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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°47, 6 decembre 2010  >  «Le gouvernement des Grisons a couvert environ un tiers des coûts» [Imprimer]

«Le gouvernement des Grisons a couvert environ un tiers des coûts»

Interview du conseiller national Jean-François Rime, président de l’Association suisse des scieries et de l’industrie du bois

Horizons et débats: La grande compagnie de scierie Mayr-Meln­hof à Domat/Ems est une entreprise autrichienne. De quelle importance a été la participation financière à la fondation de l’entreprise à l’époque, quelle en est la situation actuelle?

Jean-François Rime: La scierie à Domat/Ems a été construite par une autre entreprise autrichienne, les frères Stallinger. Les raccordements aux CFF et à la RhB ont été financés par l’Etat, la commune de Domat/Ems a entrepris comme propriétaire du terrain une excavation gigantesque; 15 hectares de terrain ont été abaissés de 3 à 5 mètres.
La construction de la scierie, sans ces coûts d’infrastructure, a été estimée à entre 75 et 90 millions de francs; nous ignorons combien de moyens ont été mis par l’entrepreneur; de la part du gouvernement des Grisons, il s’est agi d’environ un quart. A la fin de 2008, les frères Stallinger ont vendu la scierie à Mayr-Melnhof.

Auparavant, la mauvaise situation de l’économie du bois il y a 5 ans était généralement due au prix du bois. Combien de bois de construction et de bois pour ameublement ont alors été importés?

Nous avons des terrains, des transports ainsi que des salaires coûteux. Jusqu’à l’exception des Grisons, il n’y a jamais eu de subventions tandis que dans les pays voisins des capacités subventionnées sont apparues. Malgré tout plusieurs entreprises suisses ont continuellement grandi par leur propre force et durablement.

D’où venait le bois, de quels pays et régions du monde?

Le bois d’importation provient surtout d’Alle­magne et d’Autriche. En comparaison à la situation d’il y a 20 ou 30 ans, les Scandi­naves ont perdu en importance.

Combien est-ce qu’on en importe encore aujourd’hui?

En ce qui concerne le bois de refend cru, nous en exportons depuis 2006 (donc depuis les débuts de la fabrique d’Ems) plus que nous n’en importons. En ce qui concerne le bois de refend greffé, l’importation est encore forte – c’est favorisé ces derniers mois par l’euro faible.

Est-ce que le prix élevé du bois est aujourd’hui en rapport avec la plus forte valorisation du bois comme énergie renouvelable, c’est-à-dire par la plus forte production de granulés de bois?

L’augmentation du prix du bois dépend surtout de la demande dans la construction. De plus, le fait que le bois de conifères en Europe centrale se fait rare joue aussi un rôle. Surtout en Suisse nous nous plaignons d’une politique forestière trop verte qui s’engage davantage pour le bois feuillu (avec très peu de chances sur le marché) et les réserves, plutôt que pour le bois de conifères qui est fortement demandé. A partir du bois de conifères, on fabrique des produits de construction qui ont un réservoir de CO2 – cet effet écologique et sur le climat n’est pas encore suffisamment reconnu.

Nous vous remercions de cet entretien.    •

Soutien financier du canton des Grisons à la scierie Mayr-Melnhof Swiss Timber (MMST)

Lettre au Conseil d’Etat du canton des Grisons

Madame la Conseillère d’Etat,

Messieurs les Conseillers d’Etat,

Le soutien du canton des Grisons à la scierie Stallinger de Domat-Ems a mené, déjà avant son ouverture en 2007, à des discussions véhémentes, également en Thurgovie. Le secteur du travail du bois s’est déjà plaint à l’époque que des subventions pour une scierie surdimensionnée aient des effets négatifs sur la branche entière en Suisse orientale. Après trois ans déjà, les exploitants doivent constater eux-mêmes que leur entreprise est surdimensionnée et qu’elle ne peut pas être rentable.
Dans un catalogue présenté portant sur 80 millions de francs pour des mesures de restructuration, le canton des Grisons a de nouveau l’intention d’y participer financièrement. D’un côté en renonçant au remboursement des prêts d’argent, de l’autre côté par de nouvelles contributions de plusieurs millions. A part la scierie, on ouvrira des usines de planches contreplaquées et une production de granulés de bois, également subventionnées par vous. Déjà le soutien de la scierie s’est fait sentir dans les entreprises thurgoviennes. Votre projet d’un nouveau soutien financier de l’entreprise augmentera les prix du rondin également dans notre région. Cela mène obligatoirement à une distorsion de la concurrence, car nos scieries doivent travailler sans allocations étatiques.
Cela vaut aussi pour les usines projetées de planches contreplaquées et de granulés de bois. Chez nous, il y a déjà des entreprises qu’on a construites sans allocations étatiques. Votre projet met en péril ces investissements et mène à une déformation du marché qui ne devrait pas apparaître dans une économie nationale progressiste.
En Thurgovie, règne un grand mécontentement concernant votre procédé. Au nom de l’économie thurgovienne et en tant que représentant des petites et moyennes entreprises, l’Association des arts et métiers de Thurgovie vous demande de réfléchir à votre stratégie quant au soutien de la grande scierie MMST. La réalisation de ce projet pourrait avoir des effets menaçant l’existence des entreprises en Thurgovie, et nous ne pouvons pas imaginer qu’un canton aille aussi loin et s’en accommode avec des mesures qui déforment les lois de la concurrence. Nous vous demandons instamment de renoncer à d’autres prévenances en faveur de la MMST. On devrait également renoncer aux nouvelles allocations pour les usines projetées de granulés de bois et de planches contreplaquées. Ainsi vous contribuez à stabiliser le marché. Des conditions authentiques du marché devraient mener à des conditions correctes de concurrence pour ceux qui offrent leurs marchandises, et non pas à des subventionnements ponctuels d’entreprises particulières.
Nous vous remercions de la compréhension que vous portez à notre demande, et nous espérons que vous tiendrez compte de nos réflexions dans votre décision finale.

Peter Stutz, président de l’Association des arts et métiers de Thurgovie

Heinz Wendel, directeur