Région de montagne – artisanat – recyclageL’entreprise «Karlen Swiss» à Törbelpar Lisette Bors et Eliane GautschiConnaissez-vous les sacs à main fabriqués avec des couvertures militaires à rayure rouge et croix blanche? Saviez-vous qu’ils sont produits à la main à Törbel? Accompagnez-nous et faites la connaissance d’un joyau valaisan, perché à 1500 mètres d’altitude. Törbel – un village sur les hauteurs de la vallée de VispPar une route raide et sinueuse on arrive à ce village typiquement valaisan, construit sur la pente raide tout en haut sur le versant sud de la vallée de Viège. Nous sommes dans une des régions les plus pauvres en précipitations de Suisse. Beaucoup de ces vieilles maisons valaisannes, construites en bois de mélèzes résistant aux intempéries, ont noirci sous le soleil. Le village de Törbel s’est constitué au courant des siècles à partir de trois hameaux. C’est un village qui est resté fidèle à ses origines. Plusieurs bâtiments utilitaires qui ont servi il y a 40 à 50 ans l’autarcie du village peuvent être visités pendant la saison d’été à l’occasion d’une excursion «Urchigs Terbil» (Törbel authentique). Aujourd’hui environ 500 habitants vivent au village. La plupart travaillent en bas dans la vallée. La population du village est bien mélangée en ce qui concerne les groupes d’âge, il y a souvent de jeunes familles qui viennent s’y installer. Tout a commencé par une cordonnerie-sellerieEn 1951, Titus Karlen a fondé à Törbel une cordonnerie-sellerie. Seul, il a fabriqué des chaussures fait-main, des courroies de cloches, des harnais pour les chevaux, des ceintures, divers accessoires et de nombreux articles militaires. L’atelier est un petit bijou où ça sent le cuir et la colle; les multiples outils pour le travail du cuir sont accrochés en bon ordre aux parois. Sur la table se trouvent quelques semelles. Plus tard nous verrons dans les nouveaux locaux de fabrication les parties de dessus, coupées dans des couvertures militaires en laine. Titus Karlen les colle sur les semelles et obtient ainsi des pantoufles confortables. En plus, l’artisan infatigable s’occupe de toutes les réparations. De cette manière l’ancien atelier est toujours impliqué dans la production. A l’âge de 80 ans Titus Karlen ne se lasse pas de faire du ski une fois par semaine et d’aller danser. Il peut être fier de l’œuvre de sa vie qui a débuté dans le petit atelier et qui est devenue avec une organisation continue ce que Karlen Swiss est aujourd’hui: une petite entreprise florissante qui répond aux conditions les plus exigeantes d’une région de montagne. Des conditions de travail modernes – une politique d’entreprise saine«Le climat de travail dans notre entreprise nous tient à cœur!», c’est l’idée clé de la famille Karlen. Cela se sent tout de suite en entrant dans les locaux clairs. Les places de travail sont installées devant de grandes fenêtres et libèrent le regard sur un magnifique panorama de montagnes avec dix sommets de 4000 m! S’il faut quand même allumer les lampes, leur lumière se fond dans la lumière du jour et un éclairage naturel est ainsi maintenu. De la couverture en laine au sac à mainDifférentes stations doivent être passées jusqu’à ce qu’un nouveau produit – en petites séries – puisse être livré au client. Au début il y a l’idée. Cela a été ainsi avec une couverture en laine de l’armée dans la voiture de Hans-Jörg Karlen, le fils du fondateur de l’entreprise. «Cela pourrait servir à quelque chose!» Et l’idée était née pour la production d’accessoires à partir de couvertures de laine de l’armée suisse qui ne sont plus utilisées. Avec cette idée la famille Karlen appartient aux co-fondateurs du Swissness, le label sous lequel sont fabriqués dans l’artisanat suisse des produits de qualité, sur la base d’un travail soigné et d’une élaboration fonctionnelle. Aujourd’hui, en collaboration avec différents producteurs, des idées sont transformées en projets concrets. Sur la base d’esquisses on fabrique et on teste des prototypes de nouveaux sacs à main. Ensuite il faut trouver et planifier le meilleur processus de fabrication. Tous les collaborateurs participent à cette recherche avec leurs idées pour obtenir un produit optimal. Dans la salle de production, les machines sont arrangées pour garantir que le processus de fabrication puisse se dérouler sans problèmes. Recyclage de matériaux de très haute qualitéCe qui saute aux yeux dans l’entreprise de la famille Karlen, c’est à part le bon climat de travail et la gestion circonspecte des affaires, le soin dans le maniement des matériaux utilisés. D’un côté beaucoup de choses ayant été fabriquées à d’autres fins reçoivent ici une deuxième vie. Les couvertures militaires en laine en sont un bon exemple. L’armée suisse a fait ses dernières acquisitions à la fin des années 1960. Maintenant les couvertures qui ne sont plus utilisées reposent dans les entrepôts de l’entreprise Karlen et servent aux gens sous une autre forme. Il en va de même des tissus pour les sièges et des tissus des stores pare-soleil des anciens wagons CFF. Depuis peu, on recycle aussi les tissus de lin résistants des anciens sacs postaux et le tissu bleu marine des anciens uniformes des facteurs. Les tissus sont nettoyés et réutilisés. Les traces de la dernière utilisation font partie du produit et racontent l’histoire de son ancien usage. Mais, pour les autres matériaux neufs, on attache beaucoup d’importance à la qualité et à la provenance suisse. D’autres petites entreprises en profitent, des emplois peuvent être maintenus, des allocations de chômage et d’autres coûts sociaux épargnés. Grâce aux distances de transport courtes en Suisse, on produit en plus de façon écologique. 2006: Prix principal du Groupement suisse pour les régions de montagne
