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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°13, 2 avril 2012  >  L’Europe ferait bien de réfléchir davantage [Imprimer]

L’Europe ferait bien de réfléchir davantage

ts. Depuis l’ouverture du Rideau de fer, ce qui s’appelle aujourd’hui Europe participe à toute une série de guerres. Il en résulte une crise économique mondiale et une catastrophe économique européenne qui menace de dépasser tout ce que nous connaissons. Et cela uniquement pour que Goldmann Sachs et d’autres banques puissent, dans leur avidité sans limites, ajouter quelques zéros au chiffre de leur fortune amassée illégalement. Et l’on prépare déjà la prochaine intervention de l’OTAN, cette fois en Somalie.
L’Europe n’a-t-elle rien d’autre à faire? Au lieu de préparer la guerre, ne ferait-elle pas mieux de réfléchir honnêtement au problème de la guerre et de ses conséquences?
Le texte que nous reproduisons ci-après, dû à la plume de Jean Rodolphe von Salis, date de 1945. Il nous rappelle avec force ce que la guerre signifie pour ses victimes: effondrement psychique, désespoir, sentiment d’avoir été trompé sur toute la ligne. Et cela pas seulement dans le camp de ceux qui ont été agressés. En effet, le boomerang lancé par l’agresseur revient détruire ses villes avec une force décuplée. A nous qui sommes nés après la guerre, von Salis fait comprendre qu’une guerre renverse toutes choses: «Celui qui était puissant est condamné à l’impuissance, celui qui était opprimé et souffrait est maintenant le maître.» Pour von Salis, les guerres d’agression sont toujours un crime et on ne peut jamais les planifier et encore moins les limiter. Pour parler comme le grand dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt, elles tournent toujours à la catastrophe, et cela également pour les agresseurs. Le poète baroque Andreas Gryphius dans son poème «Les larmes de la patrie», Heinrich von Kleist dans sa magistrale nouvelle «la Marquise d’O …» et beaucoup d’autres écrivains ont constaté, après des guerres dévastatrices comme celle de Trente Ans ou celles de Napoléon et bien d’autres, que la guerre ne peut jamais être justifiée car elle obéit toujours à des mobiles inhumains et entraîne des actes inhumains. La jeunesse d’Europe occidentale très instruite, bien nourrie et disposant de tout le nécessaire feraient bien, dans l’esprit des Lumières et de l’idéal humaniste du classicisme allemand, de s’engager, avec l’aide d’aînés pondérés, dans une politique axée sur l’honnêteté et la dignité humaine. Le monde nous regarde, ce monde devenu multipolaire qui aime à s’inspirer des valeurs occidentales dans la mesure où elles sont honnêtes et universelles, comme Kishore Mahbubani l’a affirmé à plusieurs reprises. Pour éviter que le boomerang ne revienne nous frapper, il n’y a qu’une chose à faire: ne pas commencer par le lancer. Tel est le testament spirituel laissé par J. R. von Salis.

Avec l’Armée française «Rhin et Danube» en avril 1945

par J.R. von Salis

Avant son avancée vers le lac de Constance, vers le réduit alpin et sa participation à la victoire totale des armées alliées en Allemagne et en Autriche, la 1re Armée française a dû, de même que les Américains et les Anglais dans d’autres secteurs du front, livrer de durs combats. Il est manifeste que les Allemands avaient espéré priver l’adversaire des fruits de son passage du Rhin au moyen d’un «accueil chaud» et que partout, de la frontière hollandaise au Bade et au Wurtemberg, l’armée allemande et les dirigeants du Parti, malgré les revers essuyés auparavant, ont été surpris par la violence et le succès de l’offensive alliée. Aussi invraisemblable que cela paraisse maintenant au vu de la ruine du Troisième Reich, l’effet de surprise a joué un rôle important dans l’offensive allemande des Alliés et tout ce qu’on voyait témoignait de la surprise et du trouble causé par l’entrée réussie de l’ennemi dans la région située à l’est du Rhin.
La population civile ne s’y attendait vraisemblablement pas et l’apparition subite des Français dans les vallées de la Forêt-Noire, dans les petites villes situées au bord du Neckar et du Haut Danube a stupéfié, déconcerté et consterné les habitants. De nombreux habitants du Bade et du Wurtemberg espéraient sans doute que les troupes allemandes se retireraient en ordre rangé dans le réduit alpin pour y tenir tête à l’ennemi. Mais lorsque les cortèges interminables de prisonniers de guerre allemands dans un état lamentable ont été conduits, à travers villes et villages, dans les camps qui avaient abrité les prisonniers de guerre alliés, le peuple a perdu ses derniers espoirs et ses dernières illusions.

