théâtre d’importants combats entre l’armée syrienne et les rebelles. De plus, ces deux dernières semaines, des éléments d’Al-Qaïda ont pénétré dans ces régions dans l’intention de s’emparer de quelques-uns de ces dépôts d’armes de destruction massive.
Obama a averti Poutine que jamais les djihadistes n’avaient été si près de mettre la main sur de grandes quantités d’armes classiques mortelles, surtout maintenant que le frère d’al-Assad, Maher, commandant de la 4e Division, qui surveille ces dépôts, est chargé de réprimer l’insurrection et manque de soldats pour assurer cette surveillance.
Si le président russe accepte le projet américain de créer cette troupe de 5000 observateurs internationaux, Obama espère con­vaincre également al-Assad et même Téhéran d’accepter son projet.
Au petit matin du 31 mai, le président des Etats-Unis s’est entretenu par vidéoconférence avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et le premier ministre italien Mario Monti pour les informer de son initiative et de ses entretiens avec Poutine.
Les informateurs de DEBAKfile à Washington et à Jérusalem ont déclaré qu’Obama avait envoyé une note personnelle au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et au ministre de la Défense Ehoud Barak les avertissant que si Al-Qaïda ou un autre groupe terroriste entrait en possession de ces armes mortelles, il pourrait les introduire clandestinement en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Selon Obama, «Israël serait leur cible numéro un».
Ces informations ont été transmises cette semaine aux leaders israéliens par des agents de haut rang des Services de renseignements et des membres du gouvernement américains accompagnées de l’avis du Président selon lequel le risque que ces armes de destruction massive tombent entre les mains de terroristes était aujourd’hui plus grave que celui d’un Iran possédant l’arme nucléaire.
Là-dessus, le général de division Yaïr Golan, du Commandement de la Région Nord de l’Armée israélienne, a déclaré: «Nous pourrions être confrontés dans quelques semaines ou quelques mois à des attaques d’Al-Qaïda en provenance de Syrie.»
Le président russe n’a pas encore répondu à Obama. Il se méfie toujours, pensant qu’il s’agit d’une ruse américaine pour stationner des troupes occidentales en Syrie, d’où la prise de position de son porte-parole, mercredi dernier: «La Russie n’envisage pas de modifier son point de vue à propos de la Syrie et toutes les tentatives d’exercer des pressions sur Moscou sont inadéquates.»
Selon l’interprétation de Téhéran, Moscou n’a pas repoussé la proposition d’Obama et le gouvernement iranien a été tellement indigné qu’il a proféré une menace vigoureuse. Le porte-parole du parlement iranien Ali Laridjani a déclaré: «Une intervention occidentale en Syrie provoquerait une révolte dans toute la région qui ne manquerait pas de submerger Israël. Elle s’étendrait à la Palestine et les cendres des flammes engloutiraient certainement le régime sioniste.»
Nos informateurs de Washington ont interprété cela comme une menace de l’Iran d’anéantir Israël au cas où le projet d’Obama de stationner 5000 observateurs en Syrie serait accepté. Des informateurs iraniens ont déclaré à DEBKAfile que cette menace était également destinée à empêcher Poutine d’y participer.
Dans la nuit de mercredi, Susan Rice, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, a, pour couronner ces messages voilés, adressé une menace au Conseil de sécurité: «Cela va devenir un conflit par personnes interposées où les armes vont arriver de tous côtés. Et les membres du Conseil de sécurité et de la communauté internationale n’auront plus d’autre solution que de délibérer pour savoir s’ils sont prêts à prendre des mesures en dehors du Plan Annan ou de la compétence de ce Conseil.»
Ces paroles étaient une manière pour la Maison Blanche d’informer le Kremlin que si Poutine repoussait le Plan d’Obama, Washington n’hésiterait pas à contourner le Conseil de sécurité et le veto russe et à entreprendre une opération militaire contre la Syrie au mépris de Moscou.    •

Source: www.debka.com
(Traduction Horizons et débats)