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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°50, 19 décembre 2011  >  Clairvoyance et détermination profonde [Imprimer]

Clairvoyance et détermination profonde

Les Romands ont désigné le général Henri Guisan «Romand du siècle»

thk. Ceux de la génération moyenne, ayant lu les livres de Gotthard Frick, «Hitlers Krieg und die Selbstbehauptung der Schweiz 1933 bis 1945», et de Jean-Jacques Langendorf, «Capitulation ou volonté de défense? La Suisse face à un défi» ou de Christian Favre, «La Suisse avant et pendant la Seconde Guerre mondiale», peuvent enfin bien concevoir devant quel incroyable défi le général Guisan et la population suisse se trouvaient pendant la Seconde Guerre mondiale. En passant de nouveaux documents en revue et après une évaluation objective des documents déjà existants, il s’avère de plus en plus clairement que la Suisse, en raison de son manque d’armement et de possibilités de défense au début de la guerre, a eu vraiment de la chance de ne pas être attaquée par Hitler. Plus tard au courant de la guerre, la volonté de défense et l’attitude intérieure de l’armée suisse, ainsi que la stratégie d’Henri Guisan, ont été décisives pour qu’une attaque de la part des Allemands ne puisse plus avoir lieu. Le nombre de victimes du côté des assaillants aurait été trop élevé au point de se lancer, après de lourdes pertes au front de l’Est, dans une nouvelle aventure à l’issue incertaine. Avec la stratégie d’une retraite dans les Alpes, le Réduit, une occupation complète n’aurait pas été possible même pour une armée aguerrie. Ainsi, la construction d’une puissante armée et d’une stratégie conforme à la situation du pays ont été des facteurs cruciaux pour la survie du petit Etat neutre, entouré de pays sous régime despotique.
Et c’est justement à notre époque, où surtout une partie de la gauche et des médias respectifs fabulent sur la paix éternelle en Europe et désignent la Suisse comme pays encerclé d’amis et pas menacé du tout, que la majorité des téléspectateurs désigne Henri Guisan «Romand du siècle» dans une enquête de la télévision suisse romande, et cela n’est pas seulement un hasard. Cela montre bien que la plus grande partie de la population est tout à fait capable de se faire ses propres idées et d’en tirer ses propres conclusions, malgré la désinformation constante des médias et malgré le rapport Bergier, dont on ne peut en aucun cas se référer, parce qu’il ne résiste à aucune vérification au plan de la science historique.
La clairvoyance d’Henri Guisan et la détermination profonde avec laquelle il a défendu sa patrie sont admirables, et finalement honorées jusqu’à notre époque par son élection comme «Romand du siècle».
Aujourd’hui, l’on souhaiterait avoir des politiciens de cet état d’esprit s’engageant avec conviction en faveur d’une armée qui puisse correspondre au mandat constitutionnel: la protection de la population et la défense du pays. Il faut une conscience plus profonde de ce qu’on a à défendre et du bien précieux que signifie la liberté dans notre pays. Il semble que beaucoup de citoyens en soient davantage conscients que biens des politiciens.
Henri Guisan est jusqu’à présent, pour beaucoup de gens et à juste titre, l’incarnation d’une Suisse résistante qui, malgré l’encerclement par des Etats voisins lourdement armés, ne s’est pas laissée détourner et qui a été fidèle à la souveraineté et à l’indépendance politique. Pour cela chacun était prêt à tout et en dernière conséquence aussi à donner sa vie.
Cet esprit s’est perdu chez certains au temps de la prospérité, de la consommation, de l’individualisme excessif et de la course à l’argent facile. Depuis la fin de la guerre froide et  la dissolution du bloc soviétique, on suppose qu’il ne peut plus y avoir de guerre car les démocraties ne mènent pas de guerre. – Loin de là. Le fait que la nation qui se considère comme la plus grande démocratie du monde ait déclenché ces dernières années la plupart des guerres et ait causé de terribles souffrances aux populations concernées, refute cette opinion. Le divisionnaire Bachofner a déclaré un jour: «Nous avons perdu le respect de la guerre.» Ainsi il a critiqué la croyance naïve consistant à pouvoir conduire des guerres avec les armes les plus modernes sans endurer de propres pertes. Ce n’est pas seulement lâche, mais c’est aussi de la pure propagande qui n’a absolument rien à voir avec la réalité d’une guerre. Et cela va plus loin, nous vivons dans la croyance erronée qu’il ne peut plus jamais y avoir de guerres sous nos latitudes, bien que la tendance des dernières années nous ait montré quelque chose de tout autre. Si nos ancêtres avaient pensé de la même manière, la Suisse, telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’existerait plus.
Parmi tous ces aspects, il est facile de comprendre que les citoyens se souviennent d’un être humain d’exception et soient très reconnaissants qu’il se soit engagé pour le maintien de la Suisse et d’une armée forte et puissante. L’esprit noble d’Henri Guisan est plus actuel que jamais. C’est donc à juste titre que les Suisses romands l’ont choisi comme «Romand du siècle».     •