Un peuple auquel on avait appris l’hypocrisie

Plus tard, d’autres réactions pourront se manifester dans la population de l’Allemagne occupée, mais pour le moment, on a l’impression d’un total effondrement psychique et d’un profond désespoir. Tout était trompeur: les Allemands avaient été trompés sur toute la ligne. Dans les régions les plus au sud, du Danube à la frontière suisse, les Français ont, dans certains endroits, été accueillis avec amabilité et à Constance même avec joie. Il est possible qu’en beaucoup d’endroits, on soit soulagé que les bombardements aient cessé et à Stuttgart, un passant, un homme simple, âgé, nous a dit que c’était bien qu’on puisse de nouveau dire ce qu’on pensait sans se sentir espionné et en danger de mort pour un mot de travers: «Les nazis ont fait de nous un peuple d’hypocrites et il est grand temps que nous puissions de nouveau dire ce que nous pensons.» D’un autre côté, le sentiment dominant est une méfiance à l’égard de la nouveauté, de l’inconnu, en un mot de l’occupation par des troupes étrangères. A cela s’ajoute une incertitude totale quant à l’avenir du pays. Les Allemands sont accablés, anxieux, mais aimables, prêts à nous rendre service, à nous renseigner scrupuleusement, à obéir avec discipline et ponctualité aux ordres de l’occupant, à travailler avec sérieux quand un commandant de place réquisitionne des hommes, à respecter strictement les interdictions de sorties ou d’autres ordres. Les Français se sont trouvés en présence d’un peuple qui, malgré sa défaite et sa déception, était resté discipliné, travailleur et convenable, ce qui a grandement facilité les rudes tâches des autorités d’occupation. Partout, les autorités locales et les autorités militaires françaises ont jusqu’ici collaboré sans difficultés.

La guerre entraîne un renversement de toutes choses

Aujourd’hui, l’Europe assiste au renversement de toutes choses: celui qui était puissant est condamné à l’impuissance, celui qui était opprimé et souffrait est maintenant le maître. Il existe en Allemagne deux sortes d’individus heureux: les soldats des armées victorieuses qui, auréolés de gloire militaire, sont récompensés pour les combats ponctués de sérieux revers qu’ils ont livrés pendant plusieurs années, et les travailleurs forcés étrangers, les déportés et les prisonniers de guerre dont l’esclavage a pris fin: avec la défaite de l’Allemagne, ils ont re­couvré la liberté et un nouvel espoir. Le régime nazi vaincu a contracté une lourde dette envers le peuple allemand en abandonnant sans protection la population civile: femmes, vieillards, enfants et travailleurs étrangers. Lorsque la Wehrmacht s’est retirée de Stuttgart, un officier supérieur français a déclaré avoir assisté à un «soulèvement d’esclaves». Des étrangers affamés, vêtus de haillons, travaillant et vivant dans des conditions oppressantes, retrouvaient soudain la liberté, voulaient pouvoir manger à leur faim et se vêtir convenablement. Il y avait partout de ces travailleurs forcés étrangers et des déportés. Ils devaient être extrêmement nombreux car c’est surtout eux qu’on voyait dans les rues des villes et des villages d’Alle­magne du Sud. En outre, les prisonniers des stalags savouraient leur liberté retrouvée tout comme les prisonniers qui n’étaient pas internés dans des camps mais étaient affectés au travail obligatoire chez des paysans ou dans des entreprises.

