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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2014  >  N° 5, 3 mars 2014  >  La fin de l’enseignement ménager pratique? [Imprimer]

La fin de l’enseignement ménager pratique?

par Elisabeth Willi, Gockhausen

Plan d’études 21

«Madame, est-ce que nous préparerons un jour nous-mêmes des Knöpfli, une pizza ou un gâteau?» C’est ce que mes élèves m’ont demandé après l’introduction dans la matière de l’enseignement ménager et l’introduction dans la cuisine scolaire. Bien sûr que nous avons fait ça et aussi beaucoup d’autres choses nous-mêmes de fond en comble. Des élèves moins rapides et avec des problèmes de concentration participaient également avec plaisir lorsqu’il s’agissait de faire la cuisine. On apprend des techniques de travail, il faut collaborer et à la fin on est tranquillement réunis à table et on peut discuter ensemble. Nombreux sont ceux qui ne connaissent qu’à peine cette situation chez eux. Ce que les élèves n’aiment pas du tout dans cette matière c’est trop de théorie, ils veulent faire quelque chose.
Avec le plan d’études 21 ça doit changer complètement. La matière aura un nouveau nom «économie, travail, ménage». Le bilan tiré de la situation du matériel pédagogique de la centrale intercantonale des matériels pédagogiques trahit de quoi il pourrait s’agir: «Dans les unités économie, travail, ménage il y a une grande urgence, car les exigences du Plan d’études 21 ne peuvent pas être remplies par les matériels pédagogiques existants. Il faut des innovations; et tout au plus des parties de manuels existants de la série Perspektive 21 (consommation, mondes du travail) peuvent-elles être développées.»
Le manuel populaire «Tiptopf» ou un autre livre de cuisine ne figurent pas sur la liste des manuels scolaires. La partie pratique doit être réduite au minimum. Les choses mises au point, il ne s’agit plus que d’amener les élèves à la consommation correcte: naturelle, consciente et durable. Ils n’apprennent plus comment faire les choses. Beat Kappeler a-t-il à la fin raison en écrivant dans la «Basler Zeitung» du 10 octobre 2013: «Les enfants apprennent seulement la partie passive (de l’économie), donc comment on achète, bouffe, loue, jette, et nulle part comment on produit.»
Le premier objectif minimal du Plan d’études 21 indique la direction de la voie empruntée: les élèves «savent formuler pour les situations de la vie quotidienne des possibilités d’action qui sont bonnes pour la santé, ils savent les pratiquer et réfléchir sur les expériences faites (par exemple le besoin quotidien de liquide et la gestion de boissons sucrées, l’augmentation d’activités physiques au cours d’une journée)». La pratique de la cuisine doit-elle passer à l’as? A ce sujet le deuxième objectif minimal nous renseigne: les élèves «savent créer la nourriture et les boissons selon la situation ainsi que de manière variée» ou bien «savent analyser des décisions individuelles par rapport au choix de nourritures d’après des effets locaux et globaux (par exemple la viande, le poisson, les légumes, les fruits)». Cela veut dire donc que les élèves n’auront plus droit au travail pratique.
L’enseignement ménager a été introduit en Suisse après la Première Guerre mondiale pour agir contre la pauvreté et pour nourrir la population suisse de manière saine.
Les idées de ceux qui ont fait le plan d’études 21 mèneront dans peu de temps à des situations comme aux Etats Unis: on ne fait plus la cuisine, on se nourrit de plats préparés ou on fait des grillades. La convivialité à la table de famille est remplacée par un libre-service du réfrigérateur. Qu’en est-il de la communication entre mari et femme, mère et les enfants et dans la famille, de quelque composition qu’elle soit? Là où il n’y a pas de plats bons et sains préparés avec amour, on n’aime pas rester ni manger.
Est-ce vraiment cela que nous voulons? •