De Solferino à la Croix-RougeExposition spéciale au Musée Henry-Dunant à Heidenpar Urs KnoblauchSans l’initiative du Suisse Henry Dunant il n’y aurait pas de Comité International de la Croix-Rouge. Sa consternation humaine et son intime conviction de soulager les souffrances humaines, voire de les empêcher, peu importe s’il s’agit d’amis ou d’ennemis, ont posé la pierre fondamentale d’une organisation qui est aujourd’hui active à l’échelle mondiale et dont le travail est irremplaçable. Le Musée Henry-Dunant à Heiden dans le pays d’Appenzell est dédié au grand humaniste suisse et à l’œuvre d’Henry Dunant (1828–1910). C’est ici à Heiden que le lauréat du Prix Nobel a passé ses 23 dernières années. Le musée, inauguré en 1998, le seul de par le monde, montre l’activité bénéfique du fondateur de la Croix-Rouge. Heiden est situé sur une terrasse ensoleillée du Rorschacherberg, 400 mètres au dessus du Lac de Constance, dans les collines de l’Appenzell. Ici, pendant la Seconde Guerre mondiale, la population suisse et la Croix-Rouge ont aidé, par-dessus le lac, les voisins allemands et les enfants qui souffraient de la misère de la guerre. On se rappelle surtout de nos jours avec gratitude cette aide exemplaire entre voisins dans la région du Lac de Constance, en la souhaitant à tous ceux qui souffrent des guerres dans le monde d’aujourd’hui. «Tutti fratelli» – Un souvenir de SolferinoA l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Solferino, le musée de Heiden a monté une exposition spéciale «De Solferino à la Croix-Rouge». Elle documente les faits et le contexte émouvants de la bataille de Solferino, dont Henry Dunant, le 24 juin 1859, a été le témoin «d’une des batailles les plus sanglantes de l’histoire récente» dans l’arrière-pays du lac de Garde. Il est consterné par les souffrances et il commence tout de suite, avec les hommes et les femmes des environs, à aider les soldats de toutes les parties en guerre. Les femmes disaient «Tutti fratelli – tous des frères», c’était là le sentiment spontané et le fond des actions d’Henry Dunant qui ne faisait aucune différence entre les trois parties en guerre, chacun étant un homme égal aux autres et ayant besoin d’aide. Cette attitude spontanée et humaine, cette éthique et cette compassion, c’est dans sa famille, pendant son enfance et adolescence qu’il a pu les développer et c’est devenu sa raison de vivre. La famille et Henry Dunant se sont engagés dans les activités d’association d’aide aux pauvres, dans des prisons et dans la Société d’aumônes dans sa ville natale de Genève. C’est ce bain de sang épouvantable, les soldats agonisants et morts sans aucune aide à Solferino qui ont fait naître chez Dunant la volonté de créer une œuvre d’entraide internationale. Eveiller la pitié, la compassion, la bonté et la charitéDéjà en 1863 Henry Dunant a réussi de faire des pas décisifs pour la création d’une organisation d’entraide internationale et neutre. Le 22 août 1864 à Genève, 16 Etats ont signé la Première Convention de Genève «pour l’amélioration du destin des blessés sur le champ de bataille». Dans les années suivantes, Dunant a dû surmonter de lourdes déceptions personnelles avec des amis et la Croix-Rouge et des pertes financières. «L’engagement de Dunant pour la Croix-Rouge eut pour conséquence qu’en 1867 sa maison de commerce fit faillite.» Il avait espéré qu’avec les recettes de moulins il pourrait financer la Croix-Rouge. Il ne pouvait pas rembourser les sommes empruntées à ses créanciers à Genève, il a été condamné par la Cour Civile de Genève et il a dû démissionner comme secrétaire de la Croix-Rouge. Il a quitté Genève et a vécu à Paris dans des circonstances pauvres et il a survécu en travaillant en tant que journaliste. Lors de l’Exposition universelle de Paris il a cependant reçu une médaille d’or en reconnaissance de ses mérites. Sans perdre courage il poursuit son but de soulager les souffrances de la guerre et d’empêcher la guerre en tant que telle. Il trouve toujours du soutien lors de ses nombreux voyages diplomatiques. Après le début de la guerre franco-allemande il a fondé une Nouvelle patrie à HeidenEn 1887, il arrive, sur les conseils d’amis, pour la première fois à Heiden, la station connue pour ses cures d’air et de petit-lait, afin de se reposer. En 1888, il fonde une section de la Croix-Rouge à Heiden. Il trouve ici le repos et la paix et une nouvelle patrie, après son engagement incessant pour l’amélioration du sort des prisonniers de guerre et la construction de la Croix-Rouge. Dès 1892, il vit et travaille pendant 18 ans comme pensionnaire à l’hôpital du district où le médecin-chef, le docteur Hermann Altherr le soigne de façon exemplaire sur le plan médical aussi bien qu’humain. Il lui a fait parvenir toute aide nécessaire. Ce qui est aussi important, c’est son amitié avec la famille Sonderegger et leurs enfants. Sonderegger a aidé Dunant en traduisant son livre «Un souvenir de Solferino» en allemand. Ici il pouvait écrire et mener sa correspondance avec beaucoup de personnes dans le monde entier et continuer son travail philosophique et artistique d’écrivain, sa vision d’un monde sans guerre. Henri Dunant a presque été oubliéC’était un hasard et un coup de chance que le journaliste George Baumberger, très engagé sur le plan humain, ait écrit en août 1895 un article «Über Land und Meer» (A travers les pays et la mer) dans lequel il attirait l’attention sur Henry Dunant qui avait presque été oublié. Il vaut la peine de s’occuper un moment de la biographie de Baumberger, qui est venu à l’âge de 26 ans avec sa femme à Hérisau où elle a géré une épicerie. Baumberger, grâce à sa capacité d’«une formulation écrite claire» a été appelé comme secrétaire du plus ancien cercle de lecture appenzellois, la «Sonnengesellschaft». Bientôt le journaliste, avide d’apprendre, a écrit pour les journaux appenzellois dans les domaines de la politique sociale et l’économie nationale. Plus tard, il est devenu rédacteur du journal «Ostschweiz» à Saint-Gall, ensuite rédacteur à la réputée «Neue Zürcher Nachrichten», et de 1913 à 1917 il a été élu au Conseil communal de Zurich. Mais il est resté attaché au pays d’Appenzell, il est venu à Brülisau où il aimait le contact avec les paysans montagnards. Henry Dunant reçoit le Prix Nobel de la PaixPar l’article très remarqué de Baumberger, l’attention pour Henry Dunant a été réveillée. Des contacts se nouent et il reçoit de nombreux honneurs. A partir de 1896, il reçoit une rente annuelle de la Tsarine russe Maria Feodorowna et le premier prix du Congrès médical de Moscou. De la Confédération Suisse il reçoit le Prix Binet-Fendt et le 10 décembre on lui attribue, notamment grâce à la médiation de Bertha von Suttner et du pacifiste français Frédéric Passy, le premier Prix Nobel de la Paix. En 1908, il fête son 80e anniversaire et il est honoré mondialement. En 1910, Henry Dunant meurt à Heiden, sa tombe se trouve au cimetière Sihlfeld à Zurich. Renseignements sur les heures d’ouverture du Musée Henry-Dunant Heiden: tél. +41 71 891 44 04, |