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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°4, 31 janvier 2011  >  L’initiative sur les armes n’empêche pas les actes de violence donc pas non plus ceux perpétrés contre les femmes [Imprimer]

L’initiative sur les armes n’empêche pas les actes de violence – donc pas non plus ceux perpétrés contre les femmes

par Ida Glanzmann-Hunkeler, conseillère nationale PDC/LU*

La sécurité est un des besoins les plus importants des Suissesses et des Suisses. C’est la raison pour laquelle je soutiens toutes les mesures sensées – donc pas seulement sur le papier – qui conviennent à prévenir les abus. L’initiative sur les armes n’en fait certainement pas partie. Moi, aussi je soutiens toute protection contre la violence par les armes, mais je ne veux pas résoudre ce problème par la voie constitutionnelle.
L’initiative transmet une sécurité illusoire sans résoudre les véritables problèmes.
Malheureusement, cette initiative n’est
pas en mesure d’augmenter la sécurité des femmes qui souffrent, par exemple, de
violence domestique, qui sont battues, giflées, menacées de mort. De même, il n’y aura pas de foyers sans armes suite à cette initiative.
Dès le début, j’ai lutté contre l’initiative – à l’époque encore en tant que présidente des femmes PDC. Malgré le Oui à l’initiative de la présidence des femmes PDC la plupart des conseillères nationales PDC, mais aussi le PDC Suisse, s’engagent, après l’étude approfondie du sujet, contre l’initiative.
Les raisons en sont les suivantes: Le Conseil fédéral n’est pas resté inactif depuis le dépôt de l’initiative et a déjà remédié à certains abus.
Au cours des derniers mois et années, il a promulgué des ordonnances efficaces dans le droit des armes civil et pour l’arme d’ordonnance. De plus, il a réalisé les mesures correspondantes qui minimisent le risque d’abus de manière perceptible.
Je parle consciemment de «minimiser» – une sécurité de 100% n’existera jamais. Ni dans l’usage des armes, ni dans la vie en général. Et elle n’existera pas plus avec cette initiative.
Avec leur campagne émotionnelle, les initiants visent, pour des raisons idéologiques, avant tout les armes d’ordonnance. Ils veulent nous persuader que tout soldat suisse représente avec son arme personnelle un danger potentiel pour son épouse et pour sa famille. C’est une médisance insoutenable!
En tant que citoyenne majeure, je demande qu’on établisse un degré de sécurité suffisant dans l’usage des armes. C’est pourquoi je soutiens les mesures correspondantes du Conseil fédéral et de l’Armée pour augmenter la sécurité, c’est-à-dire:
•    Depuis 2010, les armes d’ordonnance peuvent être déposées à l’arsenal volontairement et gratuitement sans donner de raisons.
•    La remise de la munition de poche a été suspendue, n’ayant plus de sens du point de vue militaire, et la munition a été retirée. De ce fait les actes avec des armes militaires sous l’emprise d’une pulsion, souvent cités, sont devenus invraisemblables.
•    Lors du recrutement, les jeunes gens sont soumis à un examen de sécurité approfondi. Celui qui ne le passe pas, ne peut soit pas être admis au service militaire, soit ne pas recevoir d’arme pendant son service.
•    Les médecins et les psychologues civils peuvent dénoncer des signes de mise en danger ou un abus potentiel aux autorités militaires.
•    Si un membre de l’armée ne manie son arme pas de façon règlementaire ou s’il y a danger d’abus, la confiscation préventive de l’arme peut être obtenue avec une procédure simple et rapide. Au cours des années 2005 à 2007 247 armes ont été retirées de cette manière.
•    A la fin du service obligatoire les armes d’ordonnance ne peuvent être achetés qu’avec un permis de port d’arme. Il est connu que cela nécessite un casier judiciaire vierge et qu’il est analysé si l’on peut confier une arme à cette personne. Lors d’actes délictueux ou de signes d’une mise en danger potentiel d’autrui, il est illusoire que cette personne puisse obtenir légalement une arme.
•    Les registres d’armes cantonaux vont être mis en réseau ce printemps encore afin qu’on puisse les utiliser dans toute la Suisse. Un registre fédéral central, exigé par les initiants, n’apporte cependant aucune amélioration en ce qui concerne la sécurité. La sécurité ne peut être augmentée par de nouveaux articles constitutionnels, mais par l’imposition conséquente de la Loi sur les armes qui est suffisamment sévère.
Je suis persuadée que ces mesures sont une réelle contribution pour plus de sécurité, que nous, les femmes, pouvons nous sentir en sécurité en Suisse et que nous n’avons pas besoin d’initiative qui ne résout aucun problème sécuritaire. C’est pourquoi nous disons Non à l’initiative sur les armes!    •

*    Intervention lors de la conférence de presse du 28/1/11 à Berne. (Traduction Horizons et débats)