Des gens arrachés à leur pays natal

La tâche des autorités françaises d’occupation n’était pas facile car il s’agissait de canaliser ces flux, de regrouper les prisonniers et les esclaves libérés, de leur rendre justice, de prévenir les désordres et les débordements ou d’y mettre fin là où ils s’étaient produits. Dans un pays où aucun train ne circule plus, ne peut plus circuler parce que les Allemands, dans leur rigueur et leur minutie sans égales, ont mis hors d’usage la totalité de leur réseau ferroviaire après que les bombes anglo-saxonnes eurent depuis longtemps détruit de nombreuses gares et de nombreux ponts importants et où le réseau routier est encombré par les véhicules d’une armée en guerre, le transport des prisonniers libérés et des déportés occasionne toutes sortes de difficultés.
On les rencontre dans tout le pays, dans les villages de la Forêt-Noire, dans le Jura souabe, sur toutes les routes alors qu’ils s’apprêtent à quitter par petits groupes ce pays inhospitalier, portant quelques affaires et tirant souvent une charrette. Les plus nombreux sont les Français, qui ne sont pas loin de l’Alsace. Mais il y a également beaucoup de Russes qui ne se laissent pas rebuter par la perspective d’un long déplacement en direction du nord. On reconnaît ces étrangers aux rubans aux couleurs nationales qu’ils portent au revers de leurs vestes. La plupart sont encore dans les localités où ils étaient internés et attendent qu’on les transporte. Nous avons rencontré énormément de Hollandais. Parmi ces déportés, le nombre des enfants de tous âges est étonnamment élevé. De jeunes Russes de dix-douze ans traînent dans les rues et constituent avec leurs compagnons d’infortune un bon public pour les militaires français qui défilent. Un dimanche matin, alors que nous attendions à l’orée d’une forêt du Jura souabe que notre voiture soit réparée, un père polonais s’est approché, tenant ses deux petites filles à la main, et nous a expliqué dans un allemand maladroit qu’il revenait de la messe. Cela doit être un sentiment inouï, après cinq ans de captivité et d’humiliation, que de pouvoir traverser champs et forêts pour se rendre avec ses enfants à l’église du village le plus proche et de jouir de la liberté re­trouvée. Rapidement, les Français ont organisé des «centres d’accueil» pour les prisonniers et les travailleurs forcés libérés où ils peuvent manger, boire du café et dormir. A Spire, nous les avons rencontrés au milieu de l’après-midi dans un café réquisitionné à cet effet où l’orchestre allemand joue pour ces gens qui ne sont pas tous joyeux car ils ont trop souffert et ne savent pas si, à la maison, leurs proches sont encore en vie et si leur ville ou leur village a été épargné par les bombes. Buvant leur café, des vieillards côtoient de jeunes garçons. Quelle rage funeste a causé tout ce malheur, ar­raché tous ces gens à leur pays natal, les a chassés de par le monde, les faisant atterrir dans des petites villes allemandes et former des espèces de tours de Babel où personne ne comprend la langue de l’autre et où une armée française doit venir mettre de l’ordre et faire en sorte de ramener ces malheureux dans leur pays.

La guerre est un effroyable boomerang

L’effroyable boomerang qu’Hitler et Göring ont lancé il y a cinq ans dans le ciel européen lorsqu’ils ont voulu «rayer de la carte» des villes étrangères avec leur armée de l’air est revenu après son vol dévastateur et a frappé les villes allemandes avec une force mille fois supérieure. Le spectacle de ces villes autrefois florissantes est désolant et bouleversant. Personne ne peut, devant ces jouets géants démolis, incendiés, brisés, broyés, tordus qui forment un fouillis inextricable, parvenir à un jugement équilibré, tant on est sous l’emprise de sentiments contradictoires. On voit des lilas et des genêts en fleurs et même dans les jardins de maisons détruites, des tulipes et d’autres fleurs qui, malgré tout, exposent leurs couleurs fraîches sous le soleil printanier; les arbres et les arbustes déploient avec impatience leur feuillage et témoignent du triomphe de la nature sur le récent ouvrage destructeur des hommes. Stuttgart est en ruine. Seuls les quartiers résidentiels situés sur les collines alentour sont intacts. La gare, dont la façade est encore noire de fumée, offre à la vue un désordre chaotique de ferraille tordue. L’Hôtel Marquardt a complètement brûlé, le château royal n’est plus qu’une façade rococo. A côté, le bâtiment imposant qui abritait le Centre pour la propagande à l’étranger du parti nazi est également à moitié détruit: Stuttgart était en effet la capitale de la promotion de la «germanité à l’étranger».