Beaucoup d’idées, de hasards et de persévérance, d’esprit d’entreprise clairvoyant et de responsabilité civique, ont conduit finalement à ce que l’entreprise Karlen Swiss représente aujourd’hui. En 2006, l’entreprise a été honorée du prix principal du Groupement suisse pour les régions de montagne. Consciencieusement, l’assortiment de l’entreprise se développe toujours davantage. L’entreprise Karlen Swiss est un bon exemple de petite entreprise suisse représentant la qualité, de bonnes conditions de travail et une gestion d’entreprise saine. Elle montre qu’une petite entreprise suisse dans une région de montagne peut aussi avoir du succès et être connue bien au-delà de nos frontières. Les trois piliers de l’entreprise Karlen sellerie et commerce S.A.R.L
La philosophie de l’entreprise Karlen a trois piliers: C’est une entreprise de région de montagne, qui tient compte de ce fait. L’entreprise attache beaucoup d’importance à un artisanat soigné, et elle fait un recyclage conséquent des matériaux de base existants, déjà utilisés ou non. Törbel vaut une visiteAprès la visite de l’entreprise, nous avons savouré un excellent dîner avec le couple Karlen sur la Moosalp (à 2000 mètres d’altitude). Avec une vue magnifique sur le Dôme des Mischabels nous avons appris beaucoup de choses sur la région. La Moosalp est une zone marécageuse. Beaucoup de skieurs profitent des pistes en hiver. En été, on peut y faire de belles randonnées. En aucun cas il ne faut manquer les tranches à la crème faites maison du restaurant Moosalp. • Pour de plus amples informations veuillez consulter:www.karlenswiss.ch et www.toerbel.ch/kultur/ Le SAB s’engage pour les PME de montagneLes PME situées dans les régions de montagne et au sein de l’espace rural ont des besoins particuliers, en raison de leur situation géographique et de leurs spécificités économiques. Le recrutement de personnel qualifié, la conquête de nouveaux marchés, ou l’éloignement par rapport aux centres urbains constituent des freins au développement de ces entreprises. Par conséquent, le SAB a esquissé un plan d’action pour soutenir le développement des PME des régions de montagne. Les quelque 80 participants, dont de nombreux spécialistes, ont eu l’occasion de s’exprimer sur ce plan d’action, au cours de cette Journée d’étude. Dans ce cadre, sept mesures ont été retenues pour améliorer le sort des PME des régions de montagne et de l’espace rural: 1. Améliorer la qualification de la main d’œuvre localeLe recrutement de personnel qualifié est l’une des priorités du plan d’action. Un bon nombre de régions de montagne sont hors de portée des pendulaires journaliers. Dans ce cadre, il est plus judicieux et plus facile de maintenir et de qualifier la main d’œuvre locale que «d’acquérir» des personnes provenant d’autres régions. 2. Faciliter l’accès à des infrastructures et des services pour les entreprisesIl existe déjà un grand nombre d’initiatives et de services pour encourager le transfert de savoirs et de technologies. Le problème ne réside pas dans le manque d’offres, mais dans les barrières (mentales) empêchant l’utilisation de ces services. C’est sur ce point que l’axe de travail No 2 met l’accent. 3. Faciliter l’accès aux marchés suissesBeaucoup d’entreprises situées en régions de montagne ont commencé par proposer des biens et des services destinés au marché local / régional. Si ces PME sont bien implantées dans les réseaux locaux / régionaux, elles ne disposent pas des réseaux et des connaissances leur permettant d’accéder à des marchés extérieurs. Afin que la croissance des entreprises visées ne se fasse pas au détriment des autres sociétés régionales et locales, il faut encourager l’accès à de nouveaux marchés. 4. Encourager la collaboration entre les entreprisesUne collaboration entre les entreprises peut être fructueuse tant pour répondre à des appels d’offres, que pour la mise en place de chaînes logistiques. D’autre part, l’intensification des contacts entre entreprises favorise une meilleure connaissance mutuelle et encourage les échanges d’expériences. L’amélioration des liens entre entreprises peut aussi faciliter les processus d’apprentissage mutuels. 5. Améliorer l’image des régions de montagne en tant que lieuxde travail 6. Améliorer les conditions cadres politiques pour les PMELes prescriptions légales peuvent avoir des impacts divers selon les régions prises en considération. Citons par exemple l’aménagement du territoire avec ses prescriptions trop restrictives, en matière de constructions hors des zones à bâtir ou les effets de la politique fiscale. Les régions de montagne doivent pouvoir faire entendre leur voix, par l’intermédiaire du SAB qui assure la défense de leurs intérêts politiques. 7. Encourager le développement durableA l’avenir, toute évolution économique doit s’efforcer de répondre aux critères du développement durable. Les régions de montagne possèdent des atouts leur permettant de jouer un rôle prépondérant dans le cadre du développement durable. Il faut utiliser cette opportunité et promouvoir le développement durable dans tous les axes de travail (approche transversale). Les priorités définies ci-dessus doivent se concrétiser grâce à l’engagement conjoint du SAB et des divers acteurs cantonaux et régionaux. Les informations détaillées relatives au plan d’action du SAB se trouvent sur notre site Internet (www.sab.ch). Source: Communiqué de presse du SAB no1056 du 28/8/09 (Extrait, cité d’après Horizons et débats no 36 du 21/9/09) |