Accents de la Marseillaise à Stuttgart

A proximité de la Hauptstrasse, un bataillon d’infanterie français a pris place en vue d’une remise de drapeau. Il s’agit d’anciens F.F.I. qui s’étaient engagés volontairement pour deux ans, qui ont reçu une formation militaire et fait leurs premières expériences dans une campagne militaire et qui ont été admis en tant qu’unité régulière dans l’Armée française. L’Armée française d’Allemagne du Sud devrait maintenant avoir accueilli un à deux régiments de FFI. (Les officiers du maquis qui voulaient entrer dans l’Armée ont reçu une formation de cadres et les autres cadres de ces nouvelles unités ont une formation d’officiers de carrière.) Ces très jeunes soldats parfaitement alignés qui portent des uniformes kaki seyants et des jambières blanches, présentent les armes devant le drapeau du régiment tandis que les accents de la Marseillaise retentissent dans la ville en ruines. Des travailleurs forcés étrangers, quelques autochtones – personnes âgées, jeunes filles et enfants pâles – contemplent fascinés ce spectacle contrasté. Le bataillon marche le long de la Haupt­strasse, musique en tête, en direction du château. C’est devant sa façade trouée, avec ses restes d’ornements, qu’a lieu le premier défilé d’un régiment français dans la capitale conquise du Wurtemberg. La bataille de Stuttgart entrera peut-être dans l’histoire militaire comme un exemple d’opération de guerre de mouvement moderne parfaitement menée. Le 30 mars, lorsque les unités commandées par de Lattre ont traversé le Rhin de nuit entre Spire et Germersheim, elles ont trouvé, après la dépression de Pforzheim, devant Stuttgart, quatre divisions allemandes qui s’attendaient à un assaut frontal de l’ennemi. De Lattre n’a laissé que peu de troupes à l’ouest de Stuttgart et a envoyé une division blindée vers le sud à travers la Forêt-Noire où les Allemands considéraient une attaque comme improbable en raison de la nature du terrain. Près de Freudenstadt où ont eu lieu de violents combats, la division blindée a obliqué vers le nord-ouest et est arrivée au sud de Stuttgart. Menacés dans leur dos, attaqués par l’avant par des troupes venant de la direction de Pforzheim, les défenseurs de Stuttgart étaient déconcertés et ont dû abandonner la ville aux Français le 21 avril. Au même moment, des troupes françaises venant de Karlsruhe (qui était tombée dès le 4 avril aux mains des Français) avançaient vers le sud sur la rive droite du Rhin. A Rastatt, nous avons vu les traces de rudes combats. A la gare était accrochée une banderole déchirée mais encore lisible sur laquelle on pouvait lire «Victoire allemande ou chaos bolchévique». Ces troupes se sont ensuite emparées de Kehl et après qu’elles eurent passé au peigne fin les hauteurs de la Forêt-Noire, toute menace sur Strasbourg en provenance du Bade a été éliminée. En plus de l’unité qui avait mené l’assaut de Stuttgart, une autre unité a avancé depuis les environs de Freudenstadt vers le sud, en direction de la Suisse où elles ont coupé la retraite des éléments des quatre divisions allemandes qui se trouvaient au bord du Rhin et sur les contreforts méridionaux de la Forêt-Noire. Lors d’une tentative du général qui en avait le commandement de se joindre, grâce à une percée, au gros de l’Armée allemande qui se trouvait au bord du lac de Constance, ces quatre divisions – qui comptaient encore environ 12 000 hommes – ont été anéanties par l’aviation et l’artillerie motorisée françaises et le reste des troupes a été fait prisonnier. Seule la liquidation de ces poches ennemies de la Forêt-Noire a permis aux Français d’avancer, au cours de la dernière semaine d’avril, vers le lac de Constance. Mais avant, il avait fallu sécu­riser la ligne du Neckar et passer le Danube près de Donaueschingen et Sigmaringen tandis que des troupes françaises venues de Sigmaringen occupaient Ulm.

Mûrs pour la défaite totale

Voilà, schématiquement, comment s’est déroulée la campagne d’Allemagne du Sud qui a duré exactement quatre semaines. Elle a brisé la résistance de la Wehrmacht. La 19e Armée allemande et les deux corps d’armée qui lui avaient été adjoints au cours de la dernière phase mais auxquels manquait le soutien de l’armée de l’air étaient démembrés, partiellement anéantis et en grande partie réduits en captivité avec leurs généraux. Du côté français, les commandants de ces opérations étaient les généraux de Monsabert et Béthouart. De Lattre et ses collègues américains cherchaient à atteindre le réduit alpin le plus rapidement possible afin que l’adversaire ne puisse plus s’y défendre. C’est pourquoi les objectifs de la progression des troupes françaises étaient Feldkirch à l’ouest et Immen­stadt plus à l’est. Comme l’anéantissement de l’adversaire était déjà acquis avant qu’il ait le temps de se retirer en bon ordre dans les Alpes, les armées de Patch et de de Lattre ensuite ont pénétré dans le sud de la Bavière et en Autriche sans rencontrer de résistance. La Wehrmacht était mûre pour la défaite totale après qu’elle eut donné pendant des années à ses adversaires l’exemple de la guerre totale.
Lorsque dans la nuit du 29 avril nous sommes rentrés en Suisse par Constance, nous savions que la guerre s’achevait. Tout était quasiment terminé car il n’est pas possible qu’une armée puisse être plus complètement vaincue, un pays plus effondré que l’Allemagne et sa Wehrmacht. Il existe là-bas encore des villes intactes, comme Baden-Baden et Spire, il y a des petites villes, comme Sigmaringen et Tübingen qui n’ont pas ou guère souffert, il y a des villages intacts, des terres riches, des champs cultivés, de vastes forêts. Sur cette base et sous l’occupation étrangère, probablement encore longtemps sans Etat, mais modestement et avec assiduité, le peuple allemand va devoir se bâtir une nouvelle existence au cours de longues années.    •

Source: J. R. von Salis, Bei der Armee «Rhein und Donau» in: Kriege und Frieden in Europa. Politische Schriften und Reden 1938–1988, Orell Füssli, Zürich Wiesbaden, 1989, p. 